Chance the Rapper a sorti son premier véritable album

Published 03/08/2019 in Musique

Chance the Rapper a sorti son premier véritable album
CHICAGO, ILLINOIS – JULY 25: Spotify celebrates Chance The Rapper’s Big Day with a performance at Garfield Park Conservatory on July 25, 2019 in Chicago, Illinois. Timothy Hiatt/Getty Images for Spotify/AFP

Critique

Célébration de son mariage, The Big day est une opulente production pop-rap avec une kyrielle d’invités en verve.

Le plan de table aurait pu être un vrai casse-tête. Sur ce Wedding Album nouvelle génération, Chance The Rapper célèbre autant son propre mariage cet hiver que des alliances entre rap et pop. Le Chicagoan de 26 ans est tout amour sur cette célébration plus Kool & The Gang que gangsta rap. Ses 22 titres dispatchent sur des tables aléatoires tout un gratin : John Legend, Timbaland, Justin Vernon de Bon Iver, Nicki Minaj, Gucci Mane, jusqu’aux personnalités indie-pop plus confidentielles de CocoRosie et Death Cab For Cutie. Si Megan Thee Stallion, rappeuse de Houston hyper douée, se taille une belle part de gâteau, la surprise vient du côté de Randy Newman, voix des chansons de générique de Toy Story. La bande aurait formé une chenille bien improbable il y a une dizaine d’années, mais elle l’est beaucoup moins  dans le flux des productions actuelles, qui charrie à la même vitesse des nouvelles vibrations souterraines et une pop calibrée produite à la truelle. Le principal parrain de Chance, Kanye West, adepte aussi des banquets à l’assistance complexe mais bien orchestrée, est l’absent du générique, après avoir fait une apparition sur sa précédente mixtape Coloring Book offerte à Internet en 2016.

Son maximalisme reste inscrit au menu sur Eternal, et ses rythmiques juke, jazz, funk et hip hop, avec le rappeur Smino pour témoin. We Go High, est le summum de l’ivresse spirituelle du gospel qu’il affectionne («We love you, we love, we love you, God»), mais fait aussi référence à un discours de Michelle Obama. Le père de Chancelor Bennet – nom formel du marié – faisait d’ailleurs partie de l’administration de Barack Obama, et est invité à porter un toast sur l’album. Son frère Taylor Bennett, lui aussi rappeur agile, explose sur le minimaliste Roo, déclaration d’indépendance musicale qui laisse entendre que Chance n’est décidément pas prêt de signer sur une major. Après plusieurs mixtapes accessibles gratuitement, il demande à ce que The Big Day soit considéré comme son premier véritable album. S’il est toujours autoproduit, c’est surtout la première fois que le public est invité à y mettre les sous. Il le mérite rien que pour l’épiphanie Found A Good One et sa chorale «I’m Not Single No More» qui se compresse en son centre en un joyeux hommage au footwork, genre mutant de la house de Chicago, hymne de cette lune de miel collective où Chance fait ventriloquer sa bonne fortune par la collectivité.

Album Chance The Rapper, The Big Day (autoproduit).

ParCharline Lecarpentier

Print article

Leave a Reply

Please complete required fields