Procrastination : c’est pas moi, c’est mon cerveau

Published 29/08/2018 in Sciences

Procrastination : c’est pas moi, c’est mon cerveau
Image d’un cerveau réalisée à partir d’un système d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle.

Selon une étude

Vous remettez tout au lendemain : vous pouvez blâmer votre cerveau. Les résultats d’une équipe de chercheurs montrent que la tendance à la procrastination peut s’expliquer anatomiquement.

«Bon, je n’ai pas le courage aujourd’hui, je le ferai demain !». Au travail comme à domicile, la procrastination est un «art» très prisé. Selon une étude OpinionWay commandée par l’entreprise JeChange, chargée justement de lutter contre la procrastination en aidant les Français dans leurs démarches administratives, 49% des sondés procrastinent au minimum une heure chaque jour au travail. A la maison, même refrain. 45% des participants au sondage citent le ménage comme une activité qu’ils remettent systématiquement au lendemain. Sans surprise, les activités sportives sont elles aussi souvent remises à plus tard.

Si tout le monde a déjà remis une action au lendemain, il semble que certaines personnes soient plus enclines à pratiquer ce sport dangereux. Une équipe de chercheurs allemands a voulu comprendre pourquoi. Leurs résultats, publiés dans la revue Psychological Science, montrent que deux zones du cerveau sont impliquées dans cette capacité ou non à faire une action en temps et en heure.

Quelle était la question?

L’amygdale et le cortex cingulaire antérieur sont deux zones du cerveau connues pour être impliquées dans la prise de décision et la réalisation ou non d’une action. L’équipe de chercheurs a donc voulu examiner ces zones du cerveau chez des personnes ayant une tendance à remettre au lendemain mais aussi chez des personnes ayant plutôt pour habitude de prendre les problèmes à bras-le-corps. Le but étant de comprendre si la tendance à la procrastination peut s’expliquer anatomiquement.

Comment les chercheurs ont-ils procédé?

264 volontaires ont participé à l’expérience. Ils ont tout d’abord dû remplir un questionnaire sur leur vie quotidienne mesurant leur tendance à la procrastination. Ensuite, leur cerveau, et notamment les zones décrites plus haut, était observé par imagerie à résonance magnétique (IRM). Pour que leur analyse soit complète, les chercheurs ont aussi fait passer aux volontaires une IRM fonctionnelle qui permet d’observer l’activité cérébrale.

Qu’ont-ils trouvé et à quoi ça sert?

Grâce à leurs observations, les chercheurs ont constaté que l’amygdale était plus grosse chez les personnes ayant tendance à la procrastination. De plus, chez ces mêmes personnes, la connexion entre l’amygdale et le cortex cingulaire antérieur était plus faible, c’est-à-dire que l’activité entre les deux zones était moins importante.

Ces deux découvertes peuvent expliquer l’attitude des procrastinateurs. Le rôle de l’amygdale est principalement de nous avertir des conséquences négatives de différentes actions. Le cortex cingulaire antérieur utilise ces informations pour sélectionner les actions à réaliser. Il s’assure aussi que cette action sera bien menée à terme en supprimant les actions concurrentes et les émotions qui pourraient nous submerger.

«L’amygdale des procrastinateurs étant plus grosse et donc plus développée, ils vont plus avoir tendance à voir les conséquences négatives de leurs actions», expliquent les auteurs de la publication. Avant d’ajouter «de plus, comme leur connexion entre l’amygdale et le cortex cingulaire antérieur est plus faible, le cortex a plus de mal à sélectionner les actions à réaliser et à supprimer les actions ou les émotions concurrentes». La procrastination semble donc pouvoir s’expliquer anatomiquement et fonctionnellement.

Le problème étant identifié, d’autres études seront nécessaires afin de savoir s’il est possible de diminuer cette tendance à tout remettre à plus tard, à l’aide par exemple de la stimulation cérébrale.

ParDonovan Thiebaud

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