Nuits des étoiles : Mars, la planète bouge

Published 03/08/2018 in Futurs

Nuits des étoiles : Mars, la planète bouge
Durant l’éclipse du 27 juillet, au Caire. Au centre de la photo, la Lune et Mars en dessous.

Un peu plus près des étoiles

L’événement, organisé ce week-end par l’Association française d’astronomie, sera l’occasion d’observer notre petite sœur à l’œil nu. Elle ne s’était jamais autant rapprochée de la Terre depuis quinze ans.

En voilà une qui ne manque jamais l’occasion de se mettre en avant… Mars était déjà la star de l’été 2012 en accueillant à sa surface le rover américain Curiosity. Mascotte parfaite pour un public friand d’exploration spatiale, le robot et sa bouille de Wall-E furent l’occasion, cette année-là, d’organiser des soirées partout en France pour diffuser les spectaculaires images de l’atterrissage et expliquer la mission du robot (déterminer si Mars fut un jour habitable). Six ans plus tard, rebelote : la «petite sœur de la Terre» est de nouveau à l’honneur des Nuits des étoiles qui ont lieu ce vendredi 3, samedi 4 et dimanche 5 août, quelques jours avant le traditionnel pic d’étoiles filantes. L’actualité martienne 2018 ? Des conditions d’observation exceptionnelles : Mars n’a pas été aussi proche de la Terre depuis quinze ans, et vu la météo de ce week-end, c’est l’occasion rêvée de lever les yeux au ciel et profiter de son éclat écarlate.

Après Mercure, Vénus et la Terre, Mars est la quatrième planète à orbiter autour du Soleil par ordre de proximité. Sa distance avec la Terre varie énormément, de 55 à 400 millions de kilomètres selon leurs positions respectives. Quand les deux planètes sont séparées par le Soleil, Mars nous est invisible et impossible à observer – elle traverse notre ciel en journée seulement, cachée derrière notre étoile éblouissante. Mais quand on la rejoint, tous les deux ans environ, elle est à l’opposé du Soleil par rapport à la Terre et brille intensément au beau milieu de nos nuits noires.

Nuance chromatique

Les planètes sont faciles à repérer sur la voûte céleste : proches de nous et éclairées par le Soleil, elles brillent d’un éclat fixe, contrairement aux étoiles qui scintillent car leur lumière lointaine est troublée par les turbulences de notre atmosphère. En gros : si ça clignote, c’est un avion. Si l’éclat vacille comme une fragile bougie, c’est une étoile. Si la loupiote ne bronche pas, c’est une planète. Reste à trouver laquelle ! La plus lumineuse de toutes, Vénus, suit le coucher du Soleil ou précède son lever selon les jours – elle zone donc, bas sur l’horizon, vers l’est ou ouest dans un ciel rarement noir. En mettant Vénus de côté, c’est souvent la géante Jupiter qui joue au lampadaire, toujours plus brillante que la plus brillante des étoiles. Jupiter paraît blanche dans le ciel nocturne. Une teinte blonde caractérise Saturne, dont la lueur est plus modeste, mais la nuance chromatique nécessite un peu de concentration et peut susciter de longs débats entre observateurs du ciel jouant aux devinettes («Mais si, regarde, elle est clairement jaune !» «Non, pas du tout… Tu dois avoir un filtre sépia dans les yeux»). Si la planète mystère est définitivement orangée, en revanche, plus de doute : c’est Mars. Mais on ne peut s’appuyer sur un critère de magnitude apparente (mesure de la luminosité perçue par nos yeux), car la planète rouge peut être aussi discrète que flamboyante selon sa distance. Depuis début juillet et jusqu’à la mi-septembre environ, exceptionnellement, Mars est plus brillante que Jupiter dans le ciel. Ça vaut le coup d’œil.

Ce rapprochement, que l’on appelle en astronomie une «opposition», offre aussi de rares opportunités à tous les possesseurs de télescopes, des amateurs posant leur lunette dans le jardin aux astrophysiciens téléguidant de grosses machines téléguidées sous des coupoles… Sans oublier le télescope spatial Hubble, qui se fait un plaisir de tirer un nouveau portrait de Mars à chaque opposition. Il n’y a pas besoin de grossir beaucoup l’image du ciel pour que le point rouge devienne un disque et qu’on y décèle quelques détails, comme une zone blanche au niveau des pôles (les calottes de glace), des régions plus sombres et grises, et parfois même des nuages bleutés…

Champ de poussières

A ceci près que Mars subit actuellement une tempête de poussière globale, qui recouvre l’intégralité de la planète. Sur place, le ciel est assombri, et pour les observateurs terriens, la surface est estompée. Mais les aléas de la météo sont compensés par le diamètre apparent de la planète dans l’objectif du télescope, aujourd’hui quatre fois supérieur à ce qu’il était en février. Pour mettre un œil dans l’oculaire des télescopes qu’on ne peut pas s’offrir chez Nature et Découvertes et se voir raconter le ciel par des passionnés, des centaines de manifestations sont organisées ce week-end par les clubs d’astronomie et observatoires qui constellent le pays, et recensées sur le site de l’Association française d’astronomie.

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Sur le sable d’une plage isolée ou dans une chaise longue à la campagne, les Nuits des étoiles restent également l’occasion de se doucher sous la plus grosse pluie d’étoiles filantes, les Perséides. Comme tous les ans, la Terre commence en effet à traverser fin juillet un champ de poussières laissées derrière elle par la comète Swift-Tuttle. Grosses comme des grains de sables, ou au mieux des petits pois, ces particules se consument en pénétrant dans notre atmosphère à 60 kilomètres par seconde. Cette année, les Perséides s’intensifieront jusqu’au dimanche 12 août, nuit la plus intense.

ParCamille Gévaudan

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