Caroline Garcia, quatre dates pour une saison réussie

Published 12/10/2017 in Sports

Caroline Garcia, quatre dates pour une saison réussie
Caroline Garcia célèbre, dimanche, sa victoire en finale du tournoi de Pékin face à la Roumaine Simona Halep.

Tennis

Neuvième joueuse mondiale depuis dimanche et sa victoire au tournoi de Pékin, Caroline Garcia a obtenu ce jeudi le dernier ticket pour le Masters de Singapour. L’aboutissement d’une montée en puissance.

C’est une première pour une tenniswoman française depuis 2007 : Caroline Garcia disputera le Masters féminin, à Singapour, du 22 au 29 octobre. C’est le forfait de la Britannique Johanna Konta au tournoi de Moscou, qui lui permet de s’adjuger la huitième place de la Race, le classement du circuit féminin sur l’année 2017. Avant elle, il faut remonter à Marion Bartoli, suppléante au Masters en 2011 après avoir été qualifiée directement il y a tout juste dix ans.

C’est une récompense après une année de montée en puissance : naviguant entre la 20e et la 30e place du classement WTA depuis l’été 2016, Garcia a fait un bond ces dernières semaines pour finalement s’arroger la 9place, à 23 ans, après une victoire sur la numéro 1 mondiale Simona Halep (6-3, 7-6 [3]) en finale du tournoi de Pékin dimanche. Retour, en quatre dates, sur une année entre ruptures et confiance retrouvée.

17 janvier : ne pas jouer la Fed Cup, «c’est ma décision et je m’y tiens»

Après sa victoire au troisième tour de l’Open d’Australie, Caroline Garcia est interrogée sur sa décision de ne pas participer à la Fed Cup en 2017 (l’équivalent féminin de la coupe Davis). Après la défaite de la France en finale de l’édition 2016, la joueuse avait annoncé vouloir passer son tour cette fois-ci. Objectif de l’année : se concentrer sur sa carrière personnelle et son classement le simple. Garcia, 24mondiale, campe sur ses positions : «Cette année, j’ai envie de tenter de prendre un autre chemin pour passer un cap.»

La saison a été préparée avec beaucoup d’application : en Floride, Garcia s’est remise de problèmes de dos dus à une année 2016 où elle a accumulé trop de matchs. Pour régler le problème, kiné, renforcement musculaire, et surtout séances de sophrologie et de «visualisation mentale», une nouveauté pour les Garcia. Dans une interview à Tennis Magazine, son père et entraîneur Louis-Paul dévoile le plan d’attaque : «Notre idée aujourd’hui, c’est d’épurer au maximum, enlever le plus de parasites possibles pour garder la quintessence de son jeu.»

10 avril : le «LOLgate», la rupture avec l’équipe de France

A 22h11, Caroline Garcia publie sur Twitter un communiqué, elle ne participera pas au tournoi de Stuttgart en raison de ses douleurs au dos, qui ne l’ont finalement pas quittée depuis le début de la saison. Avec un retour prévu pour mai, elle déclare aussi forfait pour la Fed Cup : Yannick Noah l’avait tout de même convoquée pour le deuxième tour de la compétition malgré ses déclarations de janvier. Moins d’une heure plus tard, ses ex-coéquipières en bleu (Kristina Mladenovic, Pauline Parmentier et Alizé Cornet) tweetent toutes les trois mêmes lettres, symbole de la mésentente qui règne en équipe de France : «LOL».

Un mois auparavant, Kristina Mladenovic avait annoncé que Caroline Garcia ne souhaitait plus participer non plus aux compétitions de double avec elle. Après une défaite en simple au premier tour à Kuala Lumpur contre la 173joueuse mondiale, Garcia a envoyé un simple SMS à sa partenaire, avec qui elle avait remporté Roland-Garros en 2016, pour lui signifier qu’elle se concentrera exclusivement sur sa carrière individuelle cette année.

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7 juin : Roland-Garros, un déclic

Eliminée en quarts de finale par Karolina Pliskova (7-6, 6-4), Caroline Garcia réalise à Roland-Garros le meilleur résultat de sa carrière en Grand Chelem après avoir notamment expédié en deux sets Alizé Cornet, l’une des protagonistes du LOLgate. Désormais 21mondiale, elle confie que les précédentes semaines ont été «le pire moment» de sa carrière «physiquement et humainement». Minée par cette blessure au dos qui va jusqu’à l’empêcher de faire ses lacets, et par les polémiques qui ont suivi sa non-participation à la Fed Cup, elle s’est relevée en partie grâce à une collaboration qui ne sera dévoilée que six mois plus tard. En avril, le clan Garcia a ainsi fait appel au préparateur physique Jérôme Simian, connu pour son travail auprès des médaillés olympiques Kévin Mayer (décathlon) ou Mélina Robert-Michon (lancer du disque).

Avec Simian, «ça bosse super dur», comme il le révèle dans un entretien à l’Equipe mardi. Cela passe par un renforcement technique et physique du haut du corps, et surtout par une entente parfaite entre la joueuse, le préparateur aux méthodes innovantes et le père coach. L’organisation autour de Caroline, selon Simian, a des allures de start-up : «Louis-Paul Garcia a été di­rec­teur des ­ ventes d’une grosse boîte. Il a une pra­tique des ou­tils de ma­na­ge­ment, ap­pli­qué en l’oc­cur­rence à sa ­fille, et moi aus­si ­je ­viens de ça.»

8 octobre : victoire à Pékin et entrée dans le Top Ten

Après la bonne performance de Roland-Garros, tout s’est mis en place : à Wimbledon en juillet, Caroline Garcia est éliminée en huitièmes, avec une balle de match non convertie contre Johanna Konta. Le cercle vertueux s’enclenche, et il faut des adversaires du Top Ten pour l’éliminer des tournois de Bastad, Toronto et Tokyo, en août et septembre. Arrivée 19e mondiale en Chine le 25 septembre pour le début du tournoi de Wuhan, elle en ressort quinze jours et onze victoires plus tard avec deux titres en poche (Pékin et Wuhan, donc) et désormais titulaire de la 9e place au classement WTA. C’est seulement la huitième joueuse française de l’histoire à y parvenir.

«Elle a évolué et est capable de garder son agressivité tout en mixant un petit peu plus son jeu et en allant chercher des zones un tout petit peu moins risquées», note Georges Goven, ex-entraîneur de Mladenovic et Cornet, dans l’Equipe. Andy Murray avait dit de Caroline Garcia en 2011, alors qu’elle inquiétait Maria Sharapova au premier tour de Roland-Garros, qu’elle avait tout d’une future numéro 1. Avec la confiance accumulée et les soucis physiques et extra-sportifs réglés, la voilà en tout cas en bonne position pour aller se mesurer aux meilleures mondiales à Singapour.

ParAdrien Franque

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