Mort d’un couturier chinois à Aubervilliers : deux jeunes condamnés

Published 19/06/2018 in France

Mort d’un couturier chinois à Aubervilliers : deux jeunes condamnés
Un membre de la communauté chinoise pose des fleurs à côté d’une photo du couturier, Zhang Chaolin, tué lors d’une agression à Aubervilliers, à l’occasion du premier anniversaire de sa mort, le 7 août 2017

justice

Deux jeunes hommes ont été condamnés ce mardi à Bobigny à dix et quatre ans de prison ferme pour l’agression mortelle en 2016 de Chaolin Zhang, en région parisienne.

L’affaire était devenue un symbole du racisme envers les personnes d’origine asiatique en France. Deux jeunes hommes ont été condamnés mardi à Bobigny à dix et quatre ans de prison ferme pour l’agression mortelle en 2016 de Chaolin Zhang, un couturier chinois d’Aubervilliers.

Le premier, alors âgé de 19 ans et qui a reconnu avoir porté le coup ayant entraîné la mort de Chaolin Zhang, a été condamné à dix ans de réclusion. L’avocat général avait requis quinze ans à son encontre. Le deuxième, 17 ans à l’époque, a été condamné à cinq ans de prison, dont quatre ans ferme. Il a bénéficié de «l’excuse de minorité». Huit ans avaient été requis à son encontre.

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Les deux jeunes hommes étaient jugés à huis clos par la cour d’assises des mineurs de Seine-Saint-Denis, pour «vol avec violences ayant entraîné la mort» et, pour un ami de la victime qui avait lui aussi été frappé, une «incapacité totale de travail (ITT) de moins de huit jours». Avec la circonstance aggravante de «racisme».

«Un signal pour les personnes de la communauté asiatique»

Les avocats des parties civiles ont salué la décision de la cour de retenir cette circonstance aggravante. «C’est important pour les victimes et pour les autres victimes des faits du même genre», a déclaré Vincent Fillola, l’un des avocats de la famille. «Ca va être un signal pour les personnes de la communauté chinoise et asiatique en général. L’institution judiciaire a entendu la violence qu’ils subissent au quotidien et prend la pleine mesure de cette violence, basée sur des préjugés racistes», a-t-il ajouté.

Le 7 août 2016, les deux jeunes avaient, avec un troisième, agressé Chaolin Zhang, un père de famille de 49 ans, et son ami, lui aussi d’origine chinoise, pour s’emparer de la sacoche de ce dernier. Victime d’un violent coup de pied au thorax, Chaolin Zhang avait lourdement chuté au sol. Il était mort à l’hôpital quelques jours plus tard. La sacoche de son ami ne contenait en réalité qu’un chargeur de portable et quelques bonbons.

Agressions à répétition 

Après sa mort, des milliers de personnes avaient manifesté dans les rues de Paris et d’Aubervilliers pour dénoncer le «racisme anti-asiatique», des agressions à répétition et réclamer plus de sécurité. Plus de 10 000 personnes originaires de Chine travaillent à Aubervilliers, où se trouve la première plateforme européenne d’import-export de textile. Parfois surnommée le «Sentier chinois», cette commune du nord de Paris est régulièrement le théâtre de vols violents. L’un des accusés a reconnu qu’ils s’en étaient pris à des Chinois, parce qu’ils avaient «entendu dire» qu’ils «avaient de l’argent». 

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Le verdict de la cour va faire «jurisprudence», a assuré Tamara Liu, membre du comité de soutien de Chaolin Zhang. «La prochaine fois qu’il y aura ce genre d’acte, il y aura moins de débat sur le mobile raciste». De leur côté, les avocats des accusés, qui contestaient la circonstance aggravante de racisme, ont regretté une «mauvaise application de la loi». En matière de racisme la «loi est plus exigeante», a dit Philippe-Henry Honegger, avocat du jeune condamné à 10 ans. «Elle prévoit que des paroles ou des actes portant atteinte à la dignité» soient prononcés ou commis, ce qui n’était pas établi dans le dossier selon lui.

Les mis en cause avaient certes des «préjugés» mais pas de «haine envers les asiatiques», a assuré Marlène Viallet, avocate du plus jeune. Ni l’un ni l’autre ne prévoient de faire appel, selon leurs avocats. «On a quand même été entendus», a dit Me Honegger. Pour lui, la cour «a accepté l’idée que personne n’avait voulu tuer» Chaolin Zhang. Après l’énoncé du verdict, le plus jeune a fondu en larmes. «Il m’a dit “Ca veut dire qu’ils croient quand même en moi“», a raconté son avocate.

Par AFP

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