Effondrement dans une tribune au stade d’Amiens: une enquête diligentée

Published 01/10/2017 in Sports

Effondrement dans une tribune au stade d’Amiens: une enquête diligentée
Chute de supporters lillois dans une tribune du stade de la Licorne lors du match Amiens-Lille, le 30 septembre 2017

Foot

Après avoir incriminé les supporteurs lillois, le président du club d’Amiens a fait marche arrière.

Rude image samedi soir au stade de la Licorne d’Amiens, alors que les secouristes de la Croix -Rouge – pas un pompier n’a été aperçu sur place – s’employaient auprès de la cinquantaine de supporteurs lillois tombés d’une tribune après qu’une barrière a cédé à la suite d’un rush des fans fêtant l’ouverture du score de leur équipe: le président du club d’Amiens, Bernard Joannin, s’exonérait de toute responsabilité alors que Philippe de Mester, préfet de la Somme, confessait s’étonner «que l’on cherche des responsables [à la chute collective suite au bris de la barrière, ndlr] partout, sauf chez les supporteurs [de Lille]».

Séquence habituelle

A cet instant, plusieurs de ces supporteurs étaient conduits au CHU d’Amiens où cinq d’entre eux ont été diagnostiqués dans un état grave, 22 autres souffrant, selon les médecins, de blessures légères. Le spectre de Furiani (18 morts et 2 354 blessés, dont certains ont gardé des séquelles à vie, à la suite de la chute d’une tribune du stade bastiais en 1992) flottait alors dans l’air, les deux équipes sont reparties sans finir le match et la course à la défausse est allée bon train, Joannin expliquant «que la barrière était en parfait état», et imputant aux «200 [supporteurs] ultras très énervés stationnés dans le parcage réservé aux Lillois» la responsabilité d’une charge «désordonnée» ayant fait céder la barrière.

Ben, supporter lillois, dans la Voix du Nord : «J’ai eu très peur. On était bien serrés et ça a poussé sur le but mais normal, quoi, comme sur un but. Et soudain, la tribune a cédé et une cinquantaine de supporteurs sont tombés.» Une séquence habituelle : le rush collectif vers l’avant est l’un des attributs des supporteurs les mieux partagés au monde, celui-ci se pratiquant parfois à une tout autre échelle que celle des 500 supporteurs lillois qui avaient fait le déplacement samedi.

Procès à venir des «petits clubs»

Dimanche, sur le site du Courrier picard, le président du club d’Amiens a présenté ses excuses aux Lillois tout en tenant bon sur le fond : «Les diverses commissions de sécurité qui ont inspecté le stade ont validé l’accueil du public. Nous ne l’aurions évidemment pas accueilli sinon.» Ce qui transfère la pression sur la commission de sécurité, voire même sur les normes – solidité, flexibilité de la barrière – exigées pour accueillir une rencontre de Ligue 1. Les instances ont diligenté une enquête dont l’objet portera forcément sur le respect des susdites normes. Le stade de la Licorne a toujours eu mauvaise presse : rouillé deux ans seulement après son inauguration en 1999, vétuste, ouvert aux intempéries et au vent glacial en hiver…

Aucun manquement n’a pourtant jamais été constaté sur le chapitre de la sécurité: faute de stade aux normes ou disponible pour cause de travaux, le Red Star et le RC Lens y ont même trouvé refuge ces deux dernières saisons. On pressent cependant un procès à venir des «petits clubs», largement entamé sur les réseaux sociaux et dans certains médias dès samedi: pas assez armés en infrastructures, condamnés à bricoler… Vivement les conclusions de l’enquête.

ParGrégory Schneider

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