Crêpage de chignon entre rabatteurs

Published 08/08/2017 in Cinéma

Crêpage de chignon entre rabatteurs
«La Vie de Château», de Modi Barry et Cédric Ido.

Critique

«La Vie de Château» évoque de façon timide les magouilles qui fleurissent dans le quartier de Château d’Eau à Paris.

Le quartier de Château d’Eau à Paris (Xe) est un fief de la coiffure afro et des cosmétiques blacks. Un incroyable biotope professionnel en plein cœur de la capitale : on parle souvent d’économie informelle gangrenée par des réseaux mafieux de donneurs d’ordres qui domine un bassin de travailleurs sans papiers venus d’Afrique de l’Ouest, de Chine, etc., exploités du matin au soir. Faire une fiction de ce quartier en s’accrochant aux personnages des rabatteurs qui écument les trottoirs du boulevard de Strasbourg et les sorties de métro sur zone pour attirer les clientes dans les salons de coiffure est une idée séduisante. Il faut avouer que le résultat est décevant tant les deux auteurs, Modi Barry et Cédric Ido, regardent ces activités uniquement au prisme d’un pittoresque sympa de sitcom exotique. Charles, chef d’une troupe de rabatteurs, rêve de s’acheter une boutique pour ouvrir son propre salon, mais son style de sapeur opère moins sur les nouveaux loups du secteur qui essaient de s’imposer.

La gentrification de cette partie du Xe arrondissement est évoquée mais guère filmée – les états d’âme des rabatteurs, souvent gênés d’importuner les femmes dans la rue toute la journée pour ne pas même gagner 50 euros ne semblent pas un sujet – la mainmise des gros patrons, souvent inaccessibles et retors, sur le business n’apparaît pas non plus. Il s’agit de rester bon esprit, ce qu’on peut comprendre, mais c’est quand même un peu au prix d’un minimum d’effort de lucidité véritablement descriptive.

ParDidier Péron

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