Macron : «Le renouveau ne sera pas au Trocadéro»

Published 05/03/2017 in elections-presidentielle-legislatives-2017

Macron : «Le renouveau ne sera pas au Trocadéro»
Emmanuel Macron à Caen, samedi.

Reportage

A Caen, Emmanuel Macron a appelé à la «dignité de la vie publique» sans prononcer le nom de François Fillon, mais en condamnant le rassemblement prévu à Paris en soutien du candidat de LR.

On dira ce qu’on voudra, mais avoir un programme, ça aide. Samedi après-midi à Caen, Emmanuel Macron a déroulé le sien avec une efficacité assez bluffante, sans note et la voix égale, loin des envolées filandreuses (ou «mystiques» pour reprendre ses mots) de son début de campagne. Sans le nommer, le candidat a évacué d’entrée le cas Fillon, expliquant que son mouvement ne se joindrait pas au «lynchage» mais n’attaquerait jamais les juges, au nom de «la dignité de la vie publique.» Et d’enchaîner :«La dignité, c’est de ne jamais accepter le mensonge, c’est de ne rien accepter de ce qui déconsidère la fonction politique, la parole donnée, c’est celle qui consiste à protéger nos institutions et l’Etat de droit». Il remettra une couche un peu plus tard : «Le renouveau démocratique, il ne sera pas au Trocadéro. Cela a un nom, une histoire, c’est la réaction», en référence au rassemblement de soutien à François Fillon prévu dimanche après-midi à Paris.

Alors qu’au même moment, à Aubervilliers, l’entourage (ou ce qu’il en reste) du candidat de la droite comptait les sièges vides, les «marcheurs» refoulaient une centaine de personnes faute de place à l’entrée du Parc des expositions de Caen. On a d’ailleurs senti l’équipe de sécurité un brin fébrile, notamment au moment de l’arrivée sur scène du candidat sous les «Macron président!» et sur le tube Praise You («T’encenser» en VF) de Fatboy Slim. Peut-être une conséquence de l’œuf reçu au Salon de l’agriculture.  

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Pour le reste, l’ex-ministre l’Economie a égrené les promesses et mesures annoncées jeudi, s’efforçant de relier les «fils rouges» entre les six différents «chantiers» de sa société «efficace et juste», comme on détaillerait les fonctionnalités d’un nouvel iPhone. Il s’est fait un peu plus lyrique au sujet de la culture française (qui, du coup, existe, mais n’est pas «une» culture française, mais «un fleuve avec de multiples affluents», si l’on a bien compris) et de l’identité. «L’identité française n’est pas plus dans le sang que dans le sol, ni fantasmée. […] Elle est le mariage des valeurs et des ressorts qui lient notre peuple, qui veut toujours être quelque chose d’autre en cherchant à accéder à l’universel», a-t-il théorisé.

Le candidat s’est néanmoins taillé ses plus francs succès parmi les 3000 personnes présentes (selon l’équipe du candidat) avec ses propositions les plus prosaïques, comme sa promesse de supprimer le RSI ou de tailler dans l’effectif des députés et sénateurs dans le cadre de son projet de «moralisation de la vie politique». Après une défense vigoureuse de l’Union Européenne, «seule à même de nous protéger, bien plus que le repli et la fermeture de nos frontières», Emmanuel Macron s’est fait une fois de plus le chantre de la «modernité» et le rempart contre le populisme évoqué plus tôt via le double spectre du Brexit et de Trump. Clignotant à droite en évoquant les «blessés, floués par des hommes qui ont décidé de ne plus prendre leurs responsabilités pour être dignes de la parole publique». Et envers ceux à gauche «qui doutent» et ne veulent pas d’un «projet d’hier». Les partisans d’un «futur désirable» apprécieront. 

ParGuillaume Gendron, à Caen

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