L’islamiste Djamel Beghal expulsé vers l’Algérie, qui va le rejuger

Published 16/07/2018 in France

L’islamiste Djamel Beghal expulsé vers l’Algérie, qui va le rejuger
Croquis d’audience de l’islamiste Djamel Beghal lors de son procès, le 7 octobre 2014 à Paris

JUSTICE

L’islamiste, expulsé vers Alger après 17 ans de détention en France, sera rejugé par la justice de son pays qui l’avait condamné en 2003 par contumace pour «appartenance à un groupe terroriste».

L’islamiste algérien Djamel Beghal a été expulsé ce lundi vers Alger après 17 ans de détention en France et sera rejugé par la justice de son pays qui l’avait condamné en 2003 par contumace pour «appartenance à un groupe terroriste», a annoncé ce lundi l’agence officielle algérienne. 

«Djamel Beghal, condamné en 2003 en Algérie à 20 ans de réclusion pour appartenance à un groupe terroriste, a été remis lundi aux autorités algériennes par les autorités françaises», a indiqué Algérie Presse Service (APS) citant une «source proche du dossier». Djamel Beghal sera «traduit devant les autorités judiciaires» afin d’«être rejugé» pour les faits ayant entraîné cette condamnation, prononcée «par le tribunal criminel d’Alger le 16 février 2003», selon la même source.

Cet islamiste de 52 ans, déchu de la nationalité française, a été expulsé lundi de France après y avoir passé près de 17 ans en prison pour association de malfaiteurs terroriste et pour un projet d’évasion d’un ancien du Groupe islamique armé (GIA) algérien, condamné à la perpétuité pour un attentat à Paris en 1995. Il est devenu une référence pour trois générations d’apprentis jihadistes et est considéré comme le mentor de Chérif Kouachi et d’Amédy Coulibaly, deux des auteurs des attentats de janvier 2015 à Paris.

L’APS affirme également que «les autorités judiciaires algériennes ont tenté en vain de le faire extrader de France». Selon l’agence, le ministère algérien de la Justice a fait parvenir à Paris un dossier détaillant les faits pour lesquels Djamel Beghal avait été condamné en Algérie, afin qu’il soit «jugé pour ces faits sur le territoire français», conformément aux accords judiciaires entre les deux pays. Une demande «restée sans suite de la part des autorités judiciaires françaises», affirme la source citée par l’APS.

Un avocat ayant déjà traité ce genre d’affaires a indiqué à l’AFP sous le couvert de l’anonymat que Djamel Beghal avait probablement été placé en garde à vue à son arrivée à Alger, pour une durée initiale de 48 heures, pouvant être étendue jusqu’à 12 jours en Algérie dans le cadre d’affaires de terrorisme.

Dans le viseur des autorités françaises depuis les années 1990

Djamel Beghal avait été libéré lundi à 05h20 et pris en charge par la police aux frontières. Il a ensuite décollé peu après 10h30 de l’aéroport parisien de Roissy en direction d’Alger, ont indiqué des sources proches du dossier. Les autorités françaises, qui souhaitaient le voir retourner en Algérie, discutaient depuis plusieurs semaines avec Alger des conditions de son retour dans son pays natal qu’il avait quitté à l’âge de 21 ans pour venir en France.

Dans le viseur des autorités françaises depuis le milieu des années 1990, Djamel Beghal a été déclaré expulsable en 2007, deux ans après avoir été condamné à 10 ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste. A Vezin-le-Coquet, en Bretagne, il terminait de purger sa seconde peine de dix ans de prison pour un projet d’évasion en 2010 de Smaïn Aït Ali Belkacem, ancien du Groupe islamique armé algérien (GIA) condamné à perpétuité pour l’attentat à la station RER Musée d’Orsay en 1995 à Paris.

Une dizaine d’années à l’isolement

Les autorités françaises, qui souhaitaient le voir retourner en Algérie, discutaient depuis plusieurs semaines avec Alger des conditions de son retour dans son pays natal qu’il avait quitté à l’âge de 21 ans pour venir en France. Beghal était lui-même favorable à cette option. En juin 2017, il avait lui même déposé une demande de «libération conditionnelle-expulsion» vers l’Algérie, rejetée par la justice française. Cette fois, Djamel Beghal tenait surtout à ne pas se retrouver à nouveau assigné à résidence, ce qui revenait pour lui «à rester privé de liberté d’aller et venir», avait expliqué Me Bérenger Tourné.

Djamel Beghal aura effectué au total près de 17 ans de détention dans les prisons françaises. Il est devenu une référence pour trois générations d’apprentis jihadistes. Condamné en 2005, il avait reconnu, avant de se rétracter en expliquant avoir été torturé par les enquêteurs émiratis, avoir été mandaté par un proche de Ben Laden pour préparer un attentat contre l’ambassade et un centre culturel américains.

C’est à la prison de Fleury-Mérogis, dans la banlieue parisienne, qu’il fait la connaissance des futurs auteurs des tueries de janvier 2015 à Charlie Hebdo et au magasin Hyper Cacher. Selon les enquêteurs, il devient leur «mentor», respecté pour sa «science religieuse». Libéré en 2009, il est assigné à résidence dans le Cantal (centre), en attendant une possible expulsion – à laquelle s’oppose alors la Cour européenne des droits de l’Homme. Des photos le montrent au côté d’Amédy Coulibaly, venu lui rendre visite. Il est à nouveau arrêté en 2010 et a passé au total une dizaine d’années à l’isolement.

Par AFP

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