Confinement : l’inquiétude monte pour les femmes victimes de violences

Published 20/03/2020 in https:2020/03/20/

Confinement : l’inquiétude monte pour les femmes victimes de violences
Marche pour la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars à Paris.

Décryptage

Certaines associations réclament la mise en place d’un plan d’urgence pour faire face à la crise actuelle. Le gouvernement dit «tout faire pour que les femmes confinées puissent se sentir en sécurité».

Pétition pour un plan d’urgence

«Il est important de travailler sur des solutions pour les femmes dans la durée, si la situation se prolonge», estime Françoise Brié. Même son de cloche pour le mouvement féministe #NousToutes, qui a alerté très tôt sur le risque d’une recrudescence des violences au cours de cette crise. Sur son compte Twitter, le mouvement dispense quelques conseils, comme appeler la police en cas de cris ou de coups entendus chez les voisins, et a entrepris de recenser d’autres numéros de téléphone utiles, comme le 119 pour l’enfance en danger. Une pétition vient d’être lancée par les militantes de #NousToutes pour demander au président de la République de déployer «un plan d’urgence pour les victimes de violences» et sensibiliser les Français. Le texte réclame entre autres que des consignes immédiates soient envoyées à la police et à la gendarmerie pour leur rappeler la marche à suivre dans la prise en charge des victimes, ou encore l’envoi d’une circulaire à tous les juges aux affaires familiales pour leur demander «d’être réactifs» dans la délivrance des ordonnances de protection.

«La situation a une répercussion certaine sur le moral des femmes», abonde Marie Cervetti, directrice de l’association Une femme, un toit, qui vient en aide aux moins de 25 ans, et dont les activités ont elles aussi été quelque peu chamboulées par le confinement depuis le début de la semaine. «Nous avons dû fermer un lieu d’accueil de jour à Bagnolet», explique-t-elle. Le centre d’hébergement de l’association demeure en revanche ouvert, et comme souvent, plein : les 60 places sont prises, dont 24 dans des chambres à deux lits, ce qui n’est pas forcément idéal au vu de la situation. «On n’a pas de masques et plus de gel hydroalcoolique, rien», déplore Marie Cervetti. Les éducatrices continuent d’aller travailler, mais les personnels administratifs et animateurs extérieurs ont, eux, été renvoyés chez eux. Conséquence : tous les ateliers collectifs et les animations dédiées à la gestion des émotions (yoga, pilates, massages…) ont été suspendus. L’association a décidé de renforcer son système d’astreinte téléphonique «pour que les femmes puissent être écoutées, rassurées, mais on a quand même une jeune fille qui a quitté les lieux hier, parce que la pression de l’entourage est accrue», explique Marie Cervetti.

«Pas question de laisser un conjoint violent en cohabitation»

Alertée sur cette situation, la secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, s’est entretenue jeudi avec son homologue italienne pour un retour d’expérience, à l’issue duquel elle a déclaré dans un communiqué que «la lutte contre les violences sexistes et sexuelles en cette période reste la priorité absolue de leur action». Marlène Schiappa rappelle que la plateforme gouvernementale de lutte contre les violences sexistes et sexuelles est accessible 24 heures sur 24 et invite à contacter le 17 ou le 112 pour les urgences.

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Par ailleurs, nonobstant la fermeture des tribunaux décrétée en début de semaine, la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, a rappelé ce vendredi matin sur France 2 avoir fixé des priorités pour les affaires «jugées urgentes», et qui continuent d’être traitées. Et de citer «les atteintes graves aux personnes ou aux biens, traitées dans les comparutions immédiates» et tout ce qui «s’attache au traitement des violences intrafamiliales : les femmes victimes de violences ou les violences à l’égard des enfants sont évidemment traitées, aussi bien au pénal, parce qu’il n’est pas question de laisser un conjoint violent en cohabitation», a-t-elle dit.

ParVirginie Ballet

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