Frédéric Michalak va raccrocher les crampons

Published 18/12/2017 in Sports

Frédéric Michalak va raccrocher les crampons
Le Lyonnais Frédéric Michalak botte une pénalité, le 2 décembre 2017 à Toulon

Rugby

L’ancien demi d’ouverture du XV de France a annoncé sa retraite à la fin de la saison

A lui seul il a incarné les contradictions d’un rugby hexagonal qui n’aurait jamais su choisir entre la culture du beau geste (le fameux french flair) et celle de la gagne. Et comme un symbole, la dernière de ses 77 sélections en bleu, remonte à la pire humiliation du XV de France, la branlée contre les All Blacks (62-13) en quart de finale du Mondial 2015. Frédéric Michalak, 35 ans, ouvreur ou demi de mêlée, a annoncé ce lundi matin qu’il raccrochera ses crampons à la fin de la saison. Mais au Bar des sports, on n’a pas fini de débattre: fut-il un surdoué incompris où un doux anachronisme dans un rugby pro réservé aux golgoths. L’ancien du Stade Toulousain, qui a joué aussi pour des clubs sud-africains et à Toulon, a fait part de son choix à la presse ce lundi depuis le centre d’entraînement du Lyon olympique universitaire,  où il évolue actuellement.

«Après une longue réflexion et après une offre du club – je les remercie énormément pour ça – je mettrai un terme à ma carrière à l’issue de cette saison, a-t-il déclaré.  Il me reste encore six mois pour digérer tout ça et préparer mon avenir, il y a énormément de choses à faire dans le milieu du rugby», a dit Michalak, l’un des plus beaux palmarès du rugby français avec trois Grands Chelems (2002, 2004 et 2010) dans le Tournoi des six nations, six Coupes d’Europe (2003, 2005, 2010, 2013, 2014, 2015), trois championnats de France (2001, 2011, 2014).  

«J’ai toujours envie de jouer (…) J’ai toujours cet amour pour ce jeu mais c’est un sport où il faut être à 200% physiquement. J’ai 35 ans et ça commence à être de plus en plus difficile donc je me suis dit que cette année allait être la bonne pour arrêter», a-t-il poursuivi en précisant avoir déjà failli raccrocher au printemps dernier.

Michalak (1,82 m, 87 kg), qui a subi de nombreuses blessures tout au long de sa carrière, a en effet pris de plein fouet l’évolution du rugby beaucoup plus exigeant physiquement qu’à ses débuts fracassants, avec le Stade Toulousain et les Bleus, au début des années 2000. Avec ses amis du centre de formation des Rouge et Noir, Clément Poitrenaud et Nicolas Jeanjean, il a ainsi ouvert grand la porte du vestiaire du club le plus titré en France et en Europe: moins de six mois après ses débuts chez les professionnels, il est l’un des principaux artisans du titre de champion de France 2001, inscrivant quatre pénalités lointaines.

Débuts fracassants

A seulement 18 ans. Sa première sélection internationale viendra à l’automne suivant, et le voilà bombardé petit prodige d’un rugby professionnel français naissant à la recherche d’une star. Belle gueule, bon pied, bon œil, appuis déroutants, accélération de feu et sens du jeu: Michalak, auteur d’une Coupe du monde 2003 étincelante à l’ouverture jusqu’au naufrage sous le déluge de Sydney en demi-finales face aux Anglais (7-24), régale les spectateurs sur le terrain et les publicitaires en dehors. Il est parti pour un long bail en bleu: 77 sélections et trois Coupes du monde (2003, 2007 et 2015) pour au total 436 points inscrits avec le maillot bleu. Jusqu’à la déroute en quarts de finale de la Coupe du monde 2015 face à la Nouvelle-Zélande (13-62), sur la pelouse du Millennium Stadium de Cardiff, qu’il quittera dès la 11e minute, blessé.

Sur un goût d’inachevé, donc, comme un résumé de la deuxième partie de sa carrière avec le XV de France où, au fil des blessures, des changements de postes – demi de mêlée ou d’ouverture? le débat ne sera jamais tranché – et des choix des sélectionneurs, il aura tantôt endossé le costume d’intermittent du spectacle, tantôt celui de sauveur de la patrie.

Entraîner? pourquoi pas

Son histoire avec le Stade Toulousain, son club formateur, aura aussi connu des bas, qui l’auront forcé deux fois, en 2007 et en 2011, à l’exil en Afrique du Sud. Où il glanera une Currie Cup, le relevé championnat local, avec les Sharks, et y rencontrera sa femme. Suivra ensuite le RC Toulon, à l’été 2012, puis donc Lyon en 2016. Et dans six mois? Dirigeant-actionnaire du club de Blagnac (Fédérale 1, 3e division) Michalak exclut de rechausser les crampons pour le club de la banlieue toulousaine. Il pourrait en revanche entraîner: «Ça fait déjà deux ans que je passe des diplômes, je ne me vois pas entraîneur tout de suite, ça c’est sûr. Dans quatre-cinq ans pourquoi pas, mais pour l’instant j’ai plus envie de prendre de la hauteur et de sortir de tout ça.» En attendant, il pourrait prendre une place «dans l’organigramme» du LOU. Pour éventuellement transmettre aux plus jeunes l’expérience accumulée au fil d’une carrière riche de trophées, rebondissements, grandes joies et grosses déceptions.

Par AFP

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