Haute couture, rétro et visions

Published 06/07/2017 in Mode

Haute couture, rétro et visions
Lundi dans les coulisses du défilé de la Néerlandaise Iris van Herpen.

Mode

Les défilés qui viennent de s’achever à Paris ont souligné une féminité classique aux échos d’antan. Mais le vestiaire des super-riches a aussi fait l’objet de recherches pas dénuées d’audace ni de panache.

COMMANDE N° 2017-1006

Mardi, à l’occasion du défilé Ulyana Sergeenko. Photo Alexandra Catière pour Libération

La feuille de route de la haute couture, sport d’over-riches s’il en est, est assez simple : faire rêver la multitude à défaut de l’habiller. Travail artisanal qui ne compte pas ses heures, pièces reproduites sur mesure, matières somptueuses : on est là dans l’exceptionnel et cet hors-norme doit être palpable. Là où l’affaire se corse : la proposition doit éviter le côté muséal,impraticable, même pour les vies les plus coupées de la réalité. La session qui vient de se clore à Paris, et qui concernait l’automne-hiver 2017-2018, a fait émerger une approche qui devrait plaire à la France macronienne, cet Hexagone de la réconciliation, du «faisons du neuf avec l’ancien», de la décomplexion sans révolution : un goût pour le rétro, le classique, mais actualisé, épuré ou «pimpé».

Backstage du défilé Dior, lundi. Photo Alexandra Catière pour Libération

Chanel en fait la démonstration spectaculaire sous une réplique de la tour Eiffel, avec ses filles en canotiers et tailleurs de tweed qui s’arrêtent à mi-mollet, juste au-dessus de bottines à bouton. Plumes et broderies apportent un faste impeccablement dosé. Ulyana Sergeenko, poupée russe de 37 ans, socialite et épouse d’un oligarque, aime les élégantes et leur destine une belle garde-robe sur mesure, inspirée d’un film de gangsters des années 40 avec fourrures, dentelles et épaulettes. Entre portabilité et expérimentation, le Néerlandais Ronald van der Kemp a trouvé le bon équilibre en infusant une dose de fantaisie dans un vestiaire blindé de pièces désirables (longue robe en laine, pantalon patchwork, blouse bouffante…). Jean Paul Gaultier, lui, réjouit toujours avec son humour à faire avaler toutes les couleuvres, genre «même au ski, perchée sur des boots à plumes, tu peux être glamour et digne». Ses filles fuselées en fuseaux sont à tomber. Idem celles d’Azzedine Alaïa (qu’emmenait Naomi Campbell), flattées comme jamais par la sublime maille. Chez Margiela, Galliano fait aussi passer de la joie, dans la déstructuration, les découpes, l’effet mousse dans les cheveux. A l’extrême bout du spectre, l’expérimentatrice Iris van Herpen hypnotise avec un champ de sirènes, aussi technique que poétique.

Le défilé Jean Paul Gaultier, mercredi. Photo Alexandra Catière pour Libération

ParSabrina Champenois etElvire von Bardeleben

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