De Tommy Genesis aux Beatles, cinq sons de sortie ce vendredi

Published 09/11/2018 in Musique

De Tommy Genesis aux Beatles, cinq sons de sortie ce vendredi

Dans les bacs

The Beatles, J Mascis, Michele Mercure, Nemanja Radulovic, Tommy Genesis : ça sort aujourd’hui et c’est à écouter avec ou sans modération.

Celui à écouter en s’enfonçant un clou rouillé dans la cuisse

Tommy Genesis, Tommy Genesis (Downtown Records)

Déboulée en 2015 avec World Vision, mixtape remarquable de sexiness et de méchanceté, la Canadienne Genesis Mohanraj évolue depuis dans une zone étrange d’entertainment, entre les pubs Calvin Klein (elle est aussi mannequin) et les bas-fonds de la trap bricolée (des concerts dans les locaux de webzines branchés ou d’antennes locales de Vice). Son premier album officiel et éponyme nous arrive enfin et il est excellent, venimeux, chargé en basses beaucoup plus qu’en sucre. Aussi, il ne devrait pas changer grand-chose au train-train du mainstream puisque les morceaux les plus doux à l’oreille sont les plus orduriers dans ce qu’ils racontent. Tant mieux, tant pis, Tommy Genesis reste promise à un bel avenir, sur papier glacé ou dans votre iPhone. O.L.

Celui à acheter pour faire ployer la troisième tablette de la Billy

The Beatles, White Album (éditions spéciales 50e anniversaire) (Apple)

Ne comptez pas sur nous pour vous faire le service avant-vente du machin. D’abord parce que vous en avez déjà trois éditions de trois époques différentes avec un sticker «édition définitive» collé dessus à la maison, ensuite parce qu’il en existe quatre versions différentes, enfin parce qu’il y a de grandes chances que vous ayez déjà épluché les listes des contenus pour décider laquelle allait creuser encore un peu plus votre découvert – sans doute la «super deluxe limited» avec 6 CD, un Blu-ray et un gros bouquin que vous n’ouvrirez jamais. On sait tout. On est en empathie totale. On a le même problème. O.L.

Celui à écouter pour chialer un bon coup en pensant aux abeilles qui disparaissent

J Mascis, Elastic Days (Sub Pop)

Qu’attendre d’un album solo de J Mascis en 2018 ? A peu près la même chose que d’un album de son groupe Dinosaur Jr. en 2017, avec un peu moins de solos de guitare, un peu plus d’émotions, et exactement la même quantité de voix qui flanche et fait vibrer le cœur directement. Les abeilles disparaissent mais les dinosaures de l’indie rock américain vieillissent bien, très bien. O.L.

Celui à écouter pour reconnecter avec le robot qui est en vous

Michele Mercure, Besides Herself (RVNG Intl.)

Rien de plus normal à ce que vous n’ayez jamais entendu parler de Michele Mercure puisque cette musicienne résidant à Harrisburg, en Pennsylvanie, a autoédité l’intégralité de sa musique en cassettes entre 1983 et 1990. A moins d’avoir été fervent lecteur de magazines spécialisés, il y a donc très peu de chances que la musique de l’Américaine soit arrivée jusqu’à vous avant la réédition de Eye Chant, son unique album sorti en vinyle sous le nom de Michele Musser en 1986 et réédité en 2017 par Freedom to Spend. Pour Beside Herself, RVNG Intl., qui a déjà permis la redécouverte d’artistes aussi précieux que K. Leimer ou Ariel Kalma, a réuni 19 extraits de sa discographie et c’est une nouvelle révélation. Admiratrice du pionnier allemand Conrad Schnitzler, équipée des inénarrables synthés, boîtes à rythmes et sampleurs mais aussi d’une basse fretless du plus bel effet, Michele Mercure produisait une musique autant influencée par la musique industrielle la plus sévère (Coil, Severed Heads) que l’ambient (Brian Eno), la musique de jeux vidéo alors en pleine explosion ou la pop synthétique la plus criarde et colorée. Une voix singulière de plus à ajouter à la longue liste des aventuriers des souterrains d’une décennie qui n’en finit plus d’être réévaluée – et réinventée. O.L.

Celui à écouter le cœur à 240 bpm en chevauchant les steppes du caucase serbe de la banlieue parisienne

Nemanja Radulovic, Baïka (Deutsche Grammophon)

Il y a longtemps qu’on n’avait pas parlé de Nemanja Radulovic, le violoniste à Dr. Martens et crinière. Il va bien ! Ce Serbe francophile passé par le CNSM de Paris nous revient avec sa spéciale : du crin, de la fougue et de la nostalgie, accompagné de Double Sens, une formation complice. L’affaire est entendue jusqu’à la moindre triple croche, Baika («conte», en serbe) nous plonge dans le fantasme d’un territoire caucaso-mitteleuropéen peinturluré par l’icône de la rebel attitude classique. Le Sheherazade de Rimsky-Korsakov est glissé dans les bagages, tout comme une pièce contemporaine d’Aleksandar Sedlar, mais c’est Khachaturian qui emporte le morceau. En trio pour piano et clarinette avec Andreas Ottensamer et Laure Favre-Kahn. Et en grande formation, à la sauce Bosphore du Borusan Istanbul Philharmonic Orchestra, pour le démentiel concerto pour violon en ré mineur de l’Arménien ! Fumant. La formation et Radulovic seront en concert à Paris, au Théâtre des Champs-Elysées, le 13 décembre. G.Ti.

ParGuillaume Tion etOlivier Lamm

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