Pourquoi est-ce que les Pays-Bas raflent tout en patinage de vitesse ?

Published 14/02/2018 in Sports

Pourquoi est-ce que les Pays-Bas raflent tout en patinage de vitesse ?
La patineuse néerlandaise Jorien ter Mors lors du 1000 m aux JO, le 14 février 2018 à Gangneung.

Merci de l’avoir posée

Depuis des années, les Néerlandais n’ont pas de rivaux en patinage de vitesse. Une domination qui s’explique par une grande culture du patin dans le pays.

Cinq courses disputées, cinq titres décrochés, sept médailles remportées sur les douze mises en jeu… Les Néerlandais ne font pas de détails en patinage de vitesse sur ces Jeux olympiques de Pyeongchang. Il y a quatre ans, à Sotchi, les Oranje avaient également remporté 23 des 36 médailles mises en jeu. Une véritable razzia. La dernière breloque en date, c’est l’or de Jorien ter Mors, sacrée sur 1000 m ce mercredi alors qu’on ne l’attendait pas. Car en plus, ils gagnent quand ils ne sont pas favoris…

Sport national

Mais alors comment expliquer cette incroyable domination ? Tout simplement parce que le patinage de vitesse est un sport national en Hollande. D’après les chiffres donnés par la fédération nationale de patinage, près d’un habitant sur trois possède sa propre paire de patins. Tous sont à l’affût des températures glaciales qui pourraient geler les canaux et les rivières afin de s’y précipiter. Difficile d’échapper aux retransmissions télévisées des grandes compétitions de patinage de vitesse comme l’expliquait en 2006 Cédric Michaud, un ancien patineur de vitesse français, à Libération : «A la télé, c’est tout le temps – que ce soit le circuit de Coupe du monde [disputé par équipes nationales, ndlr] ou les courses locales. Celles-ci ne sont pas disputées par des clubs, mais par des écuries sponsors comme à vélo. Pour un étranger, il est très difficile de se faire une place dans ces formations privées : les télés préfèrent montrer des types du coin, c’est comme ça.»

Un héritage ancien

Comme aux JO, les Hollandais ne laissent que les miettes aux étrangers. Il faut dire que ce sport, c’est leur sport. C’est aux Pays-Bas que la pratique du patinage est née au XIIIsiècle. Les habitants utilisaient les canaux gelés pour se déplacer d’un village à l’autre à des fins utilitaires. Peu à peu, des compétitions sont organisées. La première compétition connue y aurait eu lieu en 1676. Deux siècles plus tard, en 1889, le pays des tulipes accueille les premiers championnats du monde. Mais la course la plus populaire aux Pays-Bas, c’est sans nul doute l’Elfstedentocht.

Longue de 200 km de glace naturelle, cette épreuve d’endurance rejoint 11 villes de la région de Frise au nord du pays. Du fait de sa rareté (la dernière édition n’a eu lieu qu’en 1997), les champions deviennent de véritables stars, comme le confirmait Cédric Michaud à Libération : «Dans mon équipe, il y a celui qui avait terminé deuxième en 1997 : depuis, le mec ne peut plus mettre les pieds dans un bar. Il a même sorti un disque, pour vous dire

Le poids des infrastructures

Et ces stars ont de quoi travailler. Le pays dispose de 16 anneaux de 400 mètres, indispensables à la pratique du patinage de vitesse. Un chiffre incroyablement élevé quand on sait que les Etats-Unis n’en ont que quatre et la France… aucun. La patinoire la plus célèbre est le Thialf d’Heerenveen. Cette enceinte, souvent considérée comme La Mecque des patineurs, peut accueillir 12 500 supporters déchaînés. L’ambiance qui y règne est comparable à celle des matchs de football.

Et tant que les Néerlandais écraseront la concurrence mondiale, cet engouement devrait continuer. Un cercle vertueux en somme.

ParPierre-Antoine Michel

Print article

Leave a Reply

Please complete required fields