Un avion d’Air France dérouté pour une fausse bombe en carton

Published 20/12/2015 in France

Le PDG d’Air France, Frédéric Gagey, lors d’une conférence de presse à Paris, le 20 décembre.

Récit

Le vol AF 463 en provenance de l’Ile Maurice et à destination de Paris a atterri d’urgence au Kenya, samedi soir, après la découverte d’un objet suspect dans les toilettes. Fausse alerte mais véritable intention de nuire.

Il y a eu ce message : «Des démineurs kényans ont découvert une bombe dans un avion d’Air France à l’aéroport international de Mombasa. L’explosif a été transporté dans un endroit sur à l’extérieur de l’aéroport.» Quelques lignes postées sur la page Facebook des autorités aéroportuaires du Kenya, dimanche à 10h06, ont replacé pendant quelques heures la France comme cible privilégiée de la menace terroriste. Et ce, malgré la prudence du ministre kényan de l’Intérieur indiquant que l’objet était en cours d’analyse.

Il ne s’agissait pourtant que d’une fausse alerte : l’objet suspect découvert à bord du Boeing 777 dérouté samedi soir était «un ensemble composé de cartons, de papier et d’une espèce de minuteur», a indiqué Frédéric Gagey, PDG d’Air France, dimanche après-midi. «Il n’y avait rien qui présentait un caractère dangereux.» entre-temps, les autorités aéroportuaires ont modifié leur communiqué, remplaçant le mot «bombe» par «objet» dans leur post. Air France a néanmoins réclamé l’ouverture d’une enquête : l’objet trouvé dans les toilettes de l’avion était bien destiné à créer un effet de panique.

Le premier communiqué des aéroports kényans

 

«Le doute doit toujours bénéficier à la sécurité»

Le vol AF 463 avait décollé de l’Ile Maurice à 21h17 (18h17 en France) avec 459 passagers à bord et 14 membres d’équipages. Il devait atterrir Roissy-Charles-de-Gaule à 5h50. La suite, Eric Prévot, porte-parole de la compagnie française, la raconte pour Libération : «Juste après le repas du soir, environ deux heures après le décollage, l’équipage a commencé à configurer la cabine pour la nuit, en diminuant l’éclairage. Les passagers commençaient à s’endormir. C’est à ce moment que le commandant de bord a été alerté par une hôtesse qu’un passager avait découvert un colis derrière le miroir des toilettes en porte 3, à l’aplomb de l’aile. Il s’agissait d’un objet de 10 cm par 10 cm avec un compteur à son sommet, qui faisait penser à un engin explosif.»

Plus tôt dans la journée, une source interne à Air France, interrogée par l’Agence France Presse, avait décrit l’objet comme étant composé de deux horloges digitales transparentes affichant deux horaires différents, sans a priori de décompte, d’un fil noir ressemblant à une antenne de radio-réveil, et de quatre cartons rectangulaires reliés par un adhésif et des pinces métalliques.

Le commandant de bord a contacté immédiatement le Centre de contrôles des opérations (CCO) d’Air France, basé à Roissy, véritable cœur opérationnel au sol de la compagnie aérienne. Après analyse par téléphone avec le service de déminage basé à Versailles et le service de sécurité d’Air France, le commandant de bord a décidé de dérouter l’avion, alors au-dessus de l’océan Indien, vers l’aéroport de Mombasa, dans l’est du Kenya. «Le doute doit toujours bénéficier à la sécurité», justifie Eric Prévot, par ailleurs commandant de bord sur des 777. Dans cette situation, l’équipage applique la check-list «objet suspect» : descente rapide sous les 3 000 mètres, afin de réduire au maximum la différence de pression entre l’extérieur et la cabine et ainsi minimiser les dégâts liés au souffle que pourrait provoquer une explosion, et sorties des volets et du train afin de configurer le Boeing en mode atterrissage.

«Acte extrêmement agressif»

Le vol AF 463 s’est posé sans encombre à 00h37 locales (22h37 en France). Et les passagers, avertis de l’escale forcée en raison «d’un problème technique», ont été évacués par les toboggans. Ils devaient être rapatriés en France la nuit dernière ou ce matin, a déclaré le PDG d’Air France.

Des passagers du vol d'Air France, à l'aéroport de Mombasa, après l'atterrissage forcé.Des passagers du vol d’Air France, à l’aéroport de Mombasa, après l’atterrissage forcé. Photo AFP

«C’est un acte extrêmement agressif à notre encontre», a souligné Frédéric Gagey. S’il n’a donné aucune information sur la façon dont ce colis a été placé dans ce placard des toilettes, il a cependant précisé que le personnel de bord avait vérifié l’ensemble des placards avant le décollage, y compris celui des toilettes. «Comme il y a eu une visite avant le vol et qu’on ne l’a pas trouvé, je pense que l’objet a sans doute été placé là pendant le vol.» a ajouté le PDG. Et de préciser qu’Air France a subi quatre fausses alertes à la bombe à bord de ses avions ces quinze derniers jours, «trois sur le territoire américain, en plus de celle sur l’avion en provenance de l’Ile Maurice».

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