Bientôt de nouveaux types de tests pour faciliter le dépistage

Published 20/03/2020 in https:2020/03/20/

Bientôt de nouveaux types de tests pour faciliter le dépistage
Préparation de test de dépistage de coronavirus à l’ Institut Méditerranée infection à Marseille, le 3 mars.

Récit

Des chercheurs de tous pays développent outils et techniques afin que la détection du Covid-19 soit plus rapide, plus simple, plus fiable et plus automatisée.

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Le prélèvement dure quelques secondes, mais il faut ensuite envoyer l’échantillon dans le laboratoire spécialisé le plus proche. Selon le ministère de la Santé, 45 établissements en France disposent d’un labo adapté. L’analyse repose sur les manipulations humaines, et les résultats ne sont pas disponibles avant trois à cinq heures. D’où la rareté des tests actuels, sans compter que la saturation des labos et les arbitrages de priorité peuvent repousser l’annonce du diagnostic à vingt-quatre ou quarante-huit heures après le prélèvement.

Des tests automatisés, une capacité décuplée

D’autres laboratoires travaillent à élaborer des techniques de test alternatives, plus efficaces, qui sont en cours de déploiement. Basé en Suisse, Roche vient d’obtenir deux coups de tampon pour son test maison : le marquage CE pour un usage en Europe et une autorisation accordée en urgence par la Food and Drug Administration américaine. Alors que les premiers tests Pasteur ne pouvaient se faire qu’en labo de recherche, celui de Roche peut être effectué sur des plateformes de tests moléculaires nommées Cobas, de grandes armoires à analyses largement répandues dans les laboratoires de ville – qui ont justement le droit de diagnostiquer le Covid-19 depuis le début de la semaine. «Notre base installée est de 695 machines pour Cobas 6800 et de 132 pour Cobas 8800», précise un porte-parole de Roche.

Le test donne des résultats en trois heures et demie, mais surtout, il est automatisé : détecter le coronavirus devient un test standardisé de routine, parmi une batterie d’autres tests que les laborantins ont l’habitude de lancer sur les machines Cobas. Ces dernières analysent une centaine d’échantillons en parallèle, portant la cadence de diagnostics à 1 000, voire 2 000 ou 3 000 résultats par jour selon le modèle de machine. Le potentiel de productivité est décuplé, au minimum. D’autres plateformes de diagnostics automatisés, les Panther de la société américaine Hologic, viennent également d’être autorisées. Elles sont utilisées dans les hôpitaux de Lyon et Toulouse depuis deux semaines.

Des boîtiers magiques

De son côté, la société française BioMérieux prépare depuis mi-janvier un test basé sur un échantillon respiratoire, dont une première version devrait être disponible fin mars avec des résultats en quatre à cinq heures. «Il sera produit à l’échelle industrielle à Verniolle, dans l’Ariège, et vendu dans plus de 160 pays», a annoncé BioMérieux.

Mais la vraie avancée arrivera dans un second temps : le test BioMérieux sera intégré à ses petits instruments automatisés de diagnostic in vitro, ajoutant le Sars-CoV-2 à liste des 22 bactéries et virus qu’ils savent déjà détecter. Plus besoin de labo, l’instrument se débrouille tout seul, et les résultats tombent en quarante-cinq minutes. Ces boîtiers magiques seront évalués dans les prochains mois et «leur lancement aura lieu immédiatement après l’obtention des autorisations», sans doute au second trimestre. Les tests d’autres sociétés de biotechnologies, comme Novacyt ou Eurobio Scientific ne seront pas de trop pour faire face à la demande mondiale.

Des tests éclairs et plus sensibles

Pour booster encore la cadence, des scientifiques chinois d’Oxford ont trouvé une nouvelle solution. Leur test du Sars-CoV-2 est «beaucoup plus rapide et ne nécessite pas d’instrument compliqué», a annoncé l’université mercredi. Il suffit de répartir le prélèvement nasal en trois flacons et les faire réagir avec un produit chimique qui détecte l’ARN du virus. Si deux flacons passent du rose au jaune, le test est positif. Les résultats sont lisibles en une demi-heure.

Un premier essai a été effectué dans un hôpital de Shenzhen sur 8 patients infectés et 8 sains : le test n’a fait aucune erreur. Il serait aussi plus sensible que ses concurrents, ce qui permet «d’identifier les patients à un stade d’infection précoce, et potentiellement aider à réduire la propagation du coronavirus».

Dernier avantage : il a besoin de peu de matériel pour être utilisé et les résultats peuvent être lus à l’œil nu. L’équipe chinoise essaye maintenant de développer un kit tout-en-un pour qu’il puisse être utilisé «dans les aéroports, ou même à domicile».

ParCamille Gévaudan

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