L’ado métisse de 90 000 ans et l’étrange aurore violette

Published 26/08/2018 in Sciences

L’ado métisse de 90 000 ans et l’étrange aurore violette
Fragments d’os trouvés en 2012 dans la grotte de Denisova, au sud-ouest de la Sibérie. Ils appartiennent à une fille de 13 ans dont le père était homme de Denisova et la mère néandertalienne.

Science tenante

Cette semaine dans l’actu scientifique, les os fossilisés d’une jeune fille sibérienne révèlent une maman néandertalienne et un papa dénisovien, et le mystère d’un ruban de lumière violette qui n’est pas une aurore boréale.

Les deux actualités scientifiques qui ont retenu notre attention cette semaine.

L’ado avait une maman néandertale et un papa dénisovien

La découverte de fragments d’os ayant appartenu à une adolescente asiatique, il y a 90 000 ans, apporte une nouvelle compréhension du métissage qui s’opérait entre nos ancêtres. Les fossiles ont été retrouvés en 2012 par une équipe internationale qui fouillait la grotte de Denisova, dans les montagnes russes de l’Altaï, au sud-ouest de la Sibérie. On y avait découvert deux ans plus tôt une nouvelle espèce du genre Homo, l’homme de Denisova, qui a légué une part de son patrimoine génétique aux populations inuites actuelles de l’Arctique et de Papouasie.

L’ADN de la jeune fille baptisée «Denisova 11», morte à 13 ans d’une cause inconnue, a été passé au peigne fin par les chercheurs de l’Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionniste de Leipzig, en Allemagne. Ils la suspectaient d’abord d’être une représentante des Dénisoviens… mais l’analyse leur a révélé une belle surprise : l’ado est en fait une métisse, de mère néandertalienne et de père dénisovien. La mère avait plutôt le patrimoine génétique d’une Européenne de l’ouest, et le père avait lui-même la trace d’un ancêtre de Néandertal dans ses gènes. Quel mélange !

Localisation des individus identifiés selon leur espèce : en bleu les Néandertaliens, en rouge les Dénisoviens, en jaune d’autres espèces d’Homo archaïques. (Slon et al, 2018)

«La découverte d’un enfant directement issu d’un couple Néandertal-Denisova parmi le petit nombre de spécimens séquencés à ce jour suggère que le métissage était fréquent quand des groupes d’homininés du pléistocène supérieur se rencontraient», estime l’étude parue ce jeudi dans la revue Nature. Autrement dit, on vient à peine de découvrir l’existence de l’homme de Denisova (on n’a retrouvé, en tout, que trois molaires et un bout de phalange) et voilà qu’on tombe déjà sur des enfants métis. Bien que d’espèces différentes, les Dénisoviens et les Néandertaliens n’avaient donc aucune réticence à se mêler les uns aux autres.

Le métissage de nos ancêtres est un fait connu des paléoanthropologues depuis une dizaine d’années : Homo sapiens et Homo neandertalensis, deux espèces d’homininés distinctes, se sont croisées et ont même copulé, avant que l’homme moderne (Sapiens) ne supplante son cousin il y a 30 000 ans environ. Cette cohabitation de plusieurs dizaines de milliers d’années a d’ailleurs laissé ses traces dans notre ADN puisque 2% de notre génome, hormis pour les populations africaines, est d’origine néandertalienne. Un brassage génétique qui soulève de nombreuses questions : quelle était l’ampleur du métissage entre les populations préhistoriques ? S’agissait-il de simples rencontres d’un soir ou d’amitiés millénaires interespèces ?

«La propagation de l’homme moderne à travers l’Eurasie il y a 60 000 ans a sans doute permis des interactions répétées avec ces populations archaïques à plus grande échelle, avance l’étude. Ce mélange a pu alors conduire à l’absorption partielle des Néandertaliens par les populations de l’homme moderne.» En gros, leur disparition.

Si ce n’est pas une aurore… Qu’est-ce donc ?

Les chasseurs d’aurores boréales les plus passionnés connaissent le phénomène depuis des dizaines d’années : parfois, le ciel est barré d’un long ruban lumineux de couleur rose-violette. Rien à voir avec les vagues vertes des aurores qui dansent dans les régions polaires : cette ligne flamboyante apparaît plus au sud, dans les régions méridionales du Canada. De quoi s’agit-il ? En attendant de le comprendre, les chercheurs en sciences de l’atmosphère lui ont donné un nom : «Steve» (pour «Strong Thermal Emission Velocity Enhancement»). En mars, ils avançaient une première hypothèse : Steve serait une manifestation optique d’un «flux d’ions subauroral», c’est-à-dire des particules chargées électriquement qui proviennent du Soleil et viennent frapper le champ magnétique de la Terre, exactement comme les aurores boréales mais à des latitudes plus basses.

Un «Steve» observé au sud du Canada, en 2015. (Photo Elfiehall, CC BY SA)

Eh bien pas du tout ! Quatre chercheurs ont continué à creuser le sujet et changent d’avis dans une étude parue cette semaine dans les Geophysical Research Letters. Ils ont étudié l’apparition de «Steve» du 28 mars 2008, qui a fourni une belle opportunité : son ruban lumineux a été traversé par le satellite météorologique américain POES‐17, qui a pu le sniffer au passage. Il en ressort que Steve ne peut pas être une aurore boréale, car il est «caractérisé par l’absence de précipitation de particules. Sa lueur pourrait être générée par un mécanisme nouveau dans l’ionosphère et fondamentalement différent des aurores».

Les chercheurs ont désormais deux pistes : une sorte d’«arc rouge auroral stable», une traînée rougeâtre observée à des latitudes moyennes et connue depuis plus de quarante ans, ou bien tout autre «processus inconnu des auteurs qui pourrait produire une précipitation d’électrons en dessous de 800 km». Tout reste à découvrir : n’est-ce pas follement excitant ?

Et aussi…

Pour découvrir ce qu’on pourrait léguer à nos rejetons, on a décidé de faire l’expérience illicite du test ADN. Dans une éprouvette de salive, un labo américain nous a découvert des origines multiples, des caractéristiques étonnamment fidèles pour ensuite s’aventurer sur le terrain sensible de la santé.

Les guêpes sont-elles plus nombreuses cette année ? Cette impression, relayée par plusieurs médias, n’a pas de fondement scientifique. L’entomologiste Quentin Rome nous explique l’importance et les particularités de ces animaux.

Sites de rencontre : comment fonctionne la hiérarchie de la «désirabilité» ? Les utilisateurs de sites de rencontre sont ambitieux. Ils ont tendance à contacter des personnes ayant un profil plus attractif que le leur. Et cette attitude peut s’avérer payante.

ParCamille Gévaudan

Print article

Leave a Reply

Please complete required fields