Au Grand Palais, la Lune prend ses quartiers

Published 06/05/2019 in Arts

Au Grand Palais, la Lune prend ses quartiers
«Le Monde», 1931, de Man Ray.

Critique

A la faveur des 50 ans du premier alunissage, le musée parisien se contente de présenter un fourre-tout déroutant et informe d’images et d’œuvres mettant l’astre en scène.

Peut-on imaginer une exposition sans réellement faire de choix ? C’est la question qui se pose alors qu’on sinue dans le parcours de «la Lune, du voyage réel aux voyages imaginaires» au Grand Palais, à Paris (VIIIe). Commémorative du 50e anniversaire du premier alunissage, sur une idée de Sylvie Hubac, ex-présidente de la Réunion des musées nationaux, l’accrochage sent un peu la commande.

Le premier cartel fait office de note d’intention : «La Lune appartient véritablement à tout le monde et ne se laisse enfermer dans aucun discours.» Sur ce prétexte, les commissaires Alexia Fabre et Philippe Malgouyres ont adopté pour boussole de «laisser l’imagination et la poésie régner dans le monde de la Lune»…

OK, mais où se cachent-elles, l’émotion et la poésie, dans ce grand fourre-tout illustratif, certes pas dénué de beautés ni d’intérêt, mais presque illisible quant à son propos ?

Se succèdent ainsi photos et reliques de la mission Apollo 13, extraits de films de Fritz Lang et Georges Méliès, fusée militante de Sylvie Fleury (rose et prête à décoller pour Vénus), cartographies de la lune signées de Jean-Dominique Cassini en 1679, premières photos du satellite, tableaux de Chagall, Paul Nash (superbe !), Jean-François Millet ou Meret Oppenheim, tous semblant réunis au prétexte que, grosso modo, dessus, on voit la Lune – c’est indéniable, mais c’est un peu court.

La dernière salle, notamment – où, pour tout commentaire, les toiles s’accompagnent de poèmes de Ronsard ou Hugo – atteint le comble du service minimum (si l’on n’a rien à dire, trouvons des gens qui ont dit !). Reste l’émouvante stèle punique à l’effigie de Tanit, déesse de Carthage (225-250 av. J.-C.), coiffée d’un croissant renversé, qui continue à irradier longtemps après la traversée de ce moodboard un peu fade.

ParElisabeth Franck-Dumas

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