La Coupe Davis à la veille d’une révolution

Published 15/08/2018 in Sports

La Coupe Davis à la veille d’une révolution
L’équipe de France de Coupe Davis et son capitaine, Yannick Noah, après la victoire en finale, le 26 novembre 2017 à Villeneuve d’Ascq (Nord).

Tennis

Ce jeudi, l’assemblée générale de la Fédération internationale de tennis, réunie à Orlando (Floride) pourrait adopter une nouvelle formule de la compétition. La nouvelle épreuve n’aurait pas grand-chose à voir avec l’ancienne.

C’est le sort d’une compétition vieille de 118 ans qui est en jeu. La Coupe Davis pourrait connaître une transformation majeure si sa réforme est approuvée jeudi, lors de l’assemblée générale de la Fédération internationale de tennis (ITF), à Orlando en Floride. L’objectif ? Rendre cette compétition de nouveau attractive pour les meilleurs joueurs qui ont tendance à la déserter une fois qu’ils l’ont remportée, à l’image de Roger Federer. Selon Bernard Giudicelli, le président de la Fédération française de tennis (FFT), qui présente le projet avec l’ITF, ils n’étaient «que 47% du Top 10 à la jouer en 2017». Et quoi de plus efficace que l’argent pour attirer les joueurs ? Décryptage.

La Coupe Davis deviendrait une Coupe du monde

La compétition se résumerait à une phase finale réunissant dix-huit équipes pendant une semaine au mois de novembre et dans une seule ville. Jusqu’ici, elle se déroulait sur quatre week-ends prolongés (premier tour, quarts, demies, finale) répartis tout au long de l’année avec des rencontres domicile/extérieur. Le calendrier s’en verrait largement allégé. Pour participer à cette nouvelle version, plusieurs possibilités : faire partie des quatre demi-finalistes de l’édition précédente ou des deux nations invitées chaque année, ou se qualifier à l’issue d’un premier tour opposant 24 pays et disputé selon le modèle historique (quatre simples et un double au meilleur des trois sets).

Les rencontres se disputeraient en deux simples et un double (au meilleur des deux manches) sur une journée. Fini donc les marathons en cinq sets et les cinquièmes matchs irrespirables.

Les revenus alloués aux participants s’envoleraient : 17 millions d’euros à répartir entre les joueurs pour chaque édition. A cela s’ajoutent 19 millions d’euros reversés à chaque fédération. Rien à voir avec les 560 000 euros donnés au pays vainqueurs actuellement. Cette manne financière est apportée par le groupe d’investissement Kosmos, présidé par le footballeur de Barcelone Gerard Piqué, qui a signé avec l’ITF un contrat de 2,5 milliards d’euros sur vingt-cinq ans.

Les joueurs pourraient, de nouveau, remporter des points ATP grâce à la Coupe Davis. Ce n’était plus le cas depuis 2015.

«Transaction financière»

Des réformes qui n’ont pas manqué de faire réagir les acteurs du tennis. A commencer par Yannick Noah, capitaine actuel de l’équipe de France et vainqueur à trois reprises du saladier d’argent. Le 26 février, il a posté un message sur son compte twitter :

L’ancien tennisman n’est pas du tout sur la même longueur d’onde que sa fédération. En effet, l’organisation a officiellement apporté son appui à cette nouvelle formule. A l’inverse, l’Australie déplore que cette nouvelle formule «enlève à la Coupe Davis tout ce qui en fait un événement unique et spécial». La dernière offensive en date contre la réforme vient de grands noms du tennis australien, de Rod Laver à Lleyton Hewitt. «Vous ne pouvez pas appeler ça la Coupe Davis. […] C’est une transaction financière. Il n’est question que d’argent, pas de représenter son pays, ça n’a aucun sens», assène Hewitt.

Un conflit ITF-ATP

Mais parallèlement au projet de l’ITF, l’association des joueurs de tennis professionnels (ATP) a ressorti de ses cartons la World Team Cup, une Coupe des nations qui avait été organisée de 1978 à 2012, avec l’ambition de la relancer début janvier 2020. Sachant que la première édition de la Coupe Davis nouvelle formule serait programmée en novembre dès 2019, les joueurs devraient donc raccourcir leurs vacances pour disputer les deux. Ou bien, opter pour l’une au détriment de l’autre. L’avenir de la Coupe Davis, vénérable compétition créée en 1900, n’en est que plus menacé.

Mais rien n’est encore fait. Pour qu’elle soit adoptée, il faut que 2/3 des votants se prononcent en faveur de cette proposition. La France, l’Australie, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l’Allemagne, considérés comme des pays majeurs, ont plus de poids dans les suffrages. A l’approche du vote, l’organisation se veut «confiante» et «optimiste», forte du «soutien total» à son projet apporté dernièrement par trois des quatre tournois du Grand Chelem, Roland-Garros, Wimbledon et l’US Open. Réponse définitive ce jeudi, donc.

ParRyad Maouche

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