Höfer, reprise de position

Published 10/05/2019 in Arts

Höfer, reprise de position
Bibliothèque de l’Inha à Paris.

Photo

L’artiste allemande revient à Paris pour un panorama de l’architecture parisienne et renoue avec une pratique subjective de la photo.

Les nouvelles photos de Candida Höfer ont un air de déjà-vu. Pas étonnant puisque la photographe allemande s’est attelée au même sujet à deux reprises, à plus de vingt ans d’écart. Pour sa deuxième exposition à la galerie VNH, l’ancienne élève de Bernd et Hilla Becher est revenue à Paris pour y photographier l’architecture patrimoniale française, historique et moderne et plus particulièrement la bibliothèque de l’Inha, rue Richelieu. Là voilà de retour en terrain connu, munie d’un appareil numérique, assemblé pour elle seule à Cologne où elle habite – son atelier est encore à Düsseldorf -, avec une optique allemande et un dos suisse.

Pour brosser la quintessence de l’architecture à la française, Candida Höfer, née en 1944 en Allemagne, a dressé une liste de lieux aussi impressionnants que le théâtre de l’Odéon, avec son flamboyant plafond peint par André Masson, ou la Monnaie de Paris, que des villas aux lignes épurées comme la Maison La Roche de Le Corbusier ou l’Hôtel Martel de Robert Mallet-Stevens. Grâce à ses repérages, on peut aussi admirer la cité-refuge de l’Armée du salut du Corbusier et, pour la deuxième fois de sa carrière, elle s’est introduite dans la fameuse bibliothèque de la rue Richelieu. Sur de très grands tirages, la salle Labrouste déploie ses entrailles après une restauration qui baigne de lumière ce temple de l’histoire de l’art. Rétrospectivement, ses célèbres photos du même lieu, datées de 1997, paraissent d’un autre âge. Devant son objectif, dans la pure tradition de l’académie des beaux-arts de Düsseldorf, les architectures livrent leurs secrets : dépliés à plat, les bâtiments sont ouverts comme des carcasses. Et quand ils sont pris de l’extérieur, ils conservent le mystère et la légèreté de leur dessin.

Le plus étonnant, dans cette exposition, reste ces petits tirages que l’artiste livre à notre regard sans plus d’explication. Gros plans de carrelages, vue d’une porte dérobée ou même cadrage abstrait pris à la volée, ils renouent avec une pratique plus spontanée de la photographie que l’Allemande avait à ses débuts. Un peu à la manière de sa première série documentaire autour des Turcs en Allemagne à la fin des années 70 – un temps où Candida Höfer faisait des portraits -, ces petits morceaux, sortes de poèmes intimes, lui rappellent des bribes de sa jeunesse.

ParClémentine Mercier

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