Primaire : Montebourg veut rester dans la lumière

Published 02/01/2017 in elections-presidentielle-legislatives-2017

Primaire : Montebourg veut rester dans la lumière
Arnaud Montebourg sur la péniche Rosa-Bonheur, à Paris, le 1er décembre.

Communication

Avant la présentation de son programme économique mercredi, l’ex-ministre de l’Economie a invité ce lundi matin les médias pour une «rencontre café-croissants» dans son QG, à Paris. Une manière de ne pas laisser s’installer un duel Valls-Peillon.

Le carton d’invitation annonçait une simple «rencontre sous la forme d’un café-croissants réservé à la presse». Un «échange» avec Arnaud Montebourg dans son QG de campagne voisin de l’institut Pasteur dans le sud de Paris, en forme de remise en route après les fêtes et avant une (vraie) conférence de presse, mercredi, pour présenter son «programme économique, la stratégie pour l’emploi et le chiffrage du projet présidentiel». L’informel avant le formel. Mais, arrivé devant les locaux exigus du candidat, on est accueilli par une demi-douzaine de caméras. La cuisine est inaccessible pour aller chercher un café, et le candidat débarque vingt minutes plus tard, claquant des «bonne année» ou encore des «ça fait longtemps qu’on s’est pas vu», ravi d’avoir tous les médias nationaux devant lui. Le tout est filmé, tout comme sa petite demi-heure de speech où il fait bien comprendre qu’il est engagé depuis le printemps dans «une campagne au long cours».

Montebourg égrène les villes moyennes (Périgueux, Niort, Hayange…) qu’il a visitées pendant son «tour de France» du second semestre 2016, et quelques-unes de ses «propositions» formulées depuis son annonce de candidature dans son fief de Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire), fin août. «Pour certains c’est un début, pour moi c’est la dernière ligne droite», lance le candidat, bravache, grand sourire et tapant sur son pupitre siglé tout simplement «Montebourg». «Certains», ce sont ses camarades socialistes Manuel Valls et Vincent Peillon, qui présentent leurs projets respectifs pour la primaire mardi à Paris. Si son entourage s’en défend, on comprend vite que la présence des micros et des caméras ce lundi à son QG sert à préempter le terrain. Ne pas laisser s’installer un duel Valls-Peillon quand, jusqu’à présent, c’est lui qui sur l’affiche de la primaire (22 et 29 janvier) avait le costume du challenger.

«On n’est pas chez Edouard Leclerc, là !»

Alors qu’il a du mal à imprimer ses propositions dans le débat, il veut rappeler que sa candidature existait bien avant le renoncement de François Hollande et qu’il fait preuve, dit-il, de «cohérence» et de «constance» quand certains à gauche lui collent l’étiquette de «girouette». Pas question, dans une campagne si courte (trois semaines avant le premier tour de la primaire) qu’on dise qu’il «présente son programme après» ses deux collègues du gouvernement, alors qu’il s’est lancé dans la bataille l’été dernier (comme Benoît Hamon).

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Montebourg a les images qu’il voulait. Pour le son, il faudra attendre les trois débats télévisés sur lesquels il mise gros (les 12, 15 et 19 janvier). «Je ne suis pas un candidat opposant, je suis un candidat proposant, rétorque-t-il lorsqu’on lui parle de Valls, Peillon ou Hamon. Je ne fais pas de comparateur de prix. On n’est pas chez Edouard Leclerc, là !» Certes… Mais c’est tout de même lui qui attaque son intervention liminaire en expliquant que «le mot de “Blitzkrieg” [«guerre éclair», expression utilisée dernièrement par le camp Valls, ndlr] n’est pas dans son vocabulaire», ou bien qui répond qu’il «est très difficile de faire comprendre pourquoi [l’ex-Premier ministre] veut supprimer le 49.3, alors qu’il vient de l’utiliser six fois».

«Contre le chômage de masse»

Montebourg «rend hommage» ensuite à Peillon, en rappelant qu’il était l’auteur avec lui, en 2000, d’un rapport pour lutter contre les paradis fiscaux. Et s’il estime avoir «beaucoup de convergences avec Benoît Hamon», l’ex-ministre de l’Economie cible son concurrent le plus à gauche dans cette primaire sur sa proposition de «revenu universel pour tous» : si «la question mérite d’être posée», cela «pose un problème de faisabilité». «Comment est-ce qu’il finance tout ça ? poursuit son directeur de campagne, François Kalfon. On augmente la TVA ?» 

La stratégie de rentrée de Montebourg se dessine : épargner – pour l’instant – Peillon pour mieux affirmer ses «désaccords» avec Valls et renvoyer Hamon à sa «pureté», comme on dit dans son entourage, synonyme d’irréalisme. Avant des «vœux aux Français», samedi à Blanzy (Saône-et-Loire), Montebourg va livrer, mercredi, le chiffrage de ses propositions économiques. «Vous aurez un programme contre le chômage de masse comme on n’en a jamais proposé dans une présidentielle», vend Christian Paul, coordinateur général de la campagne. Pour l’expliquer, Montebourg a choisi de se priver de meeting, mis à part une grande salle parisienne le 18 janvier. «On les a déjà faits», tranche le candidat, renvoyant aux pancartes de son «tour de France» accrochées comme des trophées de campagne à l’entrée du QG. «Je préfère les retours sur le terrain, dans la rue», ajoute-t-il, laissant présager le retour de ses «stand-up» sauvages sur les places des centres-ville, qui avaient fait le succès de sa campagne pour la primaire de 2011 (17%).

«Ce sera peut-être différent. On cherche la bonne formule», poursuit-il. Mais à vouloir reprendre la campagne trop vite, Montebourg et son équipe ont oublié de s’assurer de certains détails : sur son organigramme, l’humoriste Guy Bedos est annoncé, comme prévu depuis son voyage avec lui en Algérie en décembre, «président du comité de soutien». Raté : contacté par le Figaro et l’AFP, Bedos dit en avoir «plaisanté avec lui» mais ne pas vouloir de «rôle officiel en politique».

ParLilian Alemagna

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