Tennis : Sara Errani suspendue deux mois après avoir mangé des tortellini

Published 07/08/2017 in Sports

Tennis : Sara Errani suspendue deux mois après avoir mangé des tortellini
L’Italienne Sara Errani à Roland-Garros, le 31 mai.

Dopage

L’Italienne a été sanctionnée après avoir été contrôlée positive à l’anastrozole, un médicament utilisé pour soigner certains cancers, a-t-on appris ce lundi. Elle n’a pas nié mais avancé une argumentation surprenante, à base de pâtes.

Sara Errani, finaliste à Roland-Garros en 2012, a été contrôlée positive le 16 février 2017 à l’anastrozole, un «stimulateur hormonal et métabolique» selon le Code mondial antidopage, a-t-on appris ce lundi via le quotidien Corriere Della Sera. Mise en accusation le 18 avril, la 98mondiale au classement WTA n’a pas nié les faits mais a demandé à s’expliquer devant un tribunal indépendant. Ce qui lui a été accordé. La joueuse italienne a donc pu témoigner, tout comme sa mère qui avance des raisons surprenantes à ce contrôle positif.

Une chute accidentelle dans le plat de pâtes

Fulvia Errani, la mère, explique ainsi lutter contre un cancer du sein depuis 2005. Devant le tribunal indépendant, elle a rapporté avoir subi deux rechutes, dont une violente en 2012, ce qui l’oblige à suivre un traitement régulier pour contrôler sa maladie. C’est pourquoi cette pharmacienne à mi-temps doit prendre quotidiennement une pilule de Femara (qui contient de l’anastrozole). Afin de ne pas l’oublier, elle place ses pilules à proximité de l’évier de cuisine «avec les papiers et les factures», apprend-on en lisant les attendus du jugement. Le 14 ou le 15 février dernier, alors que sa fille se trouvait au domicile familial sans être au courant du traitement de sa mère, Fulvia aurait accidentellement fait tomber une pilule alors «qu’elle préparait les tortellini et le bouillon». C’est donc totalement à l’insu de son plein gré que Sara Errani aurait ingurgité le produit dopant, qui peut avoir un effet anabolisant mineur et cacher l’absorption de testostérone, un produit beaucoup plus lourd.

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Ce scénario est apparu crédible aux yeux du tribunal. Même si le test n’a pas été réalisé en laboratoire, il a été démontré que le médicament pouvait se dissoudre aussi bien dans la viande que dans le liquide. Par ailleurs, le tribunal, qui valide le calendrier avancé, a souligné le fait qu’il s’agit du premier contrôle positif pour la joueuse après 23 tests urinaires en trois ans et 21 tests sanguins depuis 2012.

De la négligence, plus qu’une volonté de se doper

Trouvant les explications suffisamment convaincantes et s’appuyant sur un compte rendu scientifique qui juge la quantité prise trop réduite pour avérer une volonté claire de dopage, le tribunal a décidé de suspendre Sara Errani pour deux mois, alors qu’elle risquait théoriquement entre 2 et 4 ans de suspension, le tarif pour une première infraction. La sanction court du 3 août au 3 octobre. La joueuse perd également l’ensemble de ses points WTA glanés entre le 16 février (date du contrôle positif) et le 7 juin, date à laquelle l’Italienne s’est soumise à un nouveau contrôle qui s’est avéré négatif. Enfin, elle devra rembourser l’ensemble des gains remportés durant cette période.

En 2012, Sara Errani avait déjà été citée dans une affaire de dopage. C’était pendant l’US Open, et la presse avait évoqué ses relations avec un très sulfureux médecin espagnol, qui avait notamment travaillé avec Lance Armstrong avant d’être suspendu à vie, en 2012, par l’Agence américaine antidopage. Entre-temps, Luis Garcia del Moral avait travaillé dans une académie de tennis espagnole, où s’entraînait la joueuse italienne. «J’ai trouvé ça bizarre de le voir impliqué dans ces affaires. J’ai parlé avec la Fédération internationale et personne ne m’a interdit de continuer à le consulter, mais cela ne m’intéresse plus de travailler avec quelqu’un qui est dans ce genre d’affaires, s’était-elle justifiée, citée dans un article de l’Equipe sur les «liaisons dangereuses de Sara Errani». «C’était le meilleur médecin de Valence donc il était normal de travailler avec lui. Maintenant, je ne vais pas salir mon nom à cause de lui. Donc je pense que je ne vais plus collaborer avec lui.»

Même si le tennis demande puissance, endurance et explosivité (autant de qualités que la pharmacopée permet d’améliorer) et que l’argent y est omniprésent, les contrôles positifs y sont rares. Il faut moins y voir un supplément de vertu chez les joueurs ou joueuses par rapport à leurs collègues d’autres sports, qu’un manque de zèle (pour rester poli) de la Fédération internationale dans la chasse aux tricheurs.

ParNicolas Dhinaut

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