Amende de 4,3 milliards d’euros, une goutte d’eau dans la vie de Google

Published 24/07/2018 in Futurs

Amende de 4,3 milliards d’euros, une goutte d’eau dans la vie de Google
Sur le «Googleplex», à Menlo Park en Californie, en novembre 2016.

économie

Une semaine après l’amende record infligée par Bruxelles pour abus de position dominante dans les systèmes d’exploitation mobiles, le moteur de recherche a présenté des profits en forte hausse, qui lui permettront de rembourser le montant de la sanction en moins de deux mois.

Une amende record mais une activité qui continue à se porter au mieux. Une semaine après la douloureuse somme de 4,34 milliards d’euros infligée par l’UE pour abus de position dominante, les résultats d’Alphabet, la maison mère de Google, étaient très attendus. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la machine publicitaire, quasi-exclusif moteur de sa croissance, continue de tourner à plein régime. Le bénéfice net a certes reculé de 9,3%, à 3,2 milliards de dollars (2,7 milliard d’euros) au deuxième trimestre, essentiellement à cause de cette sanction. Google va faire appel. En dehors de cette pénalité, le géant de l’Internet n’en dégage pas moins un profit trimestriel de 8,26 milliards de dollars. Presque deux fois le montant de l’amende.

Pub toujours en hausse 

Google continue de compter sur la pub malgré les nouvelles règles en matière de protection des données privées (RGPD) récemment rentrées en vigueur en Europe. Le chiffre d’affaires trimestriel a bondi de 25,5%, à 32,66 milliards de dollars, principalement grâce à une flambée de 24% des recettes publicitaires. Celles-ci s’élèvent au total à 28,08 milliards de dollars. «Nous avons enregistré une nouvelle performance trimestrielle très solide», s’est félicitée la directrice financière, Ruth Porat, selon laquelle les investissements du groupe «procurent de bonnes expériences aux utilisateurs, conduisent à de solides résultats pour les annonceurs et de nouvelles opportunités d’affaires pour Google et Alphabet».

Les coûts d’acquisition des recettes publicitaires (traffic acquisition costs, TAC), élément clé à partir duquel sont appréciées les marges de la multinationale de Mountain View, dans la Silicon Valley, ont continué à augmenter comme lors des trimestres précédents, atteignant 6,42 milliards de dollars. Mais ils ne représentent que 23% des recettes publicitaires de Google contre 22% au deuxième trimestre 2017 et 23,6% au premier trimestre de l’année en cours. La stabilité est de mise. Ces «TAC» correspondent aux sommes reversées par Google à des tiers pour s’assurer par exemple qu’il est le moteur de recherche par défaut des appareils ou systèmes d’exploitation. Ceux-ci «sont inférieurs aux attentes, ce qui est clairement un signe positif», a salué Dan Ives, analyste chez GBH Insights cité par l’AFP, qui s’attendait à une forte hausse de ces coûts avant une modération attendue seulement en fin d’année.

RGPD et Android

L’entreprise doit aussi faire face à de nouveaux risques réglementaires liés à l’action des pouvoirs publics afin d’encadrer davantage l’utilisation des données personnelles. Les mesures prises dans ce cadre sont susceptibles de freiner sa croissance ainsi que celle de son rival Facebook, le modèle économique des deux groupes – à la différence de ceux d’Apple et Amazon – étant fondé sur la monétisation des données des usagers afin de leur envoyer des publicités les plus finement ciblées. Le règlement européen sur la protection des données (RGPD), en vigueur depuis le 25 mai, les oblige désormais à obtenir l’aval des internautes pour collecter leurs données et leur envoyer des publicités ciblées.

«Il est encore un peu trop tôt pour mesurer l’impact de ce gros changement, car c’est aussi un grand bouleversement pour nos partenaires», a confié Sundar Pichai. Selon le cabinet eMarketer, le RGDP pourrait d’ailleurs contribuer à renforcer le duopole Google-Facebook dans la pub sur Internet où les deux groupes attirent à eux deux plus de 56% des investissements des annonceurs.

Cap sur la voiture autonome

D’autres sources potentielles de revenus sont également regardées de près, à l’image des différents produits estampillés Google (enceintes connectées Home, téléphones Pixel), le cloud (stockage et hébergement de données et de logiciels), les outils bureautiques, l’intelligence artificielle et Waymo, la filiale spécialisée dans le développement des technologies pour la voiture autonome. Les revenus des activités comprenant Waymo et la division des sciences Verily ont ainsi augmenté de 49%, mais la perte opérationnelle a été creusée à 732 millions de dollars. Waymo a par ailleurs fait de «gros progrès», a indiqué la directrice financière Ruth Porat, alors que les premiers véhicules autonomes sont attendus sur les routes américaines dès 2019.

Sundar Pichai, qui a indiqué que Google allait faire des annonces dans le secteur très porteur du «cloud», a par ailleurs indiqué que l’entreprise «réfléchissait à trouver une solution afin de préserver les énormes avantages que Android apporte à ses usagers». Dans sa décision rendue publique la semaine dernière, l’UE a indiqué qu’elle donnait 90 jours au groupe pour mettre fin à ses pratiques «illégales» et apporter des correctifs à son système d’exploitation mobile (85% de part de marché dans les smartphones et 1,24 milliard de mobiles vendus en 2017), faute de quoi elle pourrait lui infliger des sanctions financières représentant jusqu’à 5% du chiffre d’affaires moyen journalier et mondial à partir de cette date. Un risque autrement plus conséquent que les 4,34 milliards d’euros d’amende déjà infligés à Google par la Commission européenne.

ParChristophe Alix

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