Stewart Brand, pape de la dé-extinction

Published 29/07/2015 in Cahier d'été 2015

Dans les collections du musée autrichien d’Histoire naturelle de Vienne, en 2010.© Klaus Pichler / AnzenbergerEXCLUSIVE! PLEASE CLEAR RIGHTS AND PRICE BEFORE PUBLICATION! (Photo Klaus Picher. Anzenberger)

RÉCITFigure de la contre-culture américaine dans les années 60, l’ex-hippie dirige désormais sa fondation, Long Now, aux visées démiurgiques explicites.

Sa conférence est baptisée «Etes-vous prêts ?» mais la question ne vaut évidemment pas pour lui. Stewart Brand est prêt depuis longtemps. Impatient, même. En février 2013, devant un auditoire conquis, le septuagénaire vante les vertus de la dé-extinction. L’exposé touche à sa fin. Brand jette un regard complice vers le public : «Voulez-vous que les espèces disparues reviennent ?» Clameurs enthousiastes et applaudissements jaillissent. Le président de la fondation Long Now jubile.

Chez Stewart Brand, la science n’est jamais loin du divertissement, du rêve. L’homme s’est fait connaître en 1966 grâce à une campagne de lobbying étonnante. Il voulait que la Nasa publie la première photo de la Terre vue de l’espace. Diplômé de biologie, ancien parachutiste, le jeune Brand est un touche-à-tout inclassable. Après avoir rallié des groupes hippies amoureux du LSD, il publie en 1968 le premier volume du Whole Earth Catalog, une claque générationnelle. Ce manuel de la débrouille, bourré d’infos pour apprendre à fabriquer soi-même tout et n’importe quoi, l’installe comme une figure de la contre-culture américaine.

En 1985, il participe à la création du Whole Earth ‘Lectronic Link (Well), un système de conférences électroniques qui annonce Internet, puis cofonde le magazine Wired en 1993. Aujourd’hui, l’agitateur techno-scientifique s’est pris de passion pour la dé-extinction. Il organise le mouvement grâce à sa fondation Long Now, financée par des dons et des subventions. L’ex-hippie est persuadé que l’homme doit réparer les dégâts et tenter de recréer ce qu’il a fait disparaître, fidèle aux mots qui ouvraient, en 1968, le premier numéro de son catalogue bricolo : «Nous sommes l’équivalent des dieux et ferions mieux d’être à la hauteur.»

Guillaume PAJOT

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