Voici la première photo d’un embryon de planète

Published 04/07/2018 in Sciences

Voici la première photo d’un embryon de planète
C’est la première photo aussi nette d’une planète en cours de formation, autour de l’étoile naine PDS 70.

Astronomie

Dans le disque de poussière qui entoure encore la jeune étoile PDS 70, on distingue un petit astre en formation. C’est l’image la plus nette d’une protoplanète à ce jour, prise par le Very Large Telescope au Chili.

L’étude des exoplanètes (les planètes situées hors de notre système solaire) est une science toute jeune, rendue possible par les progrès technologiques fulgurants de ces dernières années sur nos télescopes. Les premières ont été détectées dans les années 90, et on en comptait une cinquantaine en 2000. Depuis, le compteur a explosé : on approche aujourd’hui des 4 000.

Mais si les astronomes sont très doués pour deviner la présence de planètes lointaines grâce à la variation de luminosité ou les petits mouvements qu’elles infligent à leur étoile, il reste encore difficile de les photographier. Les vraies photos d’exoplanètes se comptent sur les doigts de la main, ou presque. Il faut que la planète soit très grosse, très éloignée de son étoile pour qu’on distingue les deux corps, et que l’appareil photo du télescope puisse corriger les turbulences de notre atmosphère (on appelle ça l’optique adaptative). Les images obtenues sont très rudimentaires :

L’exoplanète HD 131399Ab, au centre de la photo, tourne autour de l’étoile HD 131399A, en haut à gauche. En bas à droite, un système d’étoiles doubles. (Photo ESO/K. Wagner et al.)

Aujourd’hui, c’est une image plus impressionnante encore que dévoile l’ESO, l’observatoire européen austral. Au Chili, l’appareil Sphere qui équipe le Very Large Telescope a permis de photographier une protoplanète, c’est-à-dire un embryon de planète.

Le gros point lumineux à droite du centre de l’image est une planète en cours de formation. Tout autour d’elle, le disque de poussière et de gaz qui entoure la jeune étoile PDS 70. (Photo ESO/A. Müller et al.)

Un instrument appelé coronographe masque le rayonnement intense de l’étoile derrière un disque opaque : c’est le gros rond noir que l’on voit au centre de l’image. Ainsi, on distingue mieux les autres sources de lumière qui entourent le soleil. Comme PDS 70 est une très jeune étoile, elle est encore enveloppée dans un large disque de gaz et de poussière. Et on constate nettement que cette poussière commence à s’agglomérer en un objet sphéroïde. On l’appellera planète quand il aura fini d’agglutiner toute la poussière sur le chemin de son orbite. En attendant, c’est une protoplanète… et c’est la première fois qu’on en photographie une aussi clairement.

La protoplanète «se situe à quelque trois milliards de kilomètres de l’étoile centrale, ce qui équivaut à la distance séparant Uranus du Soleil, nous apprend l’ESO. L’analyse montre que PDS 70b est une géante gazeuse dotée d’une masse supérieure à plusieurs fois la masse de Jupiter. La température de surface de la planète avoisine les 1 000 degrés Celsius, ce qui est largement supérieur à celle de toute planète de notre système solaire». L’analyse du spectre lumineux de la planète laisse penser que son atmosphère est nuageuse.

ParCamille Gévaudan

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