Rugby: pourquoi est-ce le talonneur qui fait les lancers en touche?

Published 11/02/2018 in Sports

Rugby: pourquoi est-ce le talonneur qui fait les lancers en touche?
Aroa Gonzalez, talonneuse de l’équipe d’Espagne, effectue un lancer en touche lors du match contre le Canada, à Saint-Albert (Canada), durant la Coupe du monde féminine, le 4 septembre 2006.

Merci de l’avoir posée

Depuis plusieurs décennies, le numéro 2 a repris un rôle jadis souvent dévolu aux demis de mêlée. Quentin Lespiaucq-Brettes, talonneur évoluant en Top 14 à la Section paloise, nous explique pourquoi son poste a hérité de cette tâche délicate.

Dans un jeu comme le rugby, où l’occupation du terrain est primordiale, la touche joue un rôle fondamental. Au-delà du simple point de vue esthétique, lorsque les alignements parallèles de joueurs élèvent leurs coéquipiers au-dessus de la mêlée, garder la conservation du ballon dépend grandement du lancer. Une tâche difficile qui, depuis quelques dizaines d’années, revient au talonneur. «Dans les années 80, c’était plutôt le demi de mêlée qui lançait sur les touches. Ensuite, avec l’évolution du rugby, on a spécialisé le talonneur comme lanceur de ballon. Et maintenant, c’est une tradition qui s’est gardée», nous explique Quentin Lespiaucq-Brettes, talonneur à la Section paloise qui évolue en Top 14, l’élite du rugby français.

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«En fait, je pense que c’est dû à notre gabarit. On n’est pas les plus grands donc on ne saute pas. On n’est pas non plus les plus costauds donc on ne porte pas.» Le talonneur serait donc inutile dans l’alignement. A la réception, ce sont les deuxième et troisième ligne, généralement plus grands que la moyenne, qui s’emparent et distribuent le ballon. Ils sont eux-mêmes soutenus par les hommes forts de l’équipes, les piliers. «Nous avons un gabarit un peu “bâtard” car c’est un profil intermédiaire au rugby. Du coup, c’est à nous que revient la tâche de lancer le ballon», continue l’ex-international avec l’équipe de France U20.  

Un geste difficile

La remise en jeu doit se faire très droite entre les deux alignements. Pour conserver le bénéfice du ballon, il faut une parfaite synchronisation entre le lanceur et ses coéquipiers. Cela demande donc beaucoup de travail au quotidien. «On passe pas mal de temps sur le terrain à s’entraîner sur le lancer avec les autres talonneurs. Tous les joueurs sautent différemment, il faut donc s’adapter. En plus de s’appliquer sur le lâcher du ballon, le lanceur doit prendre en compte toutes les données qui l’entourent. Elles sont nombreuses et c’est ce qui rend la tâche difficile», développe le Palois. Il y a notamment les conditions climatiques. Le vent, l’humidité peuvent faire dévier le ballon. Et en cas d’échec, le ballon peut être récupéré et la séquence de jeu annihilée. La pression est donc lourde sur les épaules du lanceur.

Pourtant, ce geste si particulier n’est pas travaillé dès le plus jeune âge par les rugbymen en herbe. «Le vrai but de la formation, c’est de faire des joueurs de rugby. C’est qu’à partir d’un certain âge que le joueur se spécialise. A titre personnel, c’était vers mes 16 ans. Je ne connais aucun joueur qui a été formé “au talon” dès l’âge de 12 ans. Cela vient vraiment sur le tard.» 

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ParPierre-Antoine Michel

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