Saxifrage de Gizia, astragale de Marseille, pivoine mâle… 15% de la flore menacée en France

Published 24/01/2019 in Uncategorized

Saxifrage de Gizia, astragale de Marseille, pivoine mâle… 15% de la flore menacée en France
Présente dans de nombreuses régions de France, la pivoine mâle est classée comme «vulnérable» dans la liste rouge des espèces menacées.

Au rapport

Pour la première fois, une liste rouge des espèces végétales a été publiée, ce jeudi, et établit que 742 des 4 982 spécimens français étudiés sont en danger.

Après les mammifères, les oiseaux et les insectes, ce sont les plantes à fleurs, fougères et conifères qui se trouvent menacés. La première liste rouge sur la flore de France métropolitaine, publiée ce jeudi, dresse un triste tableau. Sur les 4 982 espèces (non introduites par l’homme) scrutées, 742 sont menacées ou quasi menacées. Surtout, 51 sont en danger critique.

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Ces chiffres sont le résultat de plus de trois ans de synthèse de près de trente millions de données floristiques par une quarantaine de botanistes du Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature, de la Fédération et du réseau des Conservatoires botaniques nationaux, de l’Agence française pour la biodiversité et du Muséum national d’Histoire naturelle.

Agriculture intensive et urbanisation en cause

Ainsi 15% de la flore française se trouve en danger à plus ou moins moyen terme. Or l’Hexagone héberge 97 espèces endémiques, qui n’existent donc nulle part d’autre sur la planète. Si certaines d’entre elles venaient à disparaître en France, elles seraient donc exterminées. Parmi les plus vulnérables, on trouve la Saxifrage de Gizia. Avec ces petites fleurs blanches en étoile et son odeur musquée, elle ne pousse que sur les corniches dominant le village de Gizia dans le Jura. A la suite d’une série de sécheresses, sa population est devenue extrêmement rare.

L’astragale de Marseille préfère, elle, le littoral de garrigues et les embruns méditerranéens. Juste à côté de l’agglomération marseillaise, sur l’archipel du Frioul et dans les calanques, cette plante aux larges pétales blanches a vu son aire de vie grignotée par les activités humaines. Classée «en danger», elle souffre aussi de la pollution des embruns, de la surfréquentation touristique et du piétinement intensif en bord de mer. Un programme européen a été lancé en 2017 pour la protéger.

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Pissenlit de Neudorf, carline à gomme, lycopode aplati, caméline alysson, orchis à bourse et oseille tubéreuse ont, elles, déjà disparu de métropole. La liste est encore longue.

Les activités humaines sont la cause principale de ce déclin, d’après cette étude. Urbanisation galopante, construction de routes et centres commerciaux, utilisation excessive de pesticides, agriculture intensive et pollution détruisent les habitats et empêchent certaines espèces de se reproduire. Ainsi 20% espèces messicoles, qui poussent dans les champs entre les cultures, sont menacées de disparition.

Un effet boule de neige

Ce sombre constat en cache un autre dramatique : le déclin de ces plantes entraîne une réaction en chaîne sur les insectes et animaux qui en dépendent pour survivre. Les pollinisateurs si essentiels au cycle de la vie végétale peinent à trouver des fleurs à butiner dans les champs en monoculture. Les prairies et les zones humides, riches en biodiversité, sont les premiers milieux détruits ou endommagés par l’expansion des actions humaines.

La prochaine menace, plus insidieuse et donc difficile à étudier, est le dérèglement climatique. Des études ont été lancées dans plusieurs conservatoires de France pour en étudier les effets sur la flore, mais elles prendront dix à quinze ans pour donner des résultats fiables. Par ailleurs, «le manque de connaissances et de données fiables n’a pas permis d’évaluer le niveau de menace de 373 espèces (7% du total). Parmi elles, certaines pourraient venir augmenter le nombre des espèces menacées», précise le rapport.

ParAude Massiot

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