Cinq chiffres pour clore le Tour 2015

Published 27/07/2015 in Sports, Tour de France 2015

Le Français Romain Bardet encouragé par des supporters. (AFP)

DATADe la domination jaune de Chris Froome au bilan français, en passant par la lanterne rouge et l’internationalisation du peloton, cinq graphiques pour faire le malin lors de votre prochain apéro entre amis.

Le triomphe de Christopher Froome, les trois victoires d’étapes françaises, les quatre succès d’André Greipel, le maillot blanc de meilleur jeune pour Nairo Quintana, le quatrième maillot vert de rang de Peter Sagan… Que faut-il retenir d’autre du Tour de France 2015, qui s’est achevé dimanche sur les Champs-Elysées ?

Froome, une domination en jaune

En terminant avec 1’12” d’avance sur Nairo Quintana, Christopher Froome n’a de toute évidence pas écrasé la concurrence. Cet écart avec son dauphin colombien tranche avec l’impression de domination laissée pendant l’épreuve, en fait surtout influencée par sa démonstration de La Pierre-Saint-Martin, qui a fait couler tant d’encre. En revanche, le nombre de jours passés en jaune par le Britannique va plutôt dans le sens d’une domination sans partage :

En étant maillot jaune pendant quinze jours, Froome n’a laissé le paletot de leader à d’autres coureurs que cinq journées : c’est très peu. Certes, ce n’est pas du niveau de Vincenzo Nibali, qui n’avait laissé à personne ou presque la chance de porter ce maillot l’an passé, mais sur ces dix dernières années, personne d’autre n’avait fait aussi bien. On remarque aussi une tendance lourde depuis quatre ans : celle d’une course dont le leader s’affirme vite et garde son avantage. De Wiggins, en 2012, à Froome, cette année, en passant donc par Nibali l’an dernier mais aussi Froome, déjà, en 2013, les retournements de situation en tête du classement général ont quasiment disparu. Un schéma qui tranche avec les éditions précédentes.

Un top 10 ni serré, ni distendu

Autre façon de mesurer que si Froome a dominé le Tour, il ne l’a pas écrasé : l’écart qui le sépare du dixième du général, Pierre Rolland. Où l’on constate que l’amplitude du top 10 final est somme toute dans la droite ligne des éditions précédentes…

Dixième à 17’30” de Christopher Froome, Pierre Rolland a ainsi terminé le Tour 2015 à peu près aussi loin du vainqueur que les dixième de 2013 (Andrew Talansly, 17’39”) ou 2012 (Thibaut Pinot, 17’17”), voire 2006 (Frank Schleck, 16’49”). Et bien plus près que Bauke Mollema, dixième à 21’15” l’an dernier. On est certes loin du top 10 qui se tenait en dix minutes en 2008 (Vladimir Efimkin, dixième à 9’55”), mais les écarts creusés par Froome n’ont rien d’inédit, loin s’en faut.

Un jour de plus pour le dernier

Très montagneux et sans répit, avec sa première semaine pimentée, le parcours du Tour 2015 s’annonçait épuisant dès sa présentation, en octobre dernier. Un pronostic qui s’est vérifié au fil des trois semaines et que l’on peut mesurer en regardant l’écart qui sépare le vainqueur du Tour de France, Chris Froome, du représentant parfait du gruppetto, à savoir le dernier du général, Sébastien Chavanel, relégué à 4 heures, 56 minutes et 59 secondes. Soit, grosso modo, le temps de selle d’une étape entière.

Ce n’est certes pas aussi spectaculaire que les six heures et quelques concédées l’an dernier par Ji Cheng, mais il s’agit quand même du deuxième écart le plus important entre le premier et le dernier du général de ces dix dernières années. Ce n’est pas vraiment un hasard si 2014 et 2015 sortent du lot : cela fait en effet deux ans qu’ASO, l’organisateur du Tour, a clairement réorienté son épreuve, jusqu’ici mieux équilibrée, vers la haute montagne, plutôt que les contre-la-montre par exemple. Conséquence directe, les écarts s’allongent.

Un bon cru pour les Bleus

Après leur sensationnel Tour 2014, il fallait s’attendre à ce que les coureurs français fassent moins bien cette année, tant il était difficile de faire mieux. Les deux premières semaines auront, de fait, été assez difficiles, mais les Bleus se sont ensuite repris et le bilan final est en réalité très bon, preuve aussi que les exigences du public ont fortement augmenté, en même temps que le niveau général du peloton tricolore, ce qui est normal et plutôt bon signe. Neuvième et dixième du classement final de l’épreuve, Romain Bardet et Pierre Rolland assurent ainsi deux places dans le top 10.

Ce n’est donc pas à la hauteur du triplé de l’an dernier (Jean-Christophe Péraud 2e, Thibaut Pinot 3e, Romain Bardet 6e), mais cela aurait tout de même été sensationnel il y a encore cinq ans. Or, non content de placer deux coureurs dans le top 10, le cyclisme français peut aussi s’enorgueillir de trois victoires d’étapes (Alexis Vuillermoz, Romain Bardet, Thibaut Pinot), du trophée de super-combatif (Romain Bardet) et de plusieurs autres coureurs dans le top 20 final (Warren Barguil 14e, Thibaut Pinot 16e, Mikaël Chérel 18e). Très solide.

Un classement pas si diversifié

C’est l’une des marottes du moment : le cyclisme s’internationalise. On s’est gargarisé, sur cette édition 2015, de la participation inédite d’une équipe africaine, MTN-Qhubeka, et de coureurs Noirs africains, les Erythréens Merhawi Kudus et Daniel Teklehaimanot. Cette internationalisation est réelle, mais elle tarde encore à se manifester au palmarès. Ce sont encore les nations «traditionnelles» qui trustent la plupart des victoires et des accessits, et il suffit de lire le classement général final pour s’en persuader.

Avec sept nationalités différentes dans le top 10 (Royaume-Uni, Colombie, Espagne, Italie, Pays-Bas, Suisse, France), le Tour 2015 est dans la moyenne de ces dix dernières années : ni plus, ni moins. Mais si l’on élargit au top 20, c’est l’un des classements généraux les moins diversifiés de la décennie. Seulement trois nationalités viennent s’ajouter (Etats-Unis, Belgique, République tchèque), soit un total de dix, assez loin des treize pays recensés en 2006, 2010 et 2012. Moins exotique, aussi, puisque ont disparu le Kazakhstan, l’Estonie, la Slovénie, l’Australie, le Portugal, le Canada, la Suède, la Russie…

Baptiste BOUTHIER

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