Quels sons va-t-on entendre sur Mars ?

Published 19/07/2016 in Futurs

Emplacement envisagé pour installer un microphone sur le futur rover de la Nasa, qui roulera sur Mars en 2021.

Sciences

En 2020, le futur rover martien de la Nasa emportera deux microphones, afin d’optimiser ses expériences scientifiques… Et permettre au grand public d’entendre enfin les sons de la planète rouge.

Le vent qui fait voler la poussière ocre, le bruit des roues sur les roches… Pour s’imaginer fouler le sol de la planète rouge, il y a Seul sur Mars, et puis il y a la réalité. Le successeur du rover Curiosity, une astromobile que la Nasa enverra sur Mars en 2020, emmènera deux microphones pour en enregistrer les sons pour la première fois. La liste des instruments scientifiques emportés par le rover vient d’être arrêtée, alors que la mission mars 2020 vient d’entrer en phase de «design final et fabrication».

D’abord, il y aura le micro pour enregistrer «les sons encore jamais entendus de l’entrée dans l’atmosphère, de la descente et de l’atterrissage». Ils serviront à monter une chouette vidéo reconstituant l’arrivée du rover sur Mars, mais surtout à fournir à l’équipe de la mission de précieux renseignements sur le déroulement technique de l’atterrissage : déploiement des parachutes, ajustement de la zone d’atterrissage à l’aide de rétrofusées… Le son apportera des informations complémentaires à l’image.

Un autre micro sera intégré à SuperCam, la caméra qui tirera des rayons laser sur les roches martiennes pour analyser leur composition par spectroscopie. SuperCam, qui est l’un des instruments phares du futur rover, est conçu en partenariat entre le laboratoire de Los Alamos aux États-Unis et l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (IRAP) à Toulouse.

Là aussi, le son apportera des informations supplémentaires sur les roches étudiées. Des tests sur Terre indiquent que, lorsque les grains de roche sont attaqués par le laser, «le volume du son nous renseigne sur la masse de matière vaporisée». Plus c’est fort, plus la roche a été dégommée.

Acoustic signal (volume) versus ablated mass showing the correlation between the two.

Corrélation entre la masse de roche vaporisée et le volume sonore.

En outre, explique la pédagogique Planetary Society (organisation à but non-lucratif qui développe la recherche, notamment sur l’exploration de Mars), «le volume sonore est à son maximum quand la mise au point du laser est optimale, donc un microphone pourrait augmenter la capacité de l’autofocus.»

Le micro capterait aussi le bruit du vent pour renseigner les pilotes du rover sur la situation météo martienne, le bruit des roues sur le sol, la circulation du gaz dans le rover pour son contrôle thermique… Sans compter, bien sûr, que tout ceci «serait cool à écouter pour le grand public». Curiosity n’est pas équipé de microphone, mais de précédentes missions martiennes l’avaient envisagé. A chaque fois, c’est tombé à l’eau : l’atterrisseur Mars Polar Lander s’est écrasé avec son micro et Phoenix s’est posé sans allumer le sien pour éviter un problème technique.

La Planetary Society en profite pour rappeler que l’atmosphère martienne – froide, ténue, avec beaucoup de dioxyde de carbone – ne propage pas les sons comme l’air terrien. Ils sont étouffés à une distance beaucoup plus courte, et la voix humaine y serait plus grave, comme l’effet inverse de la voix de canard que procure une bouffée d’hélium.

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