Conforama sur la corde raide, des milliers d’emplois menacés

Published 18/05/2020 in https:2020/05/18/

Conforama sur la corde raide, des milliers d’emplois menacés
Mobilisation des salariés de Conforama à Charancieu, en Isère, en juillet 2019.

Défaillance

L’enseigne de meubles, en situation financière difficile après huit semaines de fermeture attend impérieusement un prêt de 320 millions d’euros garanti par l’Etat. Mais la banque BNP-Paribas se fait tirer l’oreille pour débloquer les fonds.

décidé de licencier 1 900 salariés et de fermer 42 magasins. Depuis, l’enseigne semblait remonter peu à peu la pente, lorsque le Covid-19 l’a contraint à baisser le rideau durant deux mois. Aujourd’hui, seule une vingtaine d’établissements a rouvert. Pour faire face à ses besoins de trésorerie immédiats, Conforama comme d’autres (Fnac-Darty, Europcar, ou encore Air France-KLM), a sollicité un prêt garanti par l’Etat d’un montant 322 millions d’Euros.

La chaise vide de BNP-Paribas

Un groupement de quatre banques, HSBC, LCL, Crédit du Nord et BNP-Paribas, a été sollicité. Histoire de mettre de l’huile dans les rouages, l’Etat qui veut à tout prix éviter un dépôt de bilan spectaculaire, a accepté de porter sa garantie de 80 à 90%, afin de limiter le risque des quatre banques. Vendredi après-midi, une réunion sur l’avancement de ce prêt devait avoir lieu quand le représentant de BNP, l’une des quatre banques sollicitées, a annulé sa présence, sans même prévenir les autres participants, selon certaines sources contactées par Libération. Depuis, la demande de prêt est dans l’impasse. Et Conforama a fait savoir au ministère de l’Economie que les salaires ne pourront pas être versés au-delà du mois de juin. Faute de solution, le dépôt de bilan serait donc inévitable et des milliers d’emplois menacés.

Du côté de Bercy, où le dossier est connu depuis longtemps, on renvoie toutes les parties prenantes à leurs responsabilités. D’une part, les neuf fonds d’investissement qui assurent les fins de mois de Conforama et doivent remettre 100 millions d’euros d’argent frais dans l’entreprise. De l’autre, les banques appelées à la rescousse pour le prêt de 320 millions d’euros. Le rôle de BNP-Paribas est particulièrement scruté par le gouvernement car la banque a déjà fait traîner les choses quand il s’est agi de participer au prêt de 7 milliards accordé il y a quinze jours à Air France. Une attitude qui a particulièrement agacé le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. La banque, elle, se défend de tout blocage et affirme ne regarder que le projet industriel et sa cohérence.

Le concurrent But en embuscade

Dans ce contexte plutôt tendu, un autre acteur est à la manœuvre. Le groupe But, concurrent de Conforama avec 215 magasins en France et 2,2 milliards de chiffre d’affaires. Son PDG, Alexandre Falck, le confirme à Libération «Nous avons fait une offre de reprise sur la totalité des magasins et l’ensemble des salariés de Conforama. En revanche nous ne sommes pas prêts à reprendre la dette financière.» Pour un rachat de cette nature, l’autorisation du tribunal de commerce serait nécessaire et signifierait donc que les propriétaires de Conforama aient décidé de jeter l’éponge et de passer la main.

La suite va donc dépendre de l’attitude de l’Etat et des banques, au premier rang desquelles BNP-Paribas. Si le prêt de 320 millions, garanti par l’Etat, est rejeté, Conforama déposera son bilan et pourra potentiellement être repris par But. De quoi inquiéter les 8 600 salariés de Conforama. «Dans 90 villes de France, nous sommes en concurrence frontale et nous visons les mêmes clients. Je ne vois pas comment But et Conforama pourraient coexister», confie un responsable syndical. Ce dossier illustre les difficultés à venir du commerce de détail non alimentaire. Fragilisé par la concurrence des sites de vente en ligne, il a vu ses difficultés aggravées par deux mois sans activité. Et la réouverture ne va pas forcément aller de pair avec le retour à meilleure fortune.

ParFranck Bouaziz

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