Le pape, souverain en librairie

Published 29/07/2015 in Société

Le pape François place Saint-Pierre, à Rome, le 14 juin. (Photo Tiziana Fabi. AFP)

LES GENSUn mois et demi après sa publication, son encyclique sur l’écologie s’est déjà vendue à plus de 100 000 exemplaires.

Objectif Da Vinci Code ? Le pape François va-t-il se hisser à la hauteur de Dan Brown et son fameux best-seller esotérico-policier, l’un des plus gros succès mondiaux de l’édition ? Le combat ne fait que commencer. Mais, d’ores et déjà, le pontife catholique cartonne dans les librairies où son encyclique sur l’écologie, Laudato si («Loué sois-tu»), publiée le 18 juin, se vend comme des petits pains. Un mois et demi après sa sortie, le texte a franchi allègrement la barre des 100 000 exemplaires en France, un véritable phénomène d’édition. Car si la prose de François est assez facile à lire, ce n’est quand même pas du Valérie Trierweiler.

«A chaque fois, nous vendons bien les grands textes des papes. Mais je n’avais jamais vu cela, reconnaît Mathilde Mahieux, la responsable du secteur religions à la librairie catholique La Procure, à Paris. Les clients l’achètent avec d’autres livres pour partir en vacances.» A La Procure, une cinquantaine d’exemplaires de Laudato si est écoulée chaque jour. Le texte, qui existe en six éditions (toutes issues de maisons catholiques), est vendu entre 3,90 et 4,90 euros. Peu cher, donc. «L’objectif était une diffusion maximale», souligne Jean-François Colosimo, le patron des éditions du Cerf, l’un des principaux éditeurs religieux en France. Mais l’encyclique existe aussi en accès libre sur Internet.

François bat Benoît

«La contestation de la mondialisation sauvage a trouvé son porte-voix», estime Jean-François Colisimo. C’est sans doute l’une des clés du succès du texte. Au regard des chiffres, l’audience du pape dépasse les cercles catholiques. «Bergoglio s’affirme autant comme un leader politique que comme un leader spirituel», pointe l’éditeur et journaliste Michel Cool (éditions Salavator). «C’est un bon client pour les édtieurs», ajoute-t-il. De fait, François bat déjà à plate couture son prédécesseur, Benoît XVI. Il fallait un à deux ans pour écouler en moyenne 60 000 exemplaires de ses encycliques.

Pour autant, François ne va pas se remplir les poches. Sur ce texte, «un texte du magistère», comme on dit en jargon catholique, il ne touche pas de droits d’auteur. Pour ce type d’écrits, le pape s’adjoint d’ailleurs l’aide d’un ghostwriter, Víctor Fernández, le recteur de l’université catholique d’Argentine, l’un de ses fils spirituels à Buenos Aires. Ce prêtre argentin est la bête noire des milieux conservateurs catholiques. En fait, c’est la Libreria Editrice Vaticana, la maison d’édition du Vatican, qui signe les contrats avec les éditeurs à l’étranger et perçoit les droits. «C’est conforme aux usages internationaux», dit Jean-François Colosimo. Pour le reste, le secret est bien gardé.

Bernadette SAUVAGET

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