Grande première pour Osaka, grosse colère pour Williams

Published 09/09/2018 in Sports

Grande première pour Osaka, grosse colère pour Williams
La Japonaise Naomi Osaka (d) bat l’Américaine Serena Williams (g) dans une finale de l’US Open marquée par une polémique d’arbitrage le 8 septembre 2018

Tennis

La Japonaise remporte la finale de l’US Open marquée par la violente altercation entre son adversaire et l’arbitre.

«Menteur» et «voleur» : envolé son rêve de 24e couronne majeure, Serena Williams a perdu ses nerfs et s’est emportée contre l’arbitre en finale de l’US Open, faisant passer au second plan le sacre pourtant historique de la Japonaise Naomi Osaka (6-2, 6-4), samedi à New York.

Tout a commencé quand la cadette des soeurs Williams (36 ans) a reçu un premier avertissement pour «coaching» en début de deuxième set, à 1-0, 40-15, service Osaka. «Je ne triche pas pour gagner, je préfère encore perdre», se défend-elle dans un premier temps auprès de l’arbitre de chaise, le Portugais Carlos Ramos, avant de lui en reparler au changement de côté suivant. «C’est incroyable, je n’ai pas reçu de coaching. Je ne triche pas, je n’ai jamais triché de ma vie, je me bats pour ce qui est juste, vous me devez des excuses», lui lance-t-elle à plusieurs reprises, en colère. Puis à 3-2, Williams reçoit un second avertissement pour avoir fracassé sa raquette après avoir été débreakée, ce qui lui vaut cette fois un point de pénalité.

«Vous attaquez ma personne. Vous avez tort. Vous n’arbitrerez plus jamais un de mes matches. Vous me devez des excuses. C’est vous le menteur», reprend-elle au changement de côté suivant (4-3 pour Osaka), toujours hors de ses gonds. «Vous êtes un voleur. Vous m’avez volé un point», accuse-t-elle. C’est à ce moment-là que l’arbitre portugais lui inflige un rare jeu de pénalité, qui permet à Osaka de mener 5-3.

Deux jeux plus tard, la star américaine, en larmes lors de sa discussion avec une responsable du tournoi à même le court lors du dernier changement de côté, s’incline et voit son rêve d’égaler le record absolu de titres en Grand Chelem détenu par Margaret Court (24), s’envoler. Revenue sur le circuit début mars six mois après avoir donné naissance à sa fille, Olympia, elle avait déjà trébuché sur la dernière marche, en finale de Wimbledon il y a deux mois à peine, face à l’Allemande Angelique Kerber (4e). «Il suppose que j’ai triché, et je n’ai pas triché», a-t-elle réaffirmé en conférence de presse, voyant une «décision sexiste» dans la sanction infligée par l’arbitre pour l’avoir qualifié de «voleur».

Si son entraîneur Patrick Mouratoglou a reconnu avoir fait un geste à l’intention de la joueuse, il a critiqué un manque de «psychologie» de l’arbitre. «100% des coaches coachent sur 100% des matches, toute l’année, et tout le monde le sait», a-t-il estimé. «Dans 100% des cas que j’ai vus, on prévient d’abord la joueuse (que l’entraîneur doit arrêter). Il ne l’a pas fait.»

Cette série d’incidents a-t-elle pesé sur le cours du match ? Naomi Osaka «jouait vraiment bien. Mais c’est difficile de dire que je n’aurais pas amélioré mon niveau, parce que je l’ai fait tellement de fois dans ma carrière», a jugé l’Américaine. Ce n’est pas la première fois qu’elle perd ses nerfs à l’US Open. En 2009 notamment, en demi-finale contre la Belge Kim Clijsters, elle avait menacé une juge de ligne qui venait de signaler une faute de pied de lui «enfoncer cette balle dans la gorge». Ça lui avait valu un point de pénalité, et le match.

Osaka imperturbable 

Loin de toute cette agitation, Osaka (19e), imperturbable, a écrit une page d’histoire en devenant la première Japonaise, hommes et femmes confondus, à s’imposer en Grand Chelem, à vingt ans seulement. «C’est toujours irréel. Peut-être que dans quelques jours je réaliserai», a confié la joueuse nippone, qui, entre le bruit venu du public et sa concentration, n’a «pas vraiment entendu qu’il se passait quelque chose».

Auteure d’un excellent début de match, pas impressionnée ni par sa prestigieuse adversaire – son idole – ni par l’enjeu, elle a pris les commandes de la partie avec beaucoup d’autorité, au service notamment poussant Serena à parcourir du terrain. Elle n’a pas non plus paniqué quand elle s’est fait breaker en début de deuxième set. Au contraire, elle a immédiatement recollé au score, en profitant des largesses de l’ex-n°1 mondiale (deux doubles fautes consécutives). Plus impressionnant encore, elle ne s’est pas laissée déstabiliser un instant par l’emportement spectaculaire de son adversaire.

Un coup de force pour la jeune Japonaise, qui disputait sa toute première finale en Grand Chelem, elle qui naviguait encore autour de la 70e place mondiale en début de saison et ne s’est révélée qu’au printemps, sur ciment américain déjà, en s’offrant son premier titre au prestigieux au tournoi d’Indian Wells. «Je sais que tout le monde était pour Serena et je suis désolée que ça se termine comme ça, s’est excusée Osaka de sa voix fluette, les larmes aux yeux, au moment de recevoir son trophée. Ça a toujours été mon rêve de jouer Serena en finale de l’US Open. Je suis vraiment reconnaissante d’avoir pu le faire, merci», a-t-elle adressé timidement à son adversaire. «Elle a bien joué. C’est son premier titre en Grand Chelem. Faisons de ce moment le meilleur moment possible. Reconnaissons le mérite où il y en a. Ne huons plus. Félicitations Naomi», l’avait précédé Williams, elle aussi les yeux brillants, en invitant les spectateurs à cesser leurs huées.

Par LIBERATION

Print article

Leave a Reply

Please complete required fields