Haute couture : Dior à tulle et à toi

Published 21/01/2019 in Mode

Haute couture : Dior à tulle et à toi
Paris, le 21 janvier 2019.

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Lundi ont débuté les défilés parisiens de haute couture, avec notamment une collection placée sous les signe du cirque chez Dior.

Après une semaine de prêt-à-porter masculin de haute volée, les défilés de haute couture printemps-été 2019 ont embrayé ce lundi à Paris. Difficile d’imaginer qu’ils feront preuve d’autant de diversité et d’adéquation avec l’époque tant leur clientèle est ontologiquement circonscrite (les people contraints au tapis rouge et les femmes blindées dont le style de vie implique des soirées où l’avalanche de froufrous n’est pas assimilée au déguisement). Il leur reste tout de même cette cartouche, pour avoir de la visibilité : être spectaculaires, refléter le travail d’artisanat dingue qui fait de cette production de niche une exception, une richesse patrimoniale incontestable. Donc en avant la dentelle, les broderies, les plumes, le travail d’orfèvre.

Le «gros» défilé du jour était pourvu par Dior, dans les jardins du musée Rodin comme habituellement. Le thème était le cirque comme attesté par le charmant chapiteau blanc dressé au fond. Christian Dior lui-même aimait s’y rendre et John Galliano s’en est également inspiré, comme pléthore d’autres créateurs (Picasso, Satie, Diaghilev, Cocteau mais aussi Fellini) rappelle le livret qui accompagne l’affaire. Maria Grazia Chiuri, aux manettes des lignes femme de la maison depuis 2016, entre en piste en solide compagnie : les acrobates de la compagnie de cirque féminine Mimbre qui enchaînent les portés tout en force, impressionnants, tout le long du défilé.

C’est de fait une constante, la créatrice italienne affectionne le sport. L’escrime comme la danse ont déjà été ses sources d’inspiration. Mais ce n’est pas le corps athlétique qu’on retrouve dans ses collections et cette fois encore (mais comme dans la plupart des défilés), ce sont 68 sylphides-ballerines, comme de cristal, qui constituaient sa «parade» aux échos d’Arlequin, de clown, de dompteur. Très belle idée : le néo-bonnet de bain scintillant qui a un charme cinématographique. Le vestiaire lui-même est d’une délicatesse surannée. Elle atteste le travail incroyable des ateliers, sur des matières aussi délicates que la georgette, le tulle, la mousseline de soie, mais on aimerait la voir par endroits traversée d’embardées d’énergie moins contrôlée. Sortir de la joliesse en somme pour dégager cette force que Maria Grazia Chiuri, féministe revendiquée, prête à ses semblables. On la trouve très rarement, par exemple dans une robe colonne de laine frangée noire, ou un ensemble chemise ivoire à plastron brodé sur pantalon noir bouffant. Limpides, évidents.

ParSabrina Champenois

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