Handball : Saint-Raphaël, finies les places d’honneurs ?

Published 01/09/2018 in Sports

Handball : Saint-Raphaël, finies les places d’honneurs ?
Xavier Barachet, arrière-droit de Saint-Raphaël, le 20 mai à Magdebourg.

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Le club varois tentera cet après-midi (16 heures) de remporter son premier Trophée des champions face à Montpellier, tombeur de Nantes, après avoir remporté la veille, et contre toute attente, sa demi-finale face au Paris Saint-Germain (26-25). De bonne augure pour la saison, où les Raphaëlois tenteront de combler sur le terrain l’écart de budget qui les sépare des trois «gros» qui dominent la discipline sans partage.

Samedi en demi-finale du Trophée des champions (1), le Saint-Raphaël Var Handball (SRVHB) a créé la surprise en sortant le Paris SG dans les derniers instants de la rencontre, pour son premier match officiel de la saison. Menant 25-21 à la 56e minute, les quadruples champions de France en titre parisiens semblaient se diriger vers une victoire aisée. Mais tout s’est déréglé et les Varois ont enchaîné cinq buts en moins de cinq minutes, le dernier par Raphaël Caucheteux (son sixième au total) à la sirène. Les Raphaëlois, quatrièmes du dernier championnat, ont eu le mérite de ne jamais renoncer. «Ça révèle notre état d’esprit depuis le début de la préparation», glissait l’international Adrien Dipanda, reconnaissant avoir réussi un «hold-up». Saint-Raphaël ayant disputé la rencontre avec un effectif diminué de trois joueurs à cause d’un problème administratif, cette victoire inespérée montre qu’il faudra compter encore compter sur les Varois lors de l’exercice 2018-2019.

Jamais classé au-delà de la sixième place, le SRVHB s’est imposé comme un club de haut de tableau depuis son retour dans l’élite du handball français en 2007. Et la réussite des Varois n’est pas uniquement nationale : l’an dernier, les hommes de Joël da Silva se sont hissés en finale de la coupe EHF, la petite sœur de la Ligue des champions, une compétition de plus en plus relevée. 

Seulement voilà, depuis quelques années maintenant, trois clubs dominent le handball hexagonal, ne laissant que les places d’honneur aux autres équipes. «Paris, Montpellier et Nantes ont un train d’avance sur nous, on peut rivaliser sur un match mais sur une saison c’est beaucoup plus compliqué», constate Jean-François Krakowski, président du club. Raphaël Caucheteux, joueur le plus capé du club avec 285 matchs disputés sous les couleurs jaune et bleu semble, lui aussi, très lucide : «Quatrième, c’est notre place, nous avons fini deuxième lors de la saison 2015-2016 mais c’était un exploit.»

Un budget très modeste

Mais alors, que manque-t-il au club pour rivaliser avec les trois «gros» ? La réponse du président est simple : «Il faudrait un million de plus dans notre budget.» Si le club était le cinquième budget de la Lidl Starligue l’année dernière avec 4,18 millions d’euros, il se situait de très peu au-dessus du budget moyen (hors Paris Saint-Germain) des clubs du championnat (4,03 millions). Parmi les 14 équipes, six possédaient un budget compris entre 3,32 et 4,18 millions. Le Handball Club de Nantes atteignait un budget de 5,96 millions d’euros, bien au-dessus de la moyenne mais loin des deux premières places occupées par Montpellier avec 7,52 millions et le Paris Saint-Germain Handball qui étouffe la concurrence avec 17,70 millions d’euros de budget annuel… À titre de comparaison, c’est le club de Kiel, en Allemagne, qui détenait le deuxième budget d’Europe avec environ 9,5 millions.

«Notre budget provient de quatre sources différentes : la communauté d’agglomération, le département et la région nous donnent environ 2 millions, les partenaires privés 1 million et demi, et enfin la billetterie et les droits télé qui nous rapportent approximativement 200 000 euros chacun», dévoile Jean-François Krakowski. «Montpellier et le “H” ont des partenaires privés nationaux, nous avons des partenaires locaux. Et ce sont des villes étudiantes, la billetterie marche bien ! La plupart des matchs se jouent à guichets fermés», complète Raphaël Caucheteux. Quant à Paris, leur gargantuesque budget est le fruit de leur rachat en 2012 par Qatar Sports Investments (QSI).

L’exigence financière du haut niveau

Et cet écart de budget se ressent directement sur le plan sportif : «Nous avons un bon sept majeur [les 7 joueurs qui commencent la rencontre, ndlr] alimenté par le centre de formation, mais des équipes comme Paris ont dans leur effectif deux sept majeurs de très grande qualité. Pour tenir une saison où l’on joue parfois tous les trois jours, c’est plus simple», souligne l’ailier gauche aux 1400 buts sous le maillot varois. Avec les contrats mirobolants proposés par le PSG, attirer des très bons joueurs devient aussi compliqué et le recrutement doit être fait dans la plus grande minutie comme le confie l’entraîneur Joël da Silva : «On a moins de choix dans le recrutement et surtout moins le droit à l’erreur. Le retour sur investissement doit être maximum. On doit être compétitif avec peu d’argent.» Phobie des entraîneurs, les blessures sont aussi plus faciles à pallier avec un collectif plus étoffé. L’année dernière, l’absence de l’Expert Xavier Barachet pendant six mois puis celle d’Alexandru Simicu ont fait beaucoup de mal aux Raphaëlois.

Dans l’optique de combler ces écarts financiers, le club varois prévoit d’engager un commercial l’année prochaine dans le but de trouver d’autres partenaires, à l’échelle nationale. L’objectif du président est d’accélérer la croissance du budget, actuellement d’environ 150 000 euros par an, et d’atteindre les 5 millions d’euros annuels d’ici trois ans.

Loin de s’apitoyer sur ces considérations financières, le club a tout de même des objectifs ambitieux pour la saison à venir. Sachant que le titre de champion semble difficilement atteignable, l’un des buts du club est de remporter une coupe (nationale ou européenne avec la coupe EHF) cette année. Depuis quelques saisons, le club multiplie les demi-finales et les finales sans n’avoir encore pu soulever un trophée. Le trophée des champions n’est donc pas seulement un moyen de se tester face aux «gros» de l’élite. Il représente la première occasion pour le SRVHB d’inscrire son nom au palmarès de cette saison 2018-2019. Une occasion à saisir cet après-midi contre Montpellier (coup d’envoi à 16 heures).

(1) Le Trophée des champions est un tournoi qui oppose le vainqueur du championnat de France et son dauphin, et les lauréats de la Coupe de la ligue et de la Coupe de France de la saison précédente. Cette année, comme le Paris Saint-Germain a gagné ces trois compétitions lors de la saison 2017-18, il était opposé aux trois autres équipes les mieux classées du dernier championnat, à savoir Montpellier, Nantes et Saint-Raphaël. La compétition se déroule sous le format «final four», c’est-à-dire sur un week-end avec les deux demi-finales le samedi (Paris-Saint-Raphaël et Montpellier-Nantes) et la finale le dimanche.

ParDonovan Thiebaud

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