Le PSG éliminé de la Ligue des champions
Alors que tout le monde les donnait qualifiés après leur victoire 2-0 à l’aller à Manchester, les Parisiens se sont inclinés 3-1 sur leur pelouse lors du huitième de finale retour. Une terrible désillusion. Et un nouvel accident industriel pour les Qataris.
C’était -quasiment- impossible, alors ils l’ont fait. Les statistiques disaient qu’après leur victoire 2-0 en huitième de finale aller de la Ligue des champions sur le terrain de Manchester United, les footballeurs parisiens avaient 97 % de chances de se qualifier pour les quarts de finales. Ils ont réussi l’exploit de se faire éliminer en s’inclinant 3-1 sur leur pelouse. Désormais on débattra pour savoir si, sur l’échelle de l’humiliation, cette élimination-là est plus douloureuse que la remontada de Barcelone, il y a deux ans, quand les Parisiens, au même stade de la compétition, s’étaient inclinés 6-1 à Barcelone après l’avoir emporté 4-0 chez eux à l’aller. Eu égard à la comparaison des deux équipes -le MU de cette année, qui plus est privé ce mercredi d’une partie de ses cadres, dont Paul Pogba, n’arrivant pas aux protége-tibias du Barça d’il y a deux ans-, cette élimination restera peut-être plus douloureuse. Et les absences de Cavani ou Neymar n’excuseront rien. Ils n’étaient pas là non plus à l’aller. Ce mercredi, malgré la science tactique de Thomas Tuchel, malgré le talent de Kylian Mbappé (qui a à peu près raté tout ce qu’il a tenté), le PSG a sombré sur tous les tableaux. Un nouvel accident industriel pour le club parisien. Des dizaines de millions d’euros aspirés dans le minuscule trou de ces 3% que les statistiques offraient à Manchester United pour se qualifier.
Le match: un air de déjà-vu et un dénouement ahurissant. Au lieu de la promenade de santé attendue, le Parc des Princes s’est transformé pour le PSG en montagne russe. Les deux buts surprenants de Romelu Lukaku, inscrits d’entrée de jeu (2e, 30e), ont longtemps plongé Paris dans l’angoisse d’une nouvelle «remontada» malgré le but de Juan Bernat (12e)… Mais la sidération était totale quand l’arbitre a fait appel à l’assistance vidéo pour accorder un pénalty dans les derniers instants (90e). Marcus Rashford, trop heureux de voir sanctionnée la main de Presnel Kimpembe dans sa surface, ne s’est pas manqué pour devenir le nouveau Sergi Roberto, l’auteur du fameux 6e but du FC Barcelone lors du maudit 8e de finale retour en 2017 (qualification du Barça 6-1 après avoir été battu 4-0 à l’aller) !
Malgré la victoire éclatante du match aller (2-0), Paris n’a pas écouté les appels de Kylian Mbappé. La «peur» d’une nouvelle «remontada», autant que la malédiction des 8es de finale, véritable plafond de verre depuis trois saisons, a vaincu l’enthousiasme du coach Thomas Tuchel. Non, Paris ne retrouve pas le Top 8 continental, et le frisson des printemps européens. Mais l’angoisse d’une fin de saison sans grands enjeux majeurs, hormis la défense de la Coupe de France, tant il domine le championnat de France.
Lukaku en mode «mission impossible»
Sous les yeux de l’émir du Qatar, propriétaire du club, et de la star Neymar, de retour de sa convalescence au Brésil, Paris n’a pas été à la hauteur des louanges dressées depuis l’exploit d’Old Trafford. Pis, il a permis à ses invités de marque d’assister à la réussite de la «mission impossible» imaginée par Ole Gunnar Solskjaer !
Dès la 2e minute, Romelu Lukaku a profité d’une énorme erreur de Thilo Kehrer, auteur d’une invraisemblable remise en direction de son gardien, pour intercepter le ballon, crocheter Buffon, et ouvrir le score. Entame cauchemardesque… Mais comme promis par Dani Alves, la «peur» d’un échec retentissant n’a pas envahi Paris. Cinq minutes plus tard, Mbappé a même été à un cheveu de reprendre le centre tendu de Bernat, avant de voir sa frappe être contrée à quelques mètres du but.
A défaut de marquer, le champion du monde français, l’homme en forme du PSG en l’absence de «Ney» et Edinson Cavani, a montré qu’il savait aussi se muer en passeur décisif. Sur son centre rasant impeccable, c’est l’inévitable Juan Bernat, déjà auteur de deux buts importants en Ligue des champions, qui a repris le cuir au second poteau pour égaliser (1-1, 12e). Et sur un magnifique mouvement initié par Alves dans la foulée, le latéral gauche a failli doubler la mise dans la foulée ! Bien servi par Di Maria, Bernat a cette fois buté sur un De Gea vigilant (14e). L’un des tournants du match.
Main, VAR et pénalty fatal
L’équipe de Thomas Tuchel, en confisquant totalement le ballon – 87% de possession lors de la première demi-heure ! – sans pour autant parvenir à accélérer le jeu, s’est laissée endormir par le solide bloc mancunien, qui avait misé sur une tactique diamétralement opposée à celle de l’Ajax Amsterdam contre le Real Madrid (4-1) mardi : miser sur les erreurs de son adversaire. Alors qu’il n’y avait aucun danger, le PSG a réussi à remettre en selle ManUde manière totalement incroyable sur une nouvelle boulette, signée Gianluigi Buffon ! Sur une frappe anodine de Rashford, jusque là très brouillon, le légendaire portier italien n’a pas réussi à capter le ballon pour le grand plaisir de Lukaku (1-2, 30e). Plus qu’un but et Manchester United était virtuellement qualifié…
Groggy, Paris a essayé de garder son calme, à l’image de Thiago Silva qui n’a cessé de faire des signes d’apaisement de la main. Avec l’appui du Parc, lui aussi sonné quelques minutes avant de redonner de la voix, les coéquipiers de Marquinhos ont essayé de retrouver la maîtrise des événements. Mais c’est Manchester, à l’image de l’entrant Dalot, qui a failli faire une Dusan Tadic (héros de l’Ajax face au Real), en effaçant Bernat d’un sublime geste technique, avant de voir son centre être à deux doigts de se transformer en but contre son camp (43e).
A la mi-temps, des «Tuchel, Tuchel» sont venus du kop, comme pour demander au maître tacticien de rectifier le tir, tandis que Cavani a tenté de galvaniser ses partenaires à la sortie du tunnel juste avant le retour des vestiaires. Malgré une seconde période aussi stérile que tendue, Paris a été tout proche de se mettre à l’abri. Au lieu de cela, le duel manqué de Mbappé, et le poteau de Bernat (83e) ont fait office de mauvais présage. Car Kimpembe, buteur à l’aller, s’est mué en héros malheureux au retour en contrant du coude, à la limite de la surface de réparation, le tir de Rashford. Et la VAR, qui avait tant manqué à Barcelone, lui a finalement joué un mauvais tour…
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