Aux Six Nations, la France signe une victoire sans panache face à l’Ecosse

Published 12/02/2017 in Sports

Aux Six Nations, la France signe une victoire sans panache face à l’Ecosse
Guilhelm Guirado évite un placage écossais, dimanche.

Rugby

La victoire des Bleus 22-16 répond à la logique sportive mais n’offre aucune raison d’espérer voir le XV de France jouer un rôle de premier plan lors du tournoi.

Il n’y a pas à dire, on trouvera difficilement mieux que Queen, dont le morceau Don’t Stop Me Now était bombardé dimanche dans la sono du Stade de France, pour galvaniser les troupes dans toutes les enceintes de la planète. D’autant qu’à quelques minutes du coup d’envoi de France-Ecosse, la proverbiale ferveur folklorique du Tournoi des six nations paraissait bien timorée autour du Stade de France, à l’exception de ces supporteurs écossais ayant dûment revêtu leurs kilts et entonnant, en français dans le texte, quelques facétieux «Allez les Bleus».

Supériorité flagrante

Ah ! l’Ecosse. Adversaire autant respecté qu’apprécié pour avoir longtemps assumé, contre son gré, le rôle de dindon de la farce : l’équipe dynamique, créative, presque flamboyante, qui envoie du jeu – comme on dit – fait illusion mais finit toujours, dans la dernière ligne droite, par rendre les armes, la fleur au fusil.

Les choses ont évolué. Tout le monde se souvient de cet extraordinaire match, lors de la dernière Coupe du monde, où seule une bavure du corps arbitral dans le money time empêcha la clique des Highlands de croquer l’ogre australien. Preuve que la prouesse ne relevait pas du malentendu, la même Ecosse, montée en régime depuis que Vern Cotter en a pris les commandes en 2014, a frappé un grand coup en ouverture du Tournoi, il y a huit jours, en donnant une leçon de réalisme à l’Irlande, pourtant intrinsèquement supérieure.

De quoi se sentir pousser des ailes, que le XV de France, fraîchement douché par sa cruelle défaite inaugurale contre l’Angleterre, entendait bien couper, dimanche après-midi, en clôture d’une deuxième journée de Tournoi marquée par un Galles-Angleterre (16-21) d’une intensité exceptionnelle… Les quatre-vingt minutes vécues au Stade de France ont été bien éloignées de ce niveau de jeu. On y a en définitive retrouvé une équipe d’Ecosse conforme à sa stature de beautiful losers : combatifs, entreprenants mais vaincus par plus forts qu’eux. Avec l’excuse d’avoir, entre autres blessés, perdu son stratège Greig Laidlaw dès le milieu de la première mi-temps. Dimanche, la France était la plus forte. C’est en effet grâce à ses avants et à une conquête archidominatrice qu’elle s’est sortie sans panache d’un traquenard dont elle n’a trouvé la solution qu’à l’usure, notamment à travers sa supériorité flagrante en mêlée fermée.

Deux essais pour l’Ecosse, un seul pour la France (signé Gaël Fickou au terme du premier temps fort tricolore, survenu au bout d’une demi-heure). A l’arrivée, un score de 22-16 et quatre points engrangés qui permettent de ne pas sombrer dans la crise mais qui situent aussi la France à un niveau pour le moins moyen. Les Tricolores sont capables de perdre en faisant jeu égal avec des adversaires de haut rang, comme de gagner en grimaçant, chez eux, devant une équipe moins huppée.

Pas de garantie de sérénité

Ne cachant pas son soulagement au coup de sifflet final, le sélectionneur Guy Novès se gardait bien de tout triomphalisme au moment d’analyser un succès placebo. «Sincèrement, nous sortons de trois défaites contre des équipes renommées [l’Australie et la Nouvelle-Zélande lors des test-matchs de novembre, et l’Angleterre à l’entame du Tournoi 2017, ndlr] malgré un contenu de grande qualité. Alors, aujourd’hui, j’ai envie de retenir la victoire, plus particulièrement symbolisée par un bon dernier quart d’heure, là où les fins de matchs nous avaient précédemment été fatales.»

Novès est soulagé : «Il y avait certainement une pression liée au résultat et je suis avant tout profondément heureux pour les joueurs.» En écho, le capitaine, Guilhem Guirado, ne niait pas un «match brouillon, haché», mais insistait sur le «caractère» manifesté par un groupe qui, s’il ne semble plus traumatisé par les funestes années Philippe Saint-André, sélectionneur de 2012 à 2015, n’offre pour autant aucune garantie de sérénité.

La prochaine étape du tournoi, dans quinze jours à Dublin, devrait être autrement révélatrice. L’ogre irlandais, très facilement vainqueur samedi de l’Italie (63-10) affrontera la France, actuelle quatrième au classement. C’est-à-dire à sa place.

ParGilles Renault

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