Come-back imminent du foot anglais sur Canal+

Published 01/11/2018 in Futurs

Come-back imminent du foot anglais sur Canal+
Le joueur de Chelsea Eden Hazard, le 7 octobre.

Médias

Le groupe audiovisuel a remporté l’appel d’offres pour la diffusion de la Premier League à partir de la saison prochaine et pour trois ans. Altice avait récupéré les droits en 2016.

«La roue tourne.» C’est avec ce message plein d’ironie et d’optimisme que Maxime Saada a annoncé sur Twitter le retour prochain de la Premier League sur Canal+. Après une avalanche de revers dans les droits sportifs, le patron du groupe audiovisuel a enfin une bonne nouvelle à partager avec ses abonnés et ses salariés : il a remporté mercredi l’appel d’offres pour la diffusion exclusive du championnat de foot anglais lors des trois prochaines saisons (2019-2020, 2020-2021, 2021-2022). Depuis un peu plus de deux ans, la compétition, prestigieuse, spectaculaire, constellée de stars, est retransmise par RMC Sport (ex-SFR Sport), le bouquet de chaînes du groupe Altice (qui détient également Libération).

Pour piquer les droits de la Premier League à Patrick Drahi, le milliardaire propriétaire d’Altice, combien Vincent Bolloré, le milliardaire actionnaire de Canal+, a-t-il dû débourser ? Dans l’Equipe du jour, Maxime Saada assure avoir payé «moins» que les 120 millions d’euros annuels actuellement dépensés par Altice. «Ce qui ne veut pas dire que le montant qu’on va régler n’est pas très, très significatif… Je considère que la Premier League est très bien valorisée. Mais c’est un montant que l’on saura rentabiliser», ajoute Saada. Mercredi soir, au moment où le résultat des enchères était révélé, l’Equipe évoquait un montant de 115 millions d’euros. Une somme non négligeable pour une entreprise qui fait la chasse aux coûts et investit très modérément depuis que l’économe Bolloré a pris le guidon de Canal+ au printemps 2015.

«Le début d’un signal»

Faut-il en conclure que Canal+ a retrouvé de l’air et de l’ambition ? «On est très content et on espère que c’est le début d’un signal», dit Saada, prudent. Grâce à un plan d’économies serré, la santé économique du groupe s’est améliorée récemment. Le résultat opérationnel courant de Canal+ s’élevait à 241 millions d’euros au premier semestre 2018, en hausse de 28% sur un an. Ce qui lui permet à nouveau de dégager des moyens financiers. Il semble aussi que la chaîne ait enfin réussi à stopper l’hémoragie d’abonnés individuels en France (plus d’un million sont partis depuis 2015) qui a marqué le début de l’ère Bolloré. Ils étaient 4,8 millions à la fin juin, encore en baisse, mais légère. Et les dirigeants répètent depuis des mois que les autres indicateurs montrent le début du commencement d’un redressement. Ce n’est pas la première fois qu’ils le promettent. On vérifiera le 15 novembre, à la publication des résultats financiers du troisième trimestre.

Si l’investissement dans la Premier League paraît confirmer ce regain d’optimisme, il est néanmoins à relativiser. Canal+ pouvait difficilement laisser passer ces droits. Le groupe, autrefois leader du ballon rond à la télévision, s’est fait dépouiller depuis trois ans et voyait le néant footballistique s’approcher à grande vitesse. La Ligue des champions et la Ligue Europa, les deux compétitions continentales, sont désormais sur RMC Sport – qui a préféré se concentrer sur ces droits et donc laissé filer le foot anglais en proposant à la Premier League moins d’argent que son contrat actuel le prévoit. La plupart des championnats étrangers sont diffusés par BeIn Sports.

Surtout, en mai dernier, l’appel d’offres de la Ligue 1, le championnat français, pour la période 2020-2024 a vu débarquer un nouvel acteur au nez et à la barbe de Canal+. L’espagnol Mediapro a soufflé la quasi-intégralité des droits de diffusion de la compétition. En l’état, Canal+ était parti pour n’avoir plus aucune compétition majeure de football à la rentrée 2020. L’enjeu sur la Premier League était donc crucial, même si Maxime Saada s’en défend dans l’Equipe : «Cette acquisition était importante, pas essentielle. Lorsqu’on a un modèle qui est généraliste et donc robuste comme le nôtre, il n’y a pas un droit qui est indispensable.»

«Positionnement»

«C’est une opération de positionnement pour Canal, pour montrer qu’ils sont toujours dans le jeu, analyse un bon connaisseur du secteur. Qui poursuit : Aujourd’hui, on se retrouve avec un marché à quatre acteurs, Altice, Canal, BeIn Sports et Mediapro, donc un marché très mouvant. L’époque où il y avait un ou deux opérateurs dominants n’existe plus. Chacun essaie d’avoir des compétitions pour être dans le coup et doit passer des accords avec les autres.»

C’est le sens qu’il faut donner au communiqué de réaction d’Altice mercredi soir : «SFR [l’opérateur télécoms appartenant à Altice, ndlr] annonce travailler dès ce soir avec le groupe Canal+ […] afin de permettre aux abonnés RMC Sport de continuer à vivre la Premier League anglaise sur ses antennes après l’été 2019.» Récemment, Canal+ s’est entendu avec Altice pour proposer RMC Sport à ses abonnés par satellite. Il faut donc s’attendre à ce que des «packs» regroupant les différents bouquets sportifs se multiplient à l’avenir.

ParJérôme Lefilliâtre

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