Moins de sept jours pour éviter la liquidation de GM&S

Published 23/06/2017 in Futurs

Moins de sept jours pour éviter la liquidation de GM&S
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Le tribunal de commerce de Poitiers a accordé un ultime sursis aux 277 salariés du sous-traitant automobile creusois. Le seul candidat potentiel, l’industriel GMD, n’a toujours pas fait d’offre contrairement à ce qu’espérait le gouvernement.

La mine fatiguée, ils étaient partis de La Souterraine à 7 h 30. Quatre cars affrétés spécialement pour le transport d’environ 200 salariés du sous-traitant automobile creusois, venus «sans grand espoir» d’après Elodie, jeune employée de 27 ans au service administratif, les fameux «services supports» qui seraient exclus d’une éventuelle reprise par le leader de l’emboutissage GMD. «On est abattus, c’est pesant depuis six mois cette ambiance. Rendez-vous compte, une reprise à 120 personnes ça fait presque deux collègues sur trois qui s’en vont : c’est lourd à vivre. On ne s’attendait pas à un miracle, mais je regrette que GMD n’ait toujours pas formulé d’offre claire, car j’en déduis qu’il attend notre liquidation pour faire une affaire sur notre dos. Dans ces conditions là, comment voulez-vous qu’on reprenne le boulot de bon cœur ?» interroge la jeune femme.

Compte à rebours

Audience courte, pour des nouvelles sombres : le tribunal a reporté sa décision au 30 juin. Dans sept jours, si aucune solution de reprise ne se présente, ce sera la liquidation… A la sortie, la délégation des trois représentants syndicaux et leur avocat ont le visage fermé, les traits durcis, conscients du compte à rebours qui vient de s’enclencher. Ils rejoignent leurs collègues sur les marches du tribunal de Poitiers et racontent. «On sort d’une audience particulièrement éprouvante où tous les acteurs du dossier, administrateurs judiciaires compris, se sont prononcés en faveur d’une liquidation. Nous seuls, avec le soutien du procureur, portions la demande d’une poursuite d’activité même courte, jusqu’à septembre, qui selon nous permettrait une reprise qualitative pour l’outil et pour l’emploi», a résumé MBorie, l’avocat des salariés. Jugeant qu’aucune «solution ne pourra être trouvée contre l’intérêt des salariés, ou en tout cas, sans leur soutien», l’avocat a estimé que les protagonistes du dossier avaient mis en place contre ses clients «une stratégie de l’épuisement contre-productive».


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Même si «je vous l’avoue je ne suis pas d’un optimisme débridé, nous avons commencé l’audience avec le sentiment d’être acculés, face à des gens qui voulaient faire endosser aux salariés un choix qui n’était pas le leur et nous avons terminé l’audience avec peut-être un espoir : que la semaine qui vient nous apporte des solutions pour le financement de la période d’observation condition nécessaire à un rapprochement des points de vue entre repreneur et salariés. Ma seule certitude c’est donc que les huit prochains jours seront décisifs», conclut l’avocat.

Bloquer l’usine ou non

Lundi, les salariés décideront en assemblée générale de la poursuite ou non du blocage de leur usine. Celui-ci dépendra selon Vincent Labrousse, délégué CGT, «des garanties que nous obtiendront dans l’intervalle», évoquant par ces mots sibyllins la négociation en cours avec les constructeurs, que les salariés espèrent voir financer une prolongation de la période d’observation jusqu’à septembre. Mardi, les élus du personnel seront de nouveau reçus au ministère de l’économie. «Une réunion qui peut encore changer les choses», veulent croire les syndicats, même si le ton semble plus vaincu que convaincu.

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«Nous, on pense qu’il y a des possibilités de faire converger les solutions : c’est à l’Etat d’activer tous les leviers et aux constructeurs qui ont affiché leur volonté que ce site vive d’y mettre les moyens financiers, et c’est dans cet état d’esprit que nous nous rendrons à Paris mardi», explique le même Vincent Labrousse. Il y a deux mois, en pleine campagne présidentielle, les salariés de GM&S avaient «piégé» symboliquement leur usine de La Souterraine avec des bonbonnes de gaz pour attirer l’attention sur leur sort. Depuis, Emmanuel Macron est venu leur dire qu’il ferait ce qu’il pourrait pour les aider mais qu’il n’était pas «le Père Noël». A La Souterraine, on a bien compris qu’il n’y avait pas attendre de miracle du nouveau président de la République. Mais «il faut pas qu’ils nous poussent à bout parce que chez nous, quand ça pète, ça pète», a prévenu le délégué CGT sous les applaudissements de ses collègues.

ParJulie Carnis, Correspondante à Limoges

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