Macron sur TF1 : moins de souverain et plus de souveraineté

Published 14/11/2018 in Politique

Macron sur TF1 : moins de souverain et plus de souveraineté
Emmanuel Macron, sur TF1, mercredi soir.

Billet

Le Président a pris la parole pour la sixième fois en dix jours en insistant sur les dossiers européens.

L’exercice présidentiel n’aura certainement pas convaincu le moindre gilet jaune de rester chez lui samedi. Prenant la parole dans un média pour la sixième fois en dix jours, après une semaine de «commémoration mémorielle» agitée mais peut-être aussi instructive, Emmanuel Macron a évidemment répondu au sujet brûlant du moment, avec un ton moins péremptoire. Assumant la hausse de la fiscalité écologique et affirmant respecter les Français qui se mobilisent tout en les mettant en garde contre l’entreprise de récupération de ses adversaires politiques et leur «poujadisme contemporain». Le tout en revendiquant en bloc sa politique et en ne concédant qu’un seul échec, celui de ne pas avoir réconcilié les Français avec leurs dirigeants. Ce n’est pas être injuste que d’affirmer qu’il a fort probablement contribué à aggraver cette situation, au moins depuis qu’il est arrivé à l’Elysée.

Mais l’essentiel du propos du chef de l’Etat tout comme le cadre de l’entretien – sur le porte-avions Charles De Gaulle – avaient d’abord pour but d’affirmer et de mettre en scène la «souveraineté» de la France comme celle de l’Europe. Le tout à quelques mois d’un scrutin continental qui s’annonce bien plus compliqué que prévu pour le macronisme au pouvoir. Et alors que la dualité entre «progressistes» et «nationalistes», refrain macronien de ces derniers mois, semble déjà un disque rayé. L’enjeu apparaît bien davantage de démontrer que l’Europe peut être protectrice. Or ce n’est pas le bilan en demi-teinte sur les travailleurs détachés ou l’échec à taxer frontalement les Gafa, ces hyperpuissances culturelles et financières supranationales, qui font un bilan parlant.

Il y a donc urgence pour Macron le libéral à donner corps à une souveraineté à la fois patriotique et européenne, qu’il entend distinguer d’un nationalisme de repli. Dégainer la formule, car c’est d’abord de cela qu’il s’agit, d’une «armée européenne», être soutenu dans cette démarche par la chancelière Merkel, le tout en proclamant une indépendance qui met en colère le grand méchant Trump, voilà qui est déjà plus clair en termes de démonstration de souveraineté. Après les tweets rageurs de son homologue américain, Macron a aussi dit qu’être «allié» ce n’est pas être «vassal».

ParJonathan Bouchet-Petersen

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