Volkswagen : Merkel rassure, les écologistes veulent une enquête

Published 04/10/2015 in Économie

Un véhicule Volkswagen, à Duesseldorf (Allemagne), le 28 septembre.

Plein pot

Plusieurs dirigeants européens se sont exprimés dans les médias, ce dimanche, sur le «dieselgate». Une pétition lancée par EE-LV demande à Bruxelles de lancer une investigation.

«Nous ferons tout pour regagner votre confiance.» Secoué par le scandale des moteurs truqués, Volkswagen s’est excusé dans une sobre publicité, d’une page, publiée ce dimanche dans plusieurs journaux allemands. Puisque toute notre économie repose sur «la confiance», dit-on, la chancelière Angela Merkel l’a elle aussi évoquée dimanche. «C’est bien sûr un événement dramatique qui n’est pas bon, a-t-elle dit dans une interview à la radio publique Deutschlandradio, au sujet du scandale des 11 millions de véhicules diesels équipés d’un logiciel capable de fausser les résultats des tests antipollution. Mais je pense que la réputation de l’industrie allemande, la confiance dans [notre] économie, ne sont pas si éprouvées au point que nous ne soyons plus considérés comme un bon pays pour les affaires.» Magnifique, le «made in Germany» serait sauf.

«Un coup dur pour l’économie allemande»

Mais Martin Schulz, le président allemand du Parlement européen s’est montré plus circonspect. «C’est un coup dur pour l’économie [du pays]», a répondu le social-démocrate au sujet de l’affaire, interrogé dans la presse régionale d’outre-Rhin. L’industrie automobile est en effet cruciale pour la première économie européenne, où BMW, Daimler, Volkswagen et consorts emploient plus de 750 000 personnes. «Il est difficile de croire à ce qui a été fait là, avec négligence, et peut-être même avec une énergie criminelle. Mais je pense que Volkswagen est une entreprise solide qui a toutes les chances de survivre à cette crise», a toutefois voulu rassurer Schulz. Volkswagen a mis de côté 6,5 milliards d’euros pour couvrir les coûts du scandale, mais certains analystes estiment que la facture finale pourrait être bien plus élevée.

Alors que la chancelière Merkel réclamait dimanche, sur les ondes, davantage de «transparence» de la part du constructeur, plusieurs ingénieurs employés par Volkswagen se sont mis à table. Les services chargés d’enquêter en interne sur l’affaire «ont déjà reçu de premiers aveux», rapporte dimanche le journal Bild, sans citer ses sources. «Plusieurs ingénieurs ont témoigné avoir installé le logiciel truqueur en 2008», affirme le quotidien, sans divulguer le nombre ni l’identité des personnes. Selon eux, le moteur EA 189, mis au point en 2005, n’avait aucune chance sans cette tricherie de respecter à la fois les normes antipollution et les impératifs de coûts.

Le «dieselgate» commencerait-il à entamer la «confiance» aveugle de nos dirigeants dans ce carburant ? Le Premier ministre britannique, David Cameron, estime que Volkswagen «a eu tort d’enfreindre les règles» et n’exclut pas de réexaminer les subventions accordées aux véhicules diesels outre-Manche depuis 2001, rapporte The Sunday Telegraph.

Une pétition pour demander une enquête européenne

Alors que la semaine prochaine, la Commission européenne doit se prononcer sur les suites qu’elle entend donner à cette affaire, le lobby automobile s’active plus que jamais à Bruxelles pour préserver ses intérêts. La Commission diligentera-t-elle une enquête sur l’ensemble des véhicules présents sur le marché européen, pour que nous cessions de «vivre dans un monde où respirer tue» ? C’est ce que demande une pétition, lancée jeudi à l’initiative de Karima Delli, députée européenne EE-LV (Europe Ecologie-Les Vertes) en charge des Transports. «Ce “dieselgate” en a donné la preuve : les normes européennes pour limiter les émissions polluantes des véhicules ne sont pas respectées. Après avoir entretenu le mythe du “diesel propre”, les constructeurs automobiles souhaiteraient éviter une enquête européenne, écrit l’eurodéputée. Au-delà du cas Volkswagen, d’autres constructeurs sont concernés, car il est de notoriété publique que les tests en vigueur sous-estiment largement les émissions réelles des véhicules. Dans les faits, neuf véhicules diesels sur dix dépasseraient les seuils autorisés.»

Et de rappeler quelques chiffres : «Le coût de cette pollution est immense sur le plan humain : on parle de 400 000 morts prématurées chaque année en Europe. C’est aussi un gouffre financier, puisque la pollution coûte chaque année environ 766 milliards d’euros à l’Union européenne.» Signée par l’ensemble des députés européens EE-LV ainsi qu’Emmanuelle Cosse (secrétaire nationale du parti), Pierre Serne (vice-président de la région Ile-de-France) ou les parlementaires Ronan Dantec, Denis Baupin et Marie-Christine Blandin, la pétition rassemblait dimanche près de 87 000 signataires. Qui, pour avoir «confiance», réclament des preuves, plus que des belles paroles.

ParCoralie Schaub

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