La protonthérapie, c’est quoi au juste ?

Published 13/07/2018 in Sciences

La protonthérapie, c’est quoi au juste ?
Un centre de protonthéraphie à Prague.

Santé

Le 5 juillet, après Nice et Orsay, Caen inaugurait le troisième centre français dédié à cette technologie de pointe, dont l’efficacité est jugée supérieure à la radiothérapie, et qui pourrait permettre de soigner 15 000 cancers par an.

Jusqu’alors, plus de la moitié des patients atteints d’un cancer en France étaient soignés par radiothérapie, qu’elle soit couplée ou non à une chimiothérapie ou à la chirurgie, selon les données du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Malgré les améliorations apportées à cette technique, le risque d’attaquer des cellules saines (non cancéreuses) subsiste et peut altérer la qualité de vie du patient. Avec le développement la protonthérapie, la donne est susceptible de changer.

Comment ça marche ?

La protonthérapie, tout comme la radiothérapie, consiste à détruire les cellules cancéreuses en les irradiant avec un faisceau de particules. Mais contrairement à la radiothérapie, cette technique a l’avantage de cibler plus précisément la tumeur et donc de préserver les cellules saines situées à proximité. Cette précision permet également d’atteindre des tumeurs quasi inaccessibles ou localisées à proximité d’un organe vital, comme la base du crâne ou la moelle épinière. En outre, la technique permet de réduire les effets secondaires liés à l’irradiation, les plus fréquentes étant la fatigue et les réactions inflammatoires.

Contrairement à une radiothérapie classique, la protonthérapie ne recourt pas aux rayons X mais à des ions chargés positivement, notamment des ions hydrogènes ou «protons»«Leurs caractéristiques physiques leur permettent, par rapport aux photon de mieux limiter la dose délivrée aux volumes cibles en épargnant les tissus sains adjacents et de limiter la dose “intégrale” reçue par le patient», peut-on lire dans «Protonthérapie, indications et capacité de traitement (2016)». Ces ions sont ensuite accélérés dans des appareils – appelés synchrotrons ou cyclotrons – pouvant aller jusqu’à vingt mètres de diamètre, à une vitesse pouvant atteindre 73% de la vitesse de la lumière.

Quel type de cancer est concerné ?

Pour l’instant, la protonthérapie n’est pas adaptée à tous les types de cancer. Selon l’Institut Curie, la protonthérapie est particulièrement recommandée pour les tumeurs rares de la tête (intracrânienne, base du crâne et massif facial), abdominales (neuroblastome) et celles touchant le rachis et le pelvis. Chez les enfants, on la préconise pour les cas de médulloblastomes (tumeur maligne cérébrale de l’enfant). 

Comment se déroule une séance ?

La précision de cette technique implique donc un positionnement très précis du patient. Pendant la séance, ce dernier est placé assis ou allongé. Toujours selon l’Institut Curie, le traitement s’échelonne en plusieurs séances, la plupart du temps à raison d’une séance par jour – d’une durée de trente à quarante-cinq minutes – cinq jours par semaine dans les cas de tumeurs intracrâniennes. Chez l’enfant, quatre séances sont nécessaires pour les tumeurs ophtalmologiques. En moyenne, l’irradiation dure environ une minute et ne génère aucune douleur ou sensation désagréable chez le patient. 

Est-ce démocratisé ?

Très peu, dans la mesure où les coûts sont encore élevés, tant en ce qui concerne les équipements que le prix de la séance. Le coût d’investissement d’un dispositif de protonthérapie, compris entre 40 et 50 millions d’euros, excède largement celui d’un dispositif de radiothérapie. Pour la construction du bâtiment et l’acquisition du matériel de soin, un investissement de 56,7 millions d’euros a été réalisé à Caen et de 33,4 millions d’euros à Nice. Toutefois, avec un nombre croissant de constructeurs, le coût des équipements devrait être amené à baisser. Enfin, le tarif forfaitaire d’une séance de protonthérapie est établi à 1 017 euros.

Y a-t-il des effets secondaires ?

A ce jour, les conséquences à long terme de la protonthérapie et sa potentielle toxicité ne sont pas encore mesurées. Ces points font donc actuellement l’objet de travaux de recherche. «En décembre 2017, nous avons lancé une étude sur 250 patients recrutés dans une vingtaine de centres en France, indiquait Jacques Balosso au CNRS. La moitié sera traitée dans un centre de carbonethérapie italien – et l’autre, par radiothérapie classique ou éventuellement protonthérapie en France. Financé par l’assurance-maladie et mené sous la responsabilité légale des hospices de Lyon, cet essai vise à évaluer et à comparer le taux de survie sans rechute, la toxicité, et le coût de ces différents traitements.» Les premiers résultats devraient être connus dans les cinq années à venir.

ParMargaux Deuley

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