Laurent Hénart: «Affichons notre complète indépendance politique»

Published 05/09/2015 in France

Laurent Hénart pose devant la mairie de Nancy, le 23 décembre 2013 (Photo Jean-Christophe Verhaegen. AFP)

INTERVIEWPour les radicaux valoisiens, qui n’envisagent pas de participer à la primaire de «Les Républicains», François Bayrou reste un candidat plus que crédible à la présidentielle.

Plus vieux parti de France, les radicaux valoisiens ouvrent aujourd’hui (samedi) leur 115e congrès à Aix-en-Provence et mettent la touche finale à leur manifeste avant la présidentielle de 2017. Composante majeure de l’UDI – le rassemblement de centre droit créé par Jean-Louis Borloo — le parti radical valoisien, présidé par le maire de Nancy Laurent Hénart, a invité François Bayrou à participer à ses débats. Une manière de signifier que, pour eux, l’ancien président de l’UDF reste toujours un candidat plus que crédible dans la course à l’Elysée. D’autant plus que les radicaux valoisiens n’envisagent pas un seul instant une participation aux primaires organisées par l’UMP.

Est-ce que les radicaux se sentent aujourd’hui à l’aise dans la maison UDI dirigée par Jean-Christophe Lagarde ?

La question n’est pas là. Nous cherchons à refonder notre projet, notre manifeste radical pour proposer une république nouvelle dans un contexte de crise morale économique et internationale qui voit prospérer le Front national. Mais nous n’oublions pas qu’un de nos objectifs premiers reste la construction de l’UDI avec deux axes. Le premier est que le pays a besoin d’un vent nouveau, d’oxygène, d’idées neuves. Par conséquent je dis à Jean-Christophe Lagarde avec lequel je suis totalement solidaire: «Prépares nous à 2017 et prépares toi à y aller.» Je ne cesse de le lui dire. Il faut que l’UDI soit en mesure d’afficher sa complète indépendance politique.

Le second est que l’UDI doit aussi rester une force politique ouverte. C’est le sens de l’invitation à François Bayrou mais aussi au patron de nos cousins éloignés Jean-Michel Baylet, le président des radicaux de gauche et bien évidemment à Jean-Christophe Lagarde. Nous n’avons pas toujours été d’accord entre nous mais nous partageons bon nombre de valeurs et nous ne pouvons pas envisager la recomposition politique voulue et nécessaire sans cette ouverture.

Est-ce que cela signifie que vous ne soutiendrez pas forcément le candidat issu du choix des primaires organisées par le mouvement Les Républicains ?

Pour l’instant l’UDI n’a pas fait son choix et ce que notre formation défend avant tout c’est sa liberté à faire ses propres choix, à se préparer à soutenir sa propre candidature.

S’il sortait vainqueur de cette primaire, Nicolas Sarkozy vous semble à même de porter ce vent nouveau que vous souhaitez ?

Nous devons surtout être nous-mêmes en mesure de porter ce message de renouveau. Le sujet de la primaire n’est pas de dire que tel sortant nous convient mieux que tel autre. Soit cette consultation nous permet de porter nos idées, nous y participons et nous sommes liés par le résultat. Soit nous estimons que ces primaires se limitent au choix d’une personne et non pas au choix d’un projet et d’un destin pour le pays.

Et alors vous participerez à ces primaires ?

Pour l’instant ce sont les primaires du parti Les Républicains. Un seul parti en a fixé la charte et en a défini les règles. Nous avons décidé de faire un parti politique nouveau. Ce n’est pas pour souscrire à des règles du jeu édictées par une autre formation. Je le répète, bâtissons notre projet sur nos valeurs et préparons notre propre candidature.

Et Bayrou pourrait-il incarner une nouvelle fois une candidature centriste ?

Une nouvelle fois, je le répète : «Jean-Christophe, tiens-toi prêt !» Nous devons avoir notre propre stratégie et pas d’emblée nous positionner en tant que supplétifs. Avec François Bayrou, reprenons le dialogue. Tout simplement. Avec une personnalité qui se situe résolument dans l’opposition républicaine face aux échecs répétés de François Hollande.

Est-ce que ce n’est pas non plus un message adressé à «LR» pour leur signifier que vous avez un joker dans votre manche ?

Nous réaffirmons avant tout notre indépendance, celle de l’UDI et de notre rôle au sein de cette formation pour bâtir justement une formation indépendante. Et nous attendons de François Bayrou qu’il nous fasse part de son diagnostic sur l’état du pays et de sa vision des choix cruciaux de la prochaine présidentielle. Si nous voulons gagner en 2017, cela se fera sur un modèle de diversité et non plus de gauche plurielle telle que l’avait construit Lionel Jospin en 1997 et en train d’exploser aujourd’hui. Ce n’est pas ce modèle qui fera gagner l’opposition en 2017. Mais celui de la diversité et de l’expression de sensibilités différentes.

Christophe FORCARI

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