Le son du jour #358 : vibrant comme Mazouni

Published 21/05/2019 in Musique

Le son du jour #358 : vibrant comme Mazouni
Mohamed Mazouni.

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Nouveau cadeau de Born Bad, «Un dandy en exil» compile les hits «français» du pionnier Mohamed Mazouni, qui ont marqué toute une génération, de Rachid Taha à Zebda. Ecoute intégrale avant sa sortie vendredi.

De l’Alger d’Ahmed Ben Bella à la France de Pompidou, du bedoui au twist, d’un hymne à l’indépendance (Adieu la France, Bonjour l’Algérie) à l’exil à Paris : l’éclosion de Mohamed Mazouni, chanteur éternel de Tu n’es plus comme avant, est inséparable de l’histoire emmêlée de ses deux pays, celui où il est né et a grandi, et celui où il s’est un temps réinventé. Sa musique, abreuvée de pop kabyle, de rock’n’roll et de chaâbi, en mélangeait les rythmes, les arrangements (oud, cordes et guitare fuzz) et les audaces, se troublant de la vogue des mini-jupes ou des jeunes filles volages ou s’émouvant du racisme ordinaire («va-t’en espèce de bicot, ce que tu me dis m’est bien égal», sur l’Amour Mâak) et des conditions insupportables des travailleurs immigrés.

Grinçantes, charmantes, chantées autant en français roulé que dans les langues d’Algérie (arabe classique ou dialectal, kabyle), les chansons à thème de Mazouni faisaient un tabac dans les bistrots populaires où «l’on venait s’enivrer d’un peu d’airs du bled» et regarder des clips dans les scopitones en s’enfilant des cafés. Un dandy en exil, l’anthologie merveilleuse que Born Bad consacre à Mazouni couvre la période «française» de l’Algérien (1969-1983), mais la musique qu’on y entend est bien plus que mélangée : un fil tendu et vibrant, incessamment, entre deux nations qui se ressemblent toujours plus qu’elles ne le pensent, à découvrir ce mardi chez Libé en avant-première.

Un dandy en exil, Algérie-France 1969-1983 sort chez Born Bad le 24 mai, en digital, LP et CD.

ParOlivier Lamm

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