Discrimination : Vidalies et Cambadélis dérapent sur les ondes

Published 24/08/2015 in Politique

Le secrétaire d’Etat aux Transports, Alain Vidalies, à l’Assemblée nationale, le 30 juin. (Photo Martin Bureau. AFP)

LES GENSEn grande forme dans les matinales ce lundi matin, le secrétaire d’Etat aux Transports et le premier secrétaire du Parti socialiste n’ont pas lésiné sur les moyens de polémiquer.

Lundi matin, Jean-Christophe Cambadélis était sur RTL. Alain Vidalies, lui, sur Europe 1. Honneur au second. Interrogé sur le risque de délit de faciès alors que la SNCF prévoit le renforcement des fouilles aléatoires de bagages, après l’attaque du Thalys vendredi, le secrétaire d’Etat aux Transports l’a joué décomplexé : «A chaque fois qu’on parle de fouille aléatoire, quelqu’un dit “oui, mais ça risque d’être discriminatoire”. Eh bien, écoutez, moi, je préfère qu’on discrimine, effectivement, pour être efficace plutôt que de rester spectateur.» La sortie de route du ministre socialiste passe d’autant moins bien que le candidat Hollande avait promis de lutter contre le contrôle au faciès et que l’Etat a été condamné pour «faute lourde» au mois de juin à ce sujet.

Depuis les propos de Vidalies, les réactions tombent de tous côtés sur les réseaux sociaux. Yann Galut, député PS du Cher : «On ne peut accepter qu’un ministre se résigne à anticiper des discriminations – Manuel Valls doit rétablir ce qu’est la République : égalité.» Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF : «Quand un ministre justifie la discrimination pour lutter contre le terrorisme, il ne parle plus au nom de la République.» Pour sa part, Laura Slimani, présidente des Jeunes Socialistes, demande des «excuses». Plus tard dans la matinée, Alain Vidalies est revenu sur ses propos au micro de France Info. «C’est le résumé d’une phrase repris notamment sur les réseaux sociaux mais, un peu plus loin, j’ai repris le fait que le risque existait et que la réponse était dans la formation des personnels», a-t-il déclaré. 

 «Pilule de “Padamalgam”»

Photo de Jean-Christophe Cambadélis dit craindre une «guerre civile» en cas de victoire du Front nationalLundi matin, le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, était lui aussi en forme. Après quelques semaines de vacances, il revient avec un bouquin (A gauche, les valeurs décident de tout, Plon) et un ennemi : le FN. Du coup, promotion oblige, il multiplie les sorties. Sur l’antenne de RTL, il a tapé fort : «Si le Front national arrivait au pouvoir, il appliquerait son programme, je suppose. C’est-à-dire qu’il raccompagnerait à la frontière 4 millions de Français musulmans. Cela provoquerait des tensions énormes. On ferait la chasse à tout ce qui est maghrébin, comme on le fait à Mantes-la-Jolie [Yvelines] en ce moment. On s’attaquerait donc à une partie de notre population. Ceci créerait des tensions insupportables pour la société française.» Et Cambadélis de parler de «guerre civile»… (Photo DR)

Le Front national n’en demandait pas tant. Marine Le Pen a réagi sur Twitter : «Cambadélis compare 4 millions de Français musulmans et les terroristes islamistes. Il a oublié de prendre ce matin sa pilule de “Padamalgam”.» Puis, le vice-président du FN, Florian Philippot : «Quand on est nul et complètement dépassé par la situation, on dit n’importe quoi et on ment. Signe de panique.» Dans cette polémique qu’il a lancée, Cambadélis n’a pour le moment pas reçu le soutien du moindre camarade. Le patron du PS, qui connaît la force des mots, continue d’affirmer que la stigmatisation du FN est un des outils à mobiliser pour lutter contre le parti d’extrême droite, avec ou sans Jean-Marie Le Pen dans ses rangs. Des résultats sur le front de la lutte contre le chômage et les inégalités seraient autrement plus efficaces.

Rachid LAÏRECHE

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