Sadiq Khan se lance dans une tournée pour rappeler que Londres reste «ouverte au business»

Published 08/02/2017 in Planète

Sadiq Khan se lance dans une tournée pour rappeler que Londres reste «ouverte au business»
Le candidat travailliste à la mairie de Londres, Sadiq Khan, le 7 mai

Brexit

Le maire de Londres a décidé de se rendre dans plusieurs capitales européennes afin «de faire du lobby auprès de leurs gouvernements respectifs pour qu’ils ne se braquent pas sur un brexit dur».

Le maire de Londres Sadiq Khan contre-attaque. Deux jours après la visite à Londres d’une délégation parisienne venue vanter auprès de la City les mérites de Paris post-Brexit, il annonce pour fin mars une grande tournée européenne, dans cinq capitales, Paris, Bruxelles, Madrid, Berlin et Varsovie, pour rappeler que Londres reste «ouverte au business» en dépit du Brexit. La visite aura lieu juste après la notification par le gouvernement britannique de l’article 50 des Traités européens qui enclenchera de fait la sortie de l’Union européenne du Royaume-Uni.

«Londres a besoin de l’accès au marché unique»

Dans le décor magnifique du musée des Transports à Londres, où trônent plusieurs des fameux bus rouge à impériale – que son père conduisait – Sadiq Khan s’est confié à une poignée de journalistes européens, dont Libération«Londres a besoin de l’accès au marché unique et doit pouvoir attirer les talents grâce à la liberté de mouvement», a attaqué franchement le maire travailliste.

Le fait que le gouvernement conservateur de Theresa May ait d’ores et déjà expliqué vouloir quitter le marché unique, voire l’union douanière et limiter la liberté de mouvement est balayé d’un geste. «On peut quitter le marché unique mais en garder l’accès. Londres est la seule région du Royaume-Uni qui a voté pour rester au sein de l’Union européenne, à 60%, elle compte 8,1 millions d’habitants venus du monde entier», assène-t-il avant de détailler : «185 000 Londoniens sont d’origine polonaise, 95 000 française, 60 000 espagnole, 50 000 allemande, ils ont construit leur vie ici, leurs enfants sont nés ici, ils sont des Londoniens et il est inconcevable qu’ils partent».

A moins de deux kilomètres de là, à la Chambre des Communes, pratiquement simultanément, les députés votaient contre un amendement à la loi sur l’article 50 qui aurait garanti aux citoyens européens le droit automatique à rester au Royaume-Uni. Quelques minutes plus tard, ils adoptaient la loi qui sera désormais débattue aux Lords, la chambre haute du parlement, à partir du 20 février, avant d’être probablement adoptée tout début mars.

La tournée des capitales européennes de Sadiq Khan vise à «rappeler que la capitale britannique reste la première destination en matière d’investissements, de commerce et de tourisme». Il refuse de parler de «compétition » avec les autres capitales, «je veux créer des passerelles, faire comprendre à nos amis et partenaires européens qu’un Brexit dur ne sera positif ni pour l’UE, ni pour le Royaume-Uni». Et il ajoute, avec un léger sourire, «sauf le respect que je dois à toutes ces capitales, Londres est le seul centre financier global d’Europe, c’est la meilleure ville d’Europe parce qu’elle attire les talents, que ce soit dans les assurances, dans le secteur juridique, dans la finance, ils adorent tous Londres ! Pourquoi partiraient-ils ?».

Lorsqu’on suggère à cause du Brexit, il réplique : «Je ne peux pas blâmer les maires des autres capitales de venir ici dérouler leur tapis rouge pour attirer les entreprises chez elles, mais, si les business partaient, ils iraient à Singapour ou à Hong Kong, pas à Paris, Francfort ou Madrid… sauf le respect que je dois à ces capitales».

Travail de lobbying

Concrètement, il souhaite «convaincre les maires et autorités des autres capitales de faire du lobby auprès de leurs gouvernements respectifs pour qu’ils ne se braquent pas sur un brexit dur». «Ne sous-estimez pas la capacité de travailler ensemble des maires des grandes capitales», ajoute-t-il.

Au fait que ce soit son gouvernement qui, jusqu’à présent, ait avancé l’idée d’un Brexit dur, il rétorque : «Je fais moi-même mon travail de lobbying auprès du gouvernement, qui, je dois le dire, écoute». Sans pour autant livrer quelle pourrait être la solution au casse-tête brexit pour Londres.

A Bruxelles, Sadiq Khan rencontrera des représentants de l’Union européenne pour souligner encore une fois les mérites et les demandes de Londres dans le cadre des négociations sur le Brexit et «plaidera sur le fait que Londres et les autres capitales européennes doivent désormais travailler de manière encore plus resserrée».

«Nos connections sur le continent sont plus importantes que jamais et, en dépit du Brexit, nous continueront à travailler ensemble pour une mutuelle coopération», conclut-il. Ne reste plus qu’à convaincre Theresa May et son gouvernement.

ParSonia Delesalle-Stolper, Correspondante à Londres

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