Mars perd les eaux

Published 02/09/2016 in Futurs

Les points bleus notent l’emplacement des traînées sombres («recurring slope lineae») à la surface de Mars, dont on ne comprend pas l’évolution saisonnière.

Astronomie

De mystérieuses traînées sombres à la surface de Mars semblaient prouver la présence d’eau liquide, annonçait la Nasa l’an dernier. Mais une nouvelle étude américaine estime que le sol est aussi sec qu’un désert terrien.

La présence d’eau liquide sur Mars est une hypothèse de moins en moins probable à mesure que les scientifiques étudient la surface martienne. L’an dernier, en septembre, la Nasa avait fait monter une incroyable mayonnaise autour des drôles de marbrures noires qui s’étendent et rétrécissent au fil des saisons le long des dunes martiennes. Le chercheur américain Lujendra Ojha étudiait ce phénomène depuis 2010 et avait fini par conclure, dans une étude publiée par la revue britannique Nature Geoscience, que les traînées étaient formées par une solution de sels hydratés dits «perchlorates».

Mais une autre équipe composée du chercheur Christopher Edwards (de la Northern Arizona University) et Sylvain Piqueux (du Jet Propulsion Laboratory de la Nasa) tempère. Ils ont étudié plusieurs années de clichés pris par Themis, un instrument du satellite Mars Odyssey qui étudie les roches en surface de la planète, pour connaître la température du sol à différents endroits. Et ils remarquent qu’il n’y a aucune différence de température détectable entre les 44 zones à traînées noires et d’autres zones de référence.

Or, explique l’article du Jet Propulsion Laboratory, «quand de l’eau est présente entre les particules du sol ou des grains de sable, cela affecte la vitesse à laquelle le sol se réchauffe durant la journée et se refroidit la nuit.» C’est donc qu’il n’y a pas d’eau dans les recurring slope lineae – les traînées sombres… Ou alors, en très petite quantité. Au maximum 3 %, soit 30 grammes d’eau pour un kilo de sol. Sur Terre, c’est un taux digne des déserts les plus secs.

L’hypothèse de l’eau liquide avancée l’an dernier n’est donc pas incompatible avec les découvertes de cet été. Mais la fenêtre est mince. «On peut avoir des sels hydratés sans avoir assez d’eau pour remplir les interstices entre les particules de sol», explique Edwards. Au lieu de venir du sol, l’eau (hypothétique) des traînées pourrait avoir été captée sous forme de vapeur depuis l’atmosphère, par exemple. D’étude en étude, «on réduit la fourchette des explications possibles. Ca nous montre qu’on a encore tant à apprendre sur Mars et son habitabilité…»

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