Climat : objectif zéro carbone pour l’Union d’ici 2050

Published 30/11/2018 in Planète

Climat : objectif zéro carbone pour l’Union d’ici 2050
Bâtiment de la Commission européenne, à Bruxelles.

Le fil vert

A quelques jours de la COP 24, la Commission a mis sur la table huit scénarios possibles pour accélérer la décarbonisation de l’économie européenne.

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En pleine révolte des «gilets jaunes» français, il n’est pas facile de rappeler que le changement climatique s’accélère, ce qui va impliquer des efforts autrement plus importants pour assurer un avenir à la planète que la simple suppression de la niche fiscale sur le diesel. A quelques jours de l’ouverture de la conférence sur le climat (COP 24) à Katowice, en Pologne, la Commission européenne a néanmoins mis sur la table huit scénarios possibles pour accélérer la décarbonisation de l’économie européenne à l’horizon 2050. Seuls les deux derniers permettraient d’atteindre la «neutralité carbone» (absorber autant de dioxyde de carbone que l’Union en produit). Mais ce sera à la prochaine Commission, qui prendra ses fonctions en novembre 2019 à la suite des élections européennes de mai, de proposer des textes législatifs contraignants après avoir consulté les Etats sur les efforts qu’ils sont prêts à consentir.

Et là, ça risque de coincer. Car seuls dix pays sur les vingt-huit se sont prononcés, à la mi-novembre, en faveur de cette stratégie «zéro carbone» : la France – mais c’était avant les «gilets jaunes» –, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Finlande, le Danemark, la Suède, les Pays-Bas, le Luxembourg et la Slovénie. Les pays fortement dépendants du charbon, dont la Pologne, sont très réticents à de nouveaux efforts. Tout comme l’Allemagne, qui veut protéger son secteur automobile. Ils considèrent que l’Europe a déjà fait beaucoup, ce qui n’est pas faux : elle s’est engagée à réduire de 40 % ses émissions d’ici 2030 (par rapport à 1990) et elle devrait même parvenir à 45 %, soit 60 % en 2050 en prolongeant cette courbe. L’Union a notamment renforcé son système d’échange de quotas d’émissions de carbone, décidé que les économies d’énergie devront atteindre 32,5 % et imposé 32 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique pour 2030. Enfin, les réductions d’émissions de CO2 des véhicules, actuellement en négociation à Bruxelles, devraient se situer entre 35 et 40 %.

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Reste que cela ne suffira pas à contenir l’élévation de la température à 2° C prévue par l’accord de Paris et encore moins à 1,5° C, comme le recommande le dernier rapport du Giec. C’est pour cela que la Commission propose d’aller plus loin. Mais cela coûtera cher, surtout si le scénario «zéro carbone» est retenu : il faudra investir 2,8 % du PIB par an dans les infrastructures pour y parvenir. Mais elle affirme que la transition énergétique permettra un gain de croissance pouvant aller jusqu’à 2 % du PIB de l’UE à l’horizon 2050 et de créer de nouveaux emplois, notamment dans le domaine des énergies renouvelables. En outre, cela réduira la facture des importations d’énergie, limitera les catastrophes climatiques ainsi que les impacts négatifs sur la santé humaine. Des arguments de bon sens qui sont pour l’instant inaudibles : les fins de mois risquent de l’emporter sur la fin du monde, pour paraphraser Nicolas Hulot, d’autant que les premières déterminent les résultats électoraux.

ParJean Quatremer, BRUXELLES (UE), de notre correspondant

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