La Coupe Davis relookée ne fait pas l’unanimité

Published 27/02/2018 in Sports

La Coupe Davis relookée ne fait pas l’unanimité
La coupe Davis, soulevée par l’équipe de France, le 26 novembre à Lille.

Tennis

La décision de la Fédération internationale divise le monde du tennis.

La Coupe Davis est morte, vive la Coupe du monde. Le projet présenté lundi par le président américain de la Fédération internationale de tennis (FIT), David Haggerty, de révolutionner l’épreuve plus que centenaire, divise. Il prévoit un tournoi à 18 équipes réparties en six poules de trois dont émergeront huit quarts-de-finaliste.  Le tout, concentré en sept jours, en un seul endroit, et richement doté grâce aux dollars apportés par Rakuten, l’Amazon japonais. Les puristes, accros aux ambiances de feu et aux cinquièmes matchs thriller s’étouffent. Que pèseront leurs protestations face à l’argent ? D’autant que le footballeur Gérard Piqué (Barcelone), à l’origine de l’idée, pas encore retraité mais qui a déjà un crampon dans son après-carrière de businessman, peut compter sur le soutien de Djokovic et Nadal. Ce dernier s’est réjoui de ce changement de format, qualifiant l’idée de «bonne initiative».

Côté français, un son de cloche tout autre résonne. Nicolas Mahut, Paul-Henri Mathieu ou encore Amélie Mauresmo se sont empressés de réagir en défaveur du projet. La championne française se fendant d’un message en anglais sur son compte Twitter : «Tout le monde a demandé à la Fédération internationale de tennis une évolution du format de la Coupe Davis et ils reviennent avec une condamnation à mort. L’esprit de la Coupe Davis va totalement disparaître avec cette seule semaine de compétition en novembre.»

Interrogé par l’Equipe, Paul-Henri Mathieu reproche à la FIT de vouloir dénaturer la Coupe Davis tout en gardant le nom : «L’essence même de la Coupe Davis, c’était de jouer à domicile ou à l’extérieur, vivre des moments intenses, forts, indescriptibles. Si on regroupe tout sur une semaine […], c’est la fin de la compétition.» Vainqueur de la compétition l’an dernier, Nicolas Mahut en rajoute une couche : «On vient de tuer la Coupe Davis. C’est la compétition la plus ancienne de notre sport avec les Grands Chelems, non ? On est en train de toucher à ce qui fait l’histoire de notre jeu […]. J’étais le premier à dire qu’il fallait la réformer, mais pas la détruire […]. En tant qu’amoureux de cette compétition, je ne peux soutenir cette réforme. Toutes les vocations que la Coupe Davis a créées… ! Tous ceux qui ont voulu se mettre à jouer pour ça ! Une finale Croatie-Argentine à Pékin, quelle passion ça va déchaîner ?» tempête Nicolas Mahut dans l’Equipe. Qui a recensé quelques prises de position : ainsi, les ex-joueurs américains Andy Roddick et Mardy Fish sont pour, l’Autrichien Jürgen Melzer très opposé.

Triste, Yannick Noah s’est même s’excusé sur son compte Twitter auprès du regretté Dwight Davis, inventeur du tournoi en 1900.

 

Guy Forget, vainqueur de la 9ème Coupe Davis française en 1991, tombait lui aussi des nues : « On change complètement l’esprit, les règles, ça fait bizarre », a réagi sur franceinfo le directeur du tournoi Roland Garros. Selon lui, «certains joueurs sont responsables, soit de ne pas l’avoir jouée, soit de ne pas l’avoir soutenue. Il y a des responsables aussi au niveau des dirigeants ». L’ancien capitaine des Bleus a qualifié cette compétition de “malade” et regrette déjà : ” Cette formule va se perdre. On touche à l’essence-même de la Coupe Davis “

Initialement contre la réfome car déçu de ne plus pouvoir profiter de l’ambiance des supporters belges à domicile, le tennisman belge David Goffin s’est ensuite ravisé pour se déclarer favorable au nouveau système bientôt en vigueur par la voix d’André Stein, le président de la fédération belge de tennis : “Pour les joueurs, c’est peut-être un avantage de ne consacrer qu’une semaine par an à cette compétition au lieu de quatre semaines dans la formule actuelle”. Le président de la fédération belge de tennis précise qu’ils vont réfléchir à une formule dans laquelle “nos supporters pourront encore voir leur équipe nationale tout en permettant aux joueurs d’y consacrer moins de temps”.

Lionel Ollinger, président de la ligue Grand Est de tennis et membre du conseil supérieur du tennis à la FFT, s’est insurgé de la décision prise et en a appelé au président de la Fédération française sur Twitter :

(chairman : patron de la Coupe Davis à la FIT)

Précisons que Bernard Giudicelli fait partie du board de la FIT qui a adopté ce projet à l’unanimité… L’Equipe rappelle cruellement les propos que Giudicelli tenait il y a quelques mois : «Je ne souhaitais pas aboutir à un concept mortifère, comme une finale neutre ou même une épreuve regroupée sur une courte période. Nous devons veiller à ne pas couper le lien entre cette épreuve et son public.»

ParSacha Tavolieri

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