Etudes de santé : à Toulouse, pataquès sur la Paces

Published 14/05/2020 in https:2020/05/14/

Etudes de santé : à Toulouse, pataquès sur la Paces
La fac de médecine de Toulouse.

Récit

L’épreuve de fin de «première année commune des études de santé» a été grandement raccourcie à cause du coronavirus. D’aucuns estiment que le concours est ainsi faussé.

Ce que ne nie pas Elie Serrano, le doyen de la faculté de médecine de Rangueil en charge de l’organisation des concours. «Je comprends très bien ce que vivent les étudiants et j’ai conscience que c’est insatisfaisant d’un point de vue pédagogique», admet-il. Mais passés ces mots d’empathie, le professeur se fait lui-même contestataire de l’organisation des épreuves : «C’est une aberration sanitaire de maintenir ce concours, c’est une poudrière. Avant d’être doyen, je suis médecin. Et le professionnel de santé que je suis pense que tous les ingrédients sont réunis pour voir l’apparition d’un nouveau cluster.»

Réduire la durée des épreuves pour réduire le risque sanitaire

Alors pourquoi maintenir cet examen ? «Chaque faculté de médecine a la charge d’organiser ce concours encadré par un arrêté ministériel. Nous appliquons donc les consignes du ministère de l’Enseignement supérieur qui, pour l’instant, souhaite le maintien des épreuves», explique Elie Serrano. Voilà donc l’université de Toulouse contrainte de résoudre la «quadrature du cercle». Elle a donc tranché dans le vif en réduisant la durée des épreuves afin de limiter le risque sanitaire pour les candidats.

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Si les trois facs de médecine de la ville rose sont en première ligne de la polémique aux côtés de celles de Marseille, c’est que les deux universités ont été les premières à dévoiler les changements des modalités d’évaluation début mai. «Les épreuves c’est dans un mois et nous attendons toujours les préconisations du ministère quant à l’organisation du concours. A Toulouse, nous ne pouvions plus patienter : d’une part pour ne pas laisser les étudiants dans une incertitude insupportable, et d’autre part pour organiser le défi logistique qui nous attend», argumente le doyen de Rangueil.

Le protocole sanitaire élaboré pour le jour J est très complexe. Il prévoit par exemple deux heures pour gérer le flux d’entrée des candidats dans les salles et une heure trente pour la sortie, la désinfection du système de ventilation ainsi que toutes les tables et chaises à la pause de midi. Autant de temps, donc, enlevé à la composition des épreuves. «On pourrait étaler le concours sur plusieurs semaines mais à ce moment-là, nous ne serions plus en mesure de traiter les copies avant la fermeture des services le 23 juillet. On ne peut pas sacrifier la rigueur du processus de correction, l’enjeu est trop important», observe Elie Serrano.

Hausse nationale du numerus clausus

Pour l’universitaire, la solution la plus raisonnable serait de conserver les résultats des épreuves du premier semestre et d’annuler purement et simplement l’habituelle session de juin. «La première moitié du concours s’est déroulée en janvier et nous avons donc déjà un classement. On a observé les années précédentes que ce dernier ne bouge pas beaucoup avec la seconde partie. Pour ne léser personne, il suffirait d’augmenter le numerus clausus.» Un numerus clausus qui était à Toulouse de 267 étudiants admis en médecine en 2019 mais qui est encore inconnu pour 2020. Elie Serrano estime qu’on pourrait l’augmenter «de 10 % à 20 % cette année» pour assurer une forme d’équité compte tenu des conditions particulières d’organisation des examens en raison du Covid. 

Un début de réponse est venu jeudi matin de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal. Sur France Info elle a annoncé que pour sa dernière année d’application, le numerus clausus était fixé à 14 997 places pour la Paces en 2020. Il y aura notamment «9 361 [admissions] pour l’entrée en médecine, 1 332 pour l’entrée en odontologie, [ou encore] 3 265 pour l’entrée en pharmacie», a précisé la ministre. «C’est davantage que les années précédentes. Depuis 2017, le numerus clausus a augmenté de plus de 15 %», a souligné Frédérique Vidal. En ce qui concerne spécifiquement Toulouse, le numérus clausus va être porté, selon nos informations, à 280 admissions cette année (contre 267 en 2019). Soit une hausse de 5%, très inférieure à celle réclamée par le doyen Elie Serrano.

ParXavier Lalu

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