«La Face cachée de nos assiettes», bilan d’étables des défenseurs des animaux

Published 19/02/2019 in https:2019/02/19/

«La Face cachée de nos assiettes», bilan d’étables des défenseurs des animaux

Le fil vert

Dans un livre paru début février, les fondateurs de l’association L214 passent en revue une décennie de lutte contre la souffrance animale à coup de vidéos chocs.

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Des fanatiques aux «positions utopistes», des manipulateurs destructeurs d’emplois, des «tricheurs», etc. : depuis qu’ils militent pour la cause animale, les fondateurs de L214, une organisation connue pour ses vidéos chocs tournées dans des élevages et des abattoirs, se sont habitués aux mots doux des industriels de la viande. La violence de ces accusations est à l’image de la reconnaissance acquise par la lutte contre la souffrance animale dans le débat public ces dernières années. Née il y a dix ans, l’association animaliste, une soixantaine de salariés à son actif, s’est en effet imposée dans les esprits grâce à des enquêtes médiatiquement redoutables. Jusqu’à inspirer, en 2016, une commission d’enquête parlementaire sur les conditions d’abattage et quelques condamnations pour maltraitance animale. «La cause des animaux n’a jamais autant interpellé l’opinion», s’en réjouissent les fondateurs de L214 Brigitte Gothière et Sébastien Arsac en introduction de la Face cachée de nos assiettes, un livre sur les coulisses de leur combat «pacifique» paru à la mi-février.

«Semi-clandestinité»

Récit clair et documenté de presque 230 pages, leur ouvrage décortique une décennie de lutte d’une poignée d’activistes initiée à la cause animale dès les années 90. Et en premier lieu, leurs modes d’actions, inspirés par la pensée antispéciste du philosophe Peter Singer et l’activisme non-violent d’Henry Spira. Certes, s’infiltrer dans un abattoir pour filmer des dysfonctionnements et autres actes de cruautés se heurte à la «violation de domicile» et oblige à la «semi-clandestinité», défendent les fondateurs de L214 et de Eyes on Animals, une ONG jumelle, mais, face à «des lobbies extrêmement bien organisés», c’est souvent le seul moyen de documenter des pratiques qui, bien que courantes, vont à l’encontre des réglementations en matière de bien-être animal. «Nous ne sommes certainement pas en guerre contre des personnes, mais nous souhaitons que le débat de société autour de la place accordée aux animaux se fasse sur des bases saines, écrivent encore les militants animalistes. Et les prémices à un débat honnête, ce sont des informations claires et transparentes.»

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Pour autant, l’action de L214 ne se résume pas à des vidéos chocs pour dénoncer les conditions d’élevage, d’abattage ou de transports des animaux de ferme. En dix ans d’existence, les fondateurs de l’association, née de l’échec de la lutte contre le gavage et la production de foie gras, ont tour à tour privilégié la filature des camions transportant des bovins sur les routes d’Europe, la pédagogie, en formant par exemple des milliers de gendarmes à l’école nationale de Fontainebleau sur les normes en vigueur pour faire respecter le bien-être animal, mais aussi l’action en justice, quand ils la jugent nécessaire, pour faire condamner des actes de cruauté. Toutes les procédures judiciaires entamées par L214 ne se sont pas, à ce jour, révélées fructueuses. Néanmoins, elles ont permis de reconnaître de faits de souffrance animale de moins en moins tolérés. Pour la cause animale, ce pari des petits pas a donc en partie payé. 

 

ParFlorian Bardou

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